ponne n. f.
〈Centre-Ouest, Maine-et-Loire〉 vieillissant "cuve creusée directement dans un bloc de pierre calcaire ou faite en terre cuite,
autrefois utilisée pour la lessive".
1. Maintenant, les « ponnes » se remplissent de géraniums pour la décoration des jardins. (Témoignage concernant
la Vienne, dans Aguiaine 10, 1976, 377.)
□ Avec ou dans un commentaire métalinguistique incident.
2. Dans la buanderie, il y avait une grande cuve taillée dans la pierre calcaire pouvant
contenir cinq cents litres et que nous appelions la ponne. (M. Mathé, Les Sentiers d’eau. Souvenirs du Marais poitevin, 1978, 110.)
3. La buanderie était généralement dans les fournils. Pas loin du four, trônaient deux
vastes cuveaux de pierre appelés ponnes. (M. Gurgand, Nous n’irons plus au bois, 1979, 182.)
4. Imaginez l’installation [pour la lessive annuelle d’autrefois] : deux cuves de pierre,
des « ponnes », taillées dans un seul bloc, contenant chacune 500 litres, installées sur deux plates-formes
hautes d’un mètre. (G. Delaunay, Le Petit Chouan, 1985, 177.)
5. […] la « ponne » (grande et grosse poterie de terre cuite, que je n’ai personnellement connue que
sous sa forme « retraitée » de réservoir à grains). (PénardCharentes 1993, 40.)
6. Il [un potier] reprend le modèle traditionnel de la pone [sic], une pièce traditionnelle de l’Ouest de la France qui servait à faire la lessive
[…]. Transposées au jardin, ces pièces peuvent accueillir des compositions de plantes
variées ou rester vides pour faire admirer leurs formes. (L’Ami des jardins et de la maison, avril 1995, 14.)
7. […] une cuve d’argile ventrue que nous appelions « une ponne ». Placée sous la dalle*, elle servait à recueillir l’eau de pluie. (P. Bourigault, Le Café de l’église, 1999, 151.)
◆◆ commentaire. Type lexical d’origine inconnue, caractéristique principalement du Poitou où il est
attesté en français dep. 1378 à Champ-Saint-Père [Vendée] (« une buye verde godronnee et une ponne de buee », cité par B. Fillon, L’Art de terre chez les Poitevins, Niort, L. Clouzot, 1864, 49) et 1456 à Jaunay [Vienne] (« les ponnes ou l’en fait la buhee ou lessive » AHP 35, 1906, 12). Le mot est absent des dictionnaires généraux du français. Son
emploi dans les exmples ci-dessus, toujours accompagné d’un commentaire métalinguistique,
est caractéristique d’un terme qui tombe en désuétude et dont le référent, lorsqu’il
subsiste, est détourné de sa destination première (ex. 1, 5-7).
◇◇ bibliographie. BoulangerConfolentais (attestations des 17e et 18e siècles) ; JaubertCentre 1864 pône « sur les bords de la Creuse » ; ClouzotNiort 1907-1923 ; VerrOnillAnjou 1908 ; MussetAunSaint 1938 ; RézeauOuest
1984 et 1990 ; PénardCharentes 1993 ; ALO 802 ; FEW 23, 55b ‘cuve à lessive’.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne, 100 % ;
Vendée, 50 %.
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