picodon n. m.
〈Rhône (sud), Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 usuel "fromage de chèvre à pâte sèche, en forme de disque plat de 2 cm environ d’épaisseur
et d’environ 6 cm de diamètre". Picodons durs comme pierre (Th. Bresson, L’Enfant des bords du Rhône, 1990, 135).
1. […] cette Maison des fromages de Quintenas [Ardèche], dont les piliers cylindriques constitués de tambours de pierre
assemblés font penser à des piles de picodons. (Ch. Forot, M. Carlat, Le Feu sous la cendre, t. 2, 1979, 535.)
2. […] les picodons seraient encore meilleurs, parfumés de toutes les herbes de la Saint-Jean que les
chèvres gloutonnes avaient dévorées cet été. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 155.)
3. Nous sommes en 1940, dans un gros bourg de la Drôme nommé Dieulefit, patrie des picodons et des belles faïences rustiques, vieille place forte calviniste, au fond d’un vallon
venteux, sur une petite route en cul-de-sac. (Le Monde Aujourd’hui, 19-20 janvier 1986, viii.)
4. Les picodons d’Ardèche et de la Drôme ont gravi en 1983 le long et difficile sentier qui grimpe
vers le sommet de l’appellation contrôlée […]. (Midi libre, 27 octobre 1998, 17.)
— Emploi non-comptable.
5. […] nous avons à peine goûté les fromages de chèvre, dont l’un, le picodon, avait donné son nom au petit train qui le transportait le long de la vallée du Jabron.
(Pays et gens de France, n° 46, la Drôme, 9 septembre 1982, 20.)
— Au sing. à valeur générique. Le picodon doit être fait uniquement de lait de chèvre, du lait complet (Ch. Forot, Odeurs de forêt et fumets de table, 1987, 289).
6. La fourme*, haut fromage cylindrique, à croûte grise et rugueuse, pâte blanche ou jaunâtre, marbrée
de bleu, grasse, d’un goût vigoureux ; le picodon, petit, rond, étalé, à la croûte jaune ou rougeâtre marquée encore de la paille où
elle a séché, mais quelle pâte onctueuse à couleur de vieil ivoire, au fumet riche
de subtiles harmonies ! (Ch. Forot, M. Carlat, Le Feu sous la cendre, t. 2, 1979, 840.)
7. Le vendredi, jour du marché, les étalages de picodon distillent dans la grand-rue leur fumet caractéristique […]. (P. Perrève, La Burle, 1984 [1981], 187.)
8. Picodon du Haut-Vivarais, Fromage de chèvre, 45 % matières grasses, Poids net 40 g. à l’unité.
Fabriqué par Fromagerie P. Girard, Saint-Clair – 07430 ANNONAY (Étiquette placée sur
ledit fromage en 1993.)
V. encore s.v. artison, ex. 8 ; tomme, ex. 1.
— 〈Ardèche (nord), Drôme〉 peser des picodons loc. verb. fam. "somnoler assis, en ayant la tête qui alternativement s’incline et se redresse". Il a pesé des picodons pendant toute la réunion (FréchetMartVelay 1993).
■ graphie. La graphie usuelle, sous laquelle le fromage est aujourd’hui commercialisé, est picodon.
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Rhône-Alpes, 1995, 364-366 ; Encyclopédie des fromages, 1997, 170-171.
◆◆ commentaire. Historiquement caractéristique d’une aire continue, notamment dans les départements
contigus de la Drôme et de l’Ardèche, le terme est en cours de dérégionalisation par
la voie du commerce, qui le diffuse aujourd’hui en même temps que le produit. Attesté
en français dep. 1793 (« Fromage, dit picaudon, de pays, la livre, 1 l. 5 s. » Tableau du Maximum, District de Montélimar, Département de la Drôme)a ; 1851 (« Les Tonils […]. On y fait d’exceflens [sic] fromages appelés picodons », Annuaire du département de la Drôme pour 1850, Valence, 181 ; cf. Alpes Magazine, n° 57, mai-juin 1999, 70) ; 1874 (« Les picodons fabriqués aux Tonils, dans le canton de Bourdeaux [Drôme] sont très-estimés » Primes d’honneur, 711), picodon est un emprunt, avec adaptation phonétique, à l’occ. picooudou (BoissierDie 1873 ; cf. ALF 613, ALLy 400, ALMC 1102). Enregistré par LittréSuppl
(avec référence aux Primes d’honneur de 1874), le terme est absent des principaux dictionnaires contemporains et de la
base Frantext.
a Datation aimablement communiquée par M. et Ph. Hyman.
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 picaudon ; LarGastr 1938 picodon de Dieulefit ; MédélicePrivas 1981 « très courant » ; TuaillonRézRégion 1983 (Ardèche) ; MazaMariac 1992 picaudon « sans doute entré dans le français commercial d’une grande partie de la France » ; FréchetMartVelay 1993 "mot de l’extrémité est" ; VurpasLyonnais 1993 picaudon, picodon « bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; SalmonLyon 1995 signale les var. picaudon, piccodon ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; QuesnelPuy 1999 ; FEW 8, 465b, *pikkare.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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