faute n. f.
〈Loir-et-Cher (sud), Indre, Cher, Allier, Côte-d’Or, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme,
Gard, Ardèche, Auvergne, Limousin〉 usuel faire faute (à qqn) loc. verb. "faire défaut". Stand. manquer.
— [Le sujet désigne une personne] Pauvre famille ! La mère fait bien faute là-dedans (MazaMariac 1992).
1. – Oh ! Assunta, je trouve rien à te dire devant ce gros* malheur, un gros malheur pour nous tous. Il nous fera faute, Toussaint, et pas qu’un peu. (A. Bastiani, Le Pain des jules, 1960, 111.)
2. Au retour des beaux jours, la Nette dut faire appel à des femmes de journée. La Léontine
faisait faute et elle demanda au régisseur de lui trouver une servante […]. (S . Lavisse, Un siècle de vie à l’ombre de Tronçais, 1995, 97.)
— [Le sujet désigne un inanimé]
● [inanimé concret] Tu peux garder ma scie, elle ne me fait pas faute pour le moment (SabourinAubusson 1983). Tu peux pas savoir combien mon petit poste radio me fait faute (MazaMariac 1992). J’ai perdu ma montre, elle me fait bien faute (FréchetMartAin 1998).
● [inanimé abstrait] Ah ! la mémoire lui faisait faute (Cl. Duneton, Le Diable sans porte, 1981, 133.)
3. […] ses soins ne nous ont jamais manqué. Mais les tannées ne nous ont pas fait faute non plus. C’était toujours pour notre bien. (M.-J. Faure-Bouteille, Le Pépé au grenier, 1985, 74.)
● En emploi impersonnel. Je vous l’emprunte, mais il faudrait surtout pas que ça vous fasse faute (Entendu le 5 mars 1999, à St-Michel-l’Observatoire, Haute-Provence).
4. – Et cela [= le fait de ne pas être là] vous ferait faute, peut-être ?
– Ah ! sûr que ça me ferait faute ! répondis-je fortement en avalant ma bouchée de travers. (H. Vincenot, La Billebaude, 1982 [1978], 304.) 5. Sept cents francs, ça va pas nous faire faute ! (Femme née en 1948, à Vienne, Isère, 25 décembre 1998.)
◆◆ commentaire. Cet usage s’explique par le maintien d’un archaïsme du frm. : le tour est attesté
dep. le 16e s. (Calvin, v. Huguet ; 1566 « tu tiens Ta Parole fidele aux tiens, Qui jamais ne fit faute » L. des Masures, qui vécut dans le Nord-Est). Décrit comme tel par Rob 1985 (« vieilli et littér. ») et par TLF (« vieilli » avec des exemples de Sainte-Beuve 1834, de Chateaubriand 1848 et de Claudel 1929)
ou donné comme « littér. » par Lar 2000, il possède néanmoins, dans la seconde moitié du 20e siècle, un caractère diatopique nettement affirmé, son aire actuelle s’articulant
sur la zone d’influence de Lyon (où il est perçu comme régional dès 1894). En revanche,
la locution voisine fr. ne pas se faire faute de "ne pas manquer l’occasion de" ne semble pas limitée diatopiquement.
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 ; VerrOnillAnjou 1908 ; BoillotGrCombe 1929 ; ParizotJarez [1930-40] ;
BonnaudAuv 1976 ; SabourinAubusson 1983 et 1998 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; RobezVincenot
1988 ; MartinPilat 1989 « usuel à partir de 20 ans, connu au-dessous » ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 ; FréchetMartVelay 1993 ; VurpasLyonnais 1993 « bien connu » ; LaloyIsère 1995 ; QuesnelPuy 1996 ; FréchetDrôme, 1997 ; FréchetMartAin 1998 ;
MichelRoanne 1998 « usuel » ; non dégagé dans FEW 3, 389b, fallere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Ardèche, Drôme, Indre, Isère, Loire, Haute-Loire (Velay),
Rhône, 100 % ; Allier, Cantal, Cher, Haute-Loire (nord-ouest), Puy-de-Dôme, 80 % ;
Loir-et-Cher (sud), 30 %. EnqCompl. 1999 : Taux de reconnaissance : Gard, 90 %.
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