oule n. f.
1. 〈Jura, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Gard, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 rural, vieilli "récipient de métal, rond, muni d’un couvercle et généralement d’une anse ou d’oreilles
(et, autrefois, de trois pieds) dans lequel on fait bouillir de l’eau ou cuire des
aliments (synon. marmite) ; pot de terre cuite, parfois vernissé, plus bas que la casserole, destiné à la
cuisson des aliments ; par méton. contenu de l’un ou l’autre de ces récipients". Synon. région. toupin*, toupine*. – La louche, trempée dans l’oule (J. Fléchet, Le Montreur d’ours, 1983, 28).
1. Pour moi, une daube, cela continue de se faire dans une marmite en terre que l’on
enfouit jusqu’à mi-ventre dans la cendre chaude. On la ferme au moyen de papier sulfurisé
que l’on fait adhérer aux rebords de l’oule avec de la colle de farine. (Y. Audouard, Préface à M.-A. Guénais-Vauverts, La Cuisine de Provence Lubéron, 1982, xi.)
2. C’était un effluve prenant de soupe matinale qui sourdait par les portes des cuisines
ouvertes. Le roulement quotidien ne provenait que des oules, ces grosses marmites de fonte que possédait alors chaque ménage. (R. Béteille, Souvenirs d’un enfant du Rouergue, 1984, 45.)
3. […] « l’estoufet » de haricots [= cassoulet], doucement mijotés dans « l’oule » pendant de longues heures sur le bord de la cuisinière. Quelle onctuosité au palais
et quel plaisir pour l’odorat !… (M. Thourel, Vivre à Marengo, 1985, 50.)
4. […] les vieilles « oulles » mises au rancart dans un coin […]. (R. Canac, Vivre ici en Oisans, 1991, 95.)
□ En emploi métalinguistique.
5. J’ai mentionné « l’oule ». Disons pour le profane qu’il s’agissait d’un pot en terre cuite, qui au même titre
que la casserole, de même composition, mais de forme plus basse[,] servait à la cuisson
des aliments. Plus tard, la fonte et l’aluminium les remplaceront, mais la cuisine
méridionale n’y gagnera pas en saveur pour autant. (M. Thourel, Vivre à Marengo, 1985, 50.)
— avoir la tête comme une oule loc. verb. "être plein de préoccupations ; être assourdi par un grand bruit". Synon. région. avoir la tête comme une coucourde*. – Arrête un peu avec ta musique, j’ai la tête comme une oule (MazaMariac1992).
■ remarques. La glose par "marmite" qui, sauf de rares exceptions, tient lieu de définition dans les relevés régionaux,
a été comprise comme "marmite en fonte" et a fait ranger ici ces références.
2. 〈Puy-de-Dôme (Moissat, Thiers)〉 rural, vieilli "pot en grès ou en terre, utilisé pour des denrées alimentaires, en part. cruche ; par méton. contenu de ce récipient". – Il a une belle oule sur sa cheminée (PotteAuvThiers 1993). Une oule de saindoux (J. Anglade, Le Voleur de coloquintes, 1972, 348).
■ variantes. 〈Isère, Ardèche〉 ule. « Les autrefois [voir fois à la nomenclature] on faisait la soupe dans l’ule. Maintenant on y fait pousser des géraniums » (MartinPellMeyrieu 1987).
◆◆ commentaire. Attesté dep. l’afr. (ole, Chrestien de Troyes ca 1180, v. FEW), le mot a pénétré la lexicographie française d’abord sous la forme
olle (Cotgr 1611) puis houle (Fur 1690-Trév 1771) et oule (Trév 1743-1771). Encore accueilli dans DG (« anciennt et dialect. »), il n’appartient plus aujourd’hui au français de référence, mais continue d’être
en usage dans le français de quelques aires de la partie sud de la France, où il est
attesté dep. le mfr. (FEW ; 1420 en Savoie, ChiquartCuisS), et aussi dans les dialectes
(ALLy 730 ; ALJA 1217, surtout Ain et Isère ; ALMC 787). La vitalité du terme est
conforté par son emploi en toponymie, en Provence alpine, pour désigner des « marmites » creusées par les eaux tourbillonnantes des torrents de montagne.
◇◇ bibliographie. ReynierMars 1829 « le terme français est pot » ; PépinGasc 1895 (2) « Quercy » ; Mâcon 1926 ; SéguyToulouse 1950 "pot en terre" ; GermiLucciGap 1985 « chez les patoisants » ; DuraffHJura 1986 « mot souvenir » ; JaffeuxMoissat 1987 s.v. oulo ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; FréchetMartVelay 1993 « globalement connu mais conservant une forte connotation dialectale » ; PotteAuvThiers 1993 "cruche, pot en grès" ; FréchetAnnonay 1995 ; GermiChampsaur 1996 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 ;
MoreuxRToulouse 2000 ; « toute la Provence le connaît parfaitement » comm. de Cl. Martel ; FEW 7, 349b, olla.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Lot, Tarn, 100 % ; Tarn-et-Garonne,
65 %. EnqCompl. 1999. : Taux de reconnaissance : Hérault, 0 %.
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