jaunotte n. f.
〈Côte-d’Or, Aube, Haute-Marne, Lorraine, Franche-Comté〉 usuel "chanterelle jaune d’or (Cantharellus cibarius), champignon comestible qui pousse sous les feuillus". Stand. girolle. Synon. région. roussotte*. – Jaunottes à la crème ; omelette aux jaunottes. Les champignons (petit gris charbonniers,
jaunottes, pieds bleus, rosés des prés…) (G.-J. Feller, Libre enfant de Favières, 1998, 87). Les mousserons, les jaunottes, les fraises des bois (H. Lesigne, Un garçon d’Est, 1995, 230).
1. […] les jaunottes si faciles à confondre avec les taches d’or du soleil sous la futaie […]. (R. Collin,
Les Bassignots, 1969, 124.)
2. – Si le soleil tient […], dans trois jours il y a des jaunottes.
– C’est trop mouillé. – Pas sous les bois. (B. Clavel, Le Silence des armes, 1992 [1974], 114.) 3. Et en allant aux mousserons, aux morilles, aux jaunottes, aux pieds bleus, suivant la saison […]. (H. Vincenot, La Billebaude, 1978, 230.)
4. La forêt de la Reine (entre Ménil-la-Tour et Boucq [Meurthe-et-Moselle]) a la réputation
d’être généreuse en champignons. La météo particulièrement humide de ce mois de juillet,
entrecoupée de chaleureuses éclaircies fait déjà le bonheur des amateurs de cueillettes
[…]. Ils l’ont tous compris, la saison des cèpes et des jaunottes a bel et bien commencé et promet d’être exceptionnelle. (L’Est républicain, éd. Nancy, 31 juillet 2000, 609.)
— Emploi non-comptable. Fête de la Jaunotte à Jaulny [Meurthe-et-Moselle] (L’Est républicain, éd. Nancy, 6 août 1995, 606).
□ En emploi métalinguistique et autonymique. La jaunotte – nom lorrain de la girolle (L’Est républicain, éd. Nancy, 5 août 2000, 614).
5. – […] Vous allez voir comment les jaunottes vont pousser avec ce temps-là. Sûr qu’elles
vont être en avance, je suis même prêt à parier qu’il y en a déjà […].
– Qu’appelez-vous jaunotte ?… Sans doute un cryptogame ? – Pas du tout ; c’est un champignon, une chanterelle, quoi, si vous aimez mieux, précisa Marcel. (R. Vuillemin, Les Chroniques du « Chat bleu », 1975, 76.) 6. Il cueillait aussi les petits rosés du mois d’août, les gris de sapins et les chanterelles
qu’il appelait, lui, des jaunottes. (M.-Th. Boiteux, Le Secret de Louise, 1996, 172.)
V. encore s.v. roussotte, ex. de Vuillemin.
■ variantes. Avec standardisation du suffixe, jaunette (s.v. ételle, ex. 9).
■ encyclopédie. Recette de « Jaunottes à la crème » dans L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Franche-Comté, 1993, 233.
◆◆ commentaire. Dér. sur fr. jaune, avec le suffixe diminutif ‑otte* (équivalent régional de stand. ‑ette), le mot est attesté en ce sens en français dep. 1822 (« dans quelques lieux de la Champagne » Dict. des sciences naturelles, v. Arveiller RLiR 44, 235). Entré dans les dictionnaires du français avec Besch 1845,
qui le dérégionalise subrepticement (et de là, sans marque diatopique dans Littré
1867 et Lar 1873), absent de GLLF, jaunotte est marqué dans TLF (qui le distingue comme un régionalisme de « Lorraine, Cher, Franche-Comté ») et Rob 1985 « Centre et Est de la France ». Il a aussi été relevé par les glossaires patois du 19e s. (Lorraine) et du 20e s. (Haute-Saône) et par l’ALFC 431, qui montre une aire jaunotte au sud-ouest et au nord-est du domaine, le centre étant occupé par une aire roussotte.
◇◇ bibliographie. DoillonComtois [1926-1936] ; RLiR 42 (1978), 190 ; DuraffHJura 1986 « très usuel » ; RobezVincenot 1988 ; LanherLitLorr 1990 s.v. jauniré ; TavBourg 1991 ; ColinParlComt 1992 ; MartinVosges 1993 ; TamineChampagne 1993 ;
MichelNancy 1994 ; MartinLorr 1995 ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 4, 25b, galbinus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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