grain n. m.
I. 〈Provence, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Aveyron〉 grain d’ail loc. nom. m. vieillissant "tête d’ail". Des carottes et un grain d’ail (Chr. Bernadac, La Cuisine du Comté de Foix et du Couserans, 1982, 48).
1. Je n’ai pas évité le grain d’ail chauffé sous la cendre lorsque mes oreilles étaient affectées par ce maudit courant
d’air. À défaut de grain d’ail, mon conduit auditif était hermétiquement bouché par un tampon de coton trempé dans
l’huile qui frissonnait sur la braise dans une cuiller à soupe où mijotaient trois
fleurs de camomille. (P. Gougaud, L’Œil de la source, 1978, 70.)
2. Alors, quand on avait décidé de les [= bébés] sevrer, on allait chercher une petite
cafetière et on leur faisait la soupette* à l’ail ; on prenait une croûte de pain, on la mettait là avec de l’eau et un grain d’ail, et on le [sic] faisait cuire au coin du feu, doucement, doucement, que ce soit bien cuit, bien
écrasé, et on leur donnait ça avec une petite cuillère. (G. Charuty et al., Gestes d’amont, 1980, 36.)
3. La chose la plus importante de cette pièce à tout faire qu’est la cuisine c’est certainement
la tresse d’ail pendue dont on tire une à une les têtes, l’ail dont chaque « grain » est précieux. […] Les grains d’ail passés à la flamme du feu de Saint-Jean […] préservaient des maladies. (M. Rouanet,
Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 156.)
V. encore s.v. anchoïade, ex. 10.
II. 〈Haute-Bretagne, Centre-Ouest〉 grain d’eau loc. nom. m. ou, par ellipse, grain n. m. usuel "goutte de pluie". Il tombe quelques grains.
4. Qu’il mouille* quelques grains, j’aurai cueilli la morille en avril sous le frêne, la chanterelle dans le bois en
juin. (M. Massian, La Santonine, 1970, 181.)
III. 〈Surtout Hautes-Alpes (Champsaur), Provence, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Haute-Garonne
(Toulouse, vieillissant)〉 grain de sucre loc. nom. m. usuel "morceau de sucre calibré, de forme parallélépipédique"a. Synon. région. pierre* de sucre.
a Il ne s’agit pas de cette lexie, mais d’un syntagme libre, dans l’exemple suivant :
« Et de cette boulangerie s’élèvent les rumeurs, les odeurs […], le bruit rapide du
pain brisé, le froissement du papier où l’on verse les croquants et les craquelins,
la pluie des miettes et des grains de sucre » (P. Gamarra, Les Lèvres de l’été, 1986, 59) ; même cas encore s.v. fougasse, ex. 11 et royaume, ex. 3.
5. […] quelques gouttes d’élixir parégorique sur un grain de sucre […]. (J. Giono, Le Hussard sur le toit, 1951, 23.)
6. […] je monte la bouteille de marc […] et sur un grain de sucre j’y [= je lui] en fais avaler de force et y revient un peu à lui […]. (Th. Monnier,
Madame Roman, 1998 [1957], 154-155.)
7. Lorsque dans la rue, le docteur demandait des nouvelles de la famille à maman, sans
aucune consultation, il répondait « Donnez-lui de l’huile de foie de morue » et sagement nous la prenions. Certes, elle n’était ni agréable, ni appétissante ;
notre mère avait soin de nous donner un grain de sucre qui en effaçait aussitôt le mauvais goût. (É. Gallean, Comment vivaient les familles dans la Haute-Tinée il y a cent ans, 1981, 31.)
— Par ellipse. Combien veux-tu de grains dans ton café ? (BouvierMars 1986).
— sucre en grains loc. nom. m. "sucre en morceaux calibrés". Synon. région. sucre en pierres*. – Achète un kilo de sucre en grains (GermiChampsaur 1996).
◆◆ commentaire. Renvoyant à des référents bien précis et à des sens différents de fr. grain plus ou moins respectivement "fruit, graine, partie arrondie de certaines plantes" et "petit objet de forme sphérique"), ces lexies sont absentes du français des dictionnaires généraux contemporains ;
rares à l’écrit, elles ne sont pas attestées avant le 20e siècle, sauf grain de sucre (1878).
◇◇ bibliographie. (I) MichelCarcassonne 1949, 12 ; SéguyToulouse 1950 ; LangloisSète 1991 ; BoisgontierMidiPyr
1992 ; MoreuxRToulouse 2000 ; aj. à FEW 4, 228a, granum. – (II) VerrOnillAnjou 1908 grain d’eau ; CormeauMauges 1912 ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; BlanWalHBret 1999 « s’emploie surtout quand les gouttes sont bien identifiables, soit parce qu’elles sont
grosses, soit parce qu’il pleut peu » ; FEW 4, 237a, granum. III. ReynierMars 1878 ; BrunMars 1931 ; BouvierMars 1986 ; GuichSavoy 1986 ; LangloisSète
1991 ; ArmanetBRhône 1993 ; GermiChampsaur 1996 « d’une grande vitalité » ; BouisMars 1999 ; MoreuxRToulouse 2000 (vieillissant) ; aj. à FEW 4, 234b, granum.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (I) Haute-Garonne, 100 % ; Tarn, 75 % ; Ariège, Aveyron, 50 % ; Tarn-et-Garonne, 30 % ;
Lot, 0 %. (II) Charente, Vendée, 100 % ; Vienne, 80 % ; Charente-Maritime, Deux-Sèvres, 75 %. (III) Hautes-Alpes, 100 % ; Bouches-du-Rhône, 80 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Var, Vaucluse,
65 % ; Alpes-Maritime, 40 %.
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