faluche n. f.
〈Nord, Pas-de-Calais〉 "(autrefois) petite galette de pâte à pain, ronde, plate, légèrement gonflée sur les
bords ; (aujourd’hui) petit pain rond et moelleux, très blanc, à peine cuit". La faluche est consommée plus particulièrement au petit déjeuner (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Nord, Pas-de-Calais, 1994, 88.)
1. Connue dans le Nord, les Flandres et en Belgique, la faluche est un petit pain au levain rond, son poids est de 150 à 200 g. […] La vraie faluche reste molle longtemps, et présente un trou majeur à l’intérieur duquel on peut déposer
du beurre, de la cassonade, de la confiture ou autre nourriture. (L. Poilâne, Guide de l’amateur de pain, 1981, 172.)
2. En fin de cuisson, la fermière ramassait les morceaux de pâte à pain restant dans
le pétrin. Elle en faisait des boules qui avaient la taille de la paume de la main,
et les plaçait dans le four. Très vite ces boules gonflaient. C’étaient les « faluches », qu’il fallait sortir très rapidement du four afin qu’elles gardent leur moelleux.
Comme le pain se cuisait le matin, ces faluches étaient consommées tout de suite pour le petit déjeuner. Toutes chaudes, on les ouvrait,
on mettait dedans du beurre et de la cassonnade. C’était absolument délicieux. (Témoignage
recueilli en 1987 aux environs de Cassel [Nord], dans M. Teneur-Van Daele, Au temps des artisans. Métiers oubliés du Nord-Pas de Calais, 1989, 124.)
3. Quand le four était chaud, on poussait la braise, et là, mon père enfournait les « faluches », sortes de galettes plates, un peu plus grandes qu’une main. Ces faluches étaient toujours faites avec la première pâte, elles devaient être « cuites à la flamme », c’est-à-dire le four chaud, soit les braises repoussées ou enlevées ; on plaçait
les faluches sur le côté, puis on enfournait au fond les grands pains […]. Quand tout le pain
était enfourné, les faluches étaient cuites. Papa les ramenait devant et les sortait. Jeanne De Baeker évoque
avec nostalgie ces délicieuses faluches chaudes qu’on ouvrait, dans lesquelles on mettait un peu de beurre et de cassonnade.
(Témoignage recueilli en 1988 auprès de J. De Baeker, boulangère à Steenbecque [Nord],
82 ans, dans M. Teneur-Van Daele, Au temps des artisans. Métiers oubliés du Nord-Pas de Calais, 1989, 128.)
4. […] la patronne de l’Estaminet flamand à Dunkerque […] a reconstitué dans un immeuble d’après-guerre un décor très soigné
où l’on vient boire un verre, manger une faluche ou un plat cuisiné. (« La Flandre au gré de ses estaminets », Le Nord, magazine de tous les Nordistes 136, novembre 1999, Cahier Métropole, 29.)
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
5. […] la faluche qui est un petit pain rond, aplati […]. Sa cuisson demeure très courte[,] de l’ordre
de 5 à 6 minutes. La faluche s’utilise en sandwiches ; c’est une grande spécialité des ouvriers du Nord, qui en
font la matière première principale de leur casse-croûte. (J. Montandon, Le Bon Pain des provinces de France. Histoire et gastronomie, 1979, 117.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. La Faluche est une spécialité du Nord et de la Belgique. Petit pain rond au levain, il est aplati
au rouleau et fariné avant la mise au four. L’astuce, c’est de l’enfermer juste après
la cuisson dans un sac de toile de jute fin. Il ramollit alors considérablement et
demeure mou longtemps. Le trou qu’il présente est ensuite comblé au beurre, à la cassonade
ou à la confiture. (M. Meyer, 100 Questions sur le pain, 1997, 80.)
V. encore ici ex. 2. et 3.
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France.Nord, Pas-de-Calais, 1994, 87-88. Les faluches que l’on trouve dans la grande distribution sont parfois
fourrées de raisins secs ou de pépites de chocolat.
◆◆ commentaire. Caractéristique du français du Nord et du Pas-de-Calais, ce mot d’origine incertaine
est attesté dep. 1856 à Lille (falluiche "pain aplati, cuit à la flamme du four, et qu’on sert au déjeuner après l’avoir fourré
de beurre", FEW) ; il a été obtenu dans quatre points de la région de Lille dans ALPic 426 ‘galette’. Par le canal de la grande distribution, le produit (sinon le mot) connaît une certaine
dérégionalisation ; on relève aussi le dérivé faluchette, qui semble une innovation de la langue commerciale (« 5 faluchettes / fabriquées chaque jour dans notre boulangerie / 300 g », Magasin Auchan, Nancy, 2000).
◇◇ bibliographie. Deparis ColloqueCaen 1975, 38 ; CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix 1992, qui
signale aussi, par jeu de mots : « Une jeune femme qui voulait “parler bien” et éviter le ch qui lui semblait "patoisant" fut envoyée par jeu acheter à la boulangerie des “phallus” » ; aj. à FEW 21, 472b ‘pain’ et 476a ‘gâteau’.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : ("galette plate") Pas-de-Calais, 100 % ; Nord, 75 % ; Aisne, 5 % ; Oise, Somme, 0 %.
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