poutouner v. tr.
〈Drôme, Gard, Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne,
Lot, Aveyron, Lozère, Ardèche, Haute-Loire, Puy-de-Dôme, Dordogne, Lot-et-Garonne,
Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 fam. ou pop. "baiser, embrasser ; couvrir de baisers".
1. Il la [sa belle-sœur] prend dans ses bras […]. Il la poutoune à la bonne franquette […]. (J.-P. Chabrol, La Gueuse, 1966, 417.)
2. Depuis Clermont-Ferrand, le train s’arrêtait souvent et Olivier lisait en rouge sur
les plaques blanches : Le Saut-du-Loup, Brassac, Arvant… Sur les quais des gares,
les voyageurs arrivés à destination, en bons Auvergnats de Paris, poutounaient des femmes en coiffe, des vieux en casquette, qui les accueillaient avec des mines
réjouies. (R. Sabatier, Les Noisettes sauvages, 1983 [1974], 13.)
3. […] elle est passée nous « poutouner » hier soir […] ! (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 84.)
— Emploi pron. réciproque. Ces jeunes n’arrêtent pas de se poutouner (FréchetDrôme 1997). Ma sœur et son fiancé n’arrêtent pas de se poutouner (MédélicePrivas 1981).
4. En ce jour [du nouvel an], où l’on se poutoune en veux-tu en voilà, en se souhaitant un tas de douces choses […]. (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 167.)
■ variantes. 〈Ardèche (Mariac)〉 poutougner. En emploi pron. réciproque « Ces jeunes de maintenant, ça se poutougne partout, dans les cars comme ailleurs » (MazaMariac 1992).
■ remarques. 〈Provence (peu usuel), Gard, Haute-Garonne (Toulouse), Hérault, Aude, Pyrénées-Orientales, Lozère〉 poutounéjer fam. ou pop. "id.". « Eh* bé, qu’est-ce qu’il la poutounèje, sa gonzesse ! » (MoreuxRToulouse 2000). Emploi pron. réciproque. « Au ciné, au fond, ça se poutounèje dur » (NouvelAveyr 1978) ; « Quand un garçon t’embrassait sur la joue, il semblait que tu commettais un crime,
alors que maintenant tout le monde se poutounèje… On passait toute notre jeunesse sans s’embrasser » (Janette, dans R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, 1998, 154).
◇◇ SéguyToulouse 1950 « toujours péjoratif » ; NouvelAveyr 1978 « très courant » ; BoisgontierMidiPyr 1992 « très usuel dans le registre familier » ; PolverelLozère 1994 ; MazodierAlès 1996 ; MoreuxRToulouse 2000 ; SuireBordeaux 2000. Var. 〈Hérault (Sète)〉 poutounécher (CovèsSète 1995). △△ EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Lozère, 100 % ; Hérault, Pyrénées-Orientales, 80 % ; Gard, 55 %. ◆◆ commentaire. Emprunt récent à l’occ. poutouná (dep. 1866a poutonner ; 1884 poutouner, A. Giron, La Béate, v. ChaurandParlers 1992 2, 478). Les différentes formes du verbe sont absentes des
dictionnaires généraux contemporains sauf de Rob 1985, qui retient poutouner (citant Sabatier, ci-dessus ex. 2).
a FEW donne le mot comme présent chez Mme de Sévigné, sur la foi du lexique de l’éd. des Lettres de Mme de Sévigné par Monmerqué [1866, t. 14, 186, lettres des 21 juillet et 15 octobre 1677] ; mais
il ne s’agit là que d’une conjecture, face à une lecture difficile. La récente édition
de la Correspondance, établie par R. Duchêne, Paris, 1974, p. 496, n. 2, retient la leçon patronner et en donne une explication fort satisfaisante. On retiendra donc la date de 1866
(Monmerqué) comme première attestation sûre de poutonner.
◇◇ bibliographie. BigayThiers 1941 ; RLiR 42 (1978), 181 (Ardèche) ; MédélicePrivas 1981 « nuance possible […] d’agacement » ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 « partout » ; CampsRoussillon 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 « très usuel dans le registre familier » ; FréchetMartVelay 1993 se poutouner « globalement bien connu » ; PotteAuvThiers 1993 ; FréchetAnnonay 1995 se poutouner « globalement attesté » ; FréchetDrôme 1997 se poutouner « globalement connu » ; FEW 9, 261a, *pott-.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (poutouner et poutounéjer réunis) Ariège, Aveyron, Haute-Garonne, Lot, Tarn, Tarn-et-Garonne, 100 %.
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