rousquille (aussi rosquille) n. f.
〈Surtout Pyrénées-Orientales〉 usuel "gâteau sec en forme d’anneau ou de 8, revêtu d’un épais glaçage blanc". Des rousquilles au sucre-glace (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 151).
1. Puis Noël arrive avec son cortège de pâtisseries, parmi lesquelles bon nombre de spécialités
spécifiquement roussillonnaises. Il y a les tourons* de miel et d’amandes sous leur blanche enveloppe de pain azyme et surtout, fondantes
et craquantes à la fois, immaculées dans leur habit de noce comme une fleur de neige
immobilisée dans la vitrine du pâtissier, les rosquilles venues du Vallespir. (Y. Hoffmann, « Une gastronomie de soleil », dans Les Vins du Roussillon, 1980, 121.)
2. La recette des rousquilles ou « rosquilles » [de Perpignan] aurait été rapportée des croisades par Gaston de Foix. Répandues dans
le Roussillon et le Béarn, elles peuvent […] prendre la forme d’un 8, comme les bretzels*. (Femme actuelle, n° 215, 7 novembre 1988, 72.)
3. Rien ne semble avoir changé depuis des années dans cette pâtisserie [à Arles-sur-Tech,
Pyrénées-Orientales], surtout pas la recette jalousement gardée des célèbres rousquilles. (Pyrénées-Magazine, n° 71, septembre-octobre 2000, 89.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
4. À Arles-sur-Tech [Pyrénées-Orientales], on vous proposera des rosquilles (les rousquilles) qui sont des biscuits de pâte moelleuse très sucrée. (R.-J. Courtine, La Cuisine des terroirs, 1989, 504.)
V. encore ici ex. 5.
— Au sing. à valeur générique.
5. En Languedoc-Roussillon, la tradition de la rousquille est particulièrement associée à la région de Vallespir et, d’après une tradition
locale, c’est Robert Séguela, d’Amélie-les-Bains, qui est considéré comme le créateur
des rousquilles « modernes ». (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 145-146.)
6. La rousquille / […] La recette de la rousquille a pour berceau le Vallespir et les rois de Majorque en étaient déjà friands. […]
Ce biscuit fondant – obtenu à partir d’œufs montés en neige, parfumé aux essences
de citron et d’anis – est couvert d’une pellicule de sucre glace. Sa forme d’anneau
invite à le prendre entre les doigts avant de le porter à la bouche […]. (Le Monde, Supplément, 13 juillet 2000, XV.)
□ Dans un énoncé définitoire ordinaire.
7. Grande spécialité de la maison [à Arles-sur-Tech, Pyrénées-Orientales], la rousquille est une petite couronne de génoise aromatisée au citron et glacée au sucre. (É. de
Meurville & M. Creignou, Le Guide des gourmands 1991, 1990, 330.)
■ remarques. rosquille (ci-dessus ex. 1, 2, 4) reproduit la graphie catalane rosquilla.
■ prononciation. Parfois avec prononciation palatale de ll (CampsRoussillon 1991).
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Aquitaine, 1997, 107-108 ; id. Languedoc-Roussillon, 1998, 145-147.
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1913 en référence au Roussillon (« Croquets, Croquants ou Rousquilles (biscuits aux amandes) » Edmond Richardin, L’Art du bien manger, d’après L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 145), 1920 en référence au Béarn (« On fait grand cas à Oloron d’un gâteau sec appelé rousquille et qui semble particulier à la région » S. Palay, La Cuisine en Béarn, 1920, 68, dans HöflerRézArtCulin) ; depuis quelques années, le terme est en voie
de dérégionalisation en même temps que le référent (la grande distribution vend à
travers la France des rousquilles, hélas industrielles et moins prometteuses que ne
l’indique leur publicité). Double emprunt, d’une part au béarnais rousquilhe, de même sens (att. en 1887 dans Lespy/Raymond ; FEW 10, 487a-b, *rosicare ; J.-P. Chambon, RLiR 58, 347), d’autre part au cat. rosquilla (dep. le 17e siècle, CoromCat 7, 467), eux-mêmes tous les deux empruntés à l’esp. rosquilla (dep. Nebrija, Corom 5, 76). Le mot n’est pas pris en compte par la lexicographie
du français.
◇◇ bibliographie. CampsRoussillon 1991 ; aj. à FEW, loc. cit.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Pyrénées-Orientales, 100 %.
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