sous-tasse n. f.
〈Nord, Pas-de-Calais, Picardie, Champagne, Ardennes, Lorraine, Haut Jura, Haute-Savoie,
Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes, Provence, Languedoc, Lozère,
Ardèche, Haute-Loire, Pyrénées-Atlantiques〉 usuel "petite assiette destinée à être placée sous une tasse assortie (pour recueillir le
liquide qui pourrait s’en écouler, pour y déposer sa cuillère, etc.)". Stand. soucoupe. – La moitié du liquide dans la sous-tasse (L. Fouchet, Château en Champagne, 1999 [1997], 260).
1. Sa tasse de chocolat tremble sur la sous-tasse. (San-Antonio, La Rate au court-bouillon, 1969 [1965], 26.)
2. La table céda sous notre poids. Adieu assiettes, tasses, sous-tasses, sucrier, compotier, pot-à-lait et dessous-de-plat en verre… Ma mère, heureusement,
avait de la réserve. (G. Mordillat, Vive la Sociale !, 1981, 127.)
3. […] une jolie nappe garnissait la table, avec tasses et sous-tasses […]. (L. Vanderwielen, Lise du plat pays, 1983, 59.)
4. Elle prenait une casserole minuscule, y versait du lait, du café, cherchait une tasse
dans le buffet, une sous-tasse, du sucre et elle parlait. (M. Rouanet, Je ne dois pas toucher les choses du jardin, 1993, 94.)
5. […] un ramassis de choses étranges comme deux bouts de ficelle jaune, une lame de
couteau, un vieux chaudron troué et deux tasses à café venues de Chine avec une seule
sous-tasse. (J.-Cl. Libourel, Antonin Maillefer, 1997 [1996], 182.)
6. […] il a vacillé en essayant de prendre appui sur le comptoir puis s’est écroulé en
basculant à la renverse sur une pyramide de tasses à café en promotion – d’habitude,
tu gagnes une tasse à café pour dix points-bonus et pour huit points la sous-tasse qui va avec, mais là c’était douze points-bonus pour la tasse et la sous-tasse […]. (Ph. Carrese, Pet de mouche et la princesse du désert, 1997, 49.)
V. encore s.v. merveille, ex. 8.
— ouvrir les yeux comme des sous-tasses loc. verb. "écarquiller les yeux en signe d’étonnement" (sur le modèle de faire, ouvrir des yeux grands comme des soucoupes "écarquiller les yeux" TLF s.v. soucoupe A 2 c).
7. – Madame Peysson, connaissez-vous « Lysistrata » ?…
– Qui ça ?… – « Lysistrata »… C’est une pièce de théâtre qui eut beaucoup de succès avant l’autre guerre… Ça se passe chez les Grecs, dans l’Antiquité… Elle ouvre les yeux comme des sous-tasses : – Et alors ? (M.-É. Grancher, Motel meublé, 1963, 206.) ◆◆ commentaire. Attesté en France dep. 1768 (d’après Féraud ; 1889 Le Petit Toulousain illustré, 23 mai, dans MoreuxRToulouse), en Belgique dep. 1806 (v. PohlBelg 1950) et en Suisse
dep. 1824 (DeveleyVaud). Hav 1890a (d’où FEW) semble avoir rencontré le mot dans un texte du 17e s., mais ne fournit aucune référence textuelle. Composé transparent, de formation
française, bien attesté dans deux zones latérales et très éloignées l’une de l’autre :
d’une part le nord et le nord-est (en contiguïté avec la Belgique), d’autre part tout
le quart sud-est de la France (en contiguïté avec la Suisse) et de Languedoc. Les
enquêtes 1994-96 ont révélé que le mot était reconnu par plus de 75 % des témoins
dans le Nord et la Picardie, dans la région Rhône-Alpes (sauf Savoie), dans les Alpes
maritimes, en Provence et dans le Languedoc, et par plus de 50 % des témoins en Haute-Savoie
et en Savoie. Des attestations ont aussi été relevées dans la première moitié du siècle
en Saône-et-Loire (Mâcon 1903-1926) et dans le Doubs (Grand’Combe 1929), et beaucoup
plus récemment dans le Haut Jura (Morez 1995), en Isère (Villeneuve-de-Marc 1993),
en Haute-Garonne (MoreuxRToulouse 2000), en Ardèche (Annonay 1995), en Haute-Loire
(Velay 1993) et dans les Pyrénées-Atlantiques (comm. de B. Moreux). Le mot est d’un
emploi très courant en Belgique (PohlBelg 1950 ; MassionBelg 1987) et en Suisse (Pierreh ;
Lengert 1994 ; DSR 1997). – La lexicographie générale donne parfois le mot sans aucune
marque diatopique (cf. RobSuppl 1970 ; GLLF ; Lar 2000), ou signale son existence
en Belgique et en Suisse mais ne rend pas explicitement compte de l’usage régional
français : Alpha 1982 « régional. romand et belge » ; Rob 1985 « courant en Belgique […] et en Suisse » ; TLF « région. (surtout en Belgique et en Suisse) », avec des exemples de E. Triolet et de R. Queneau, qui témoignent sans doute d’une
certaine dérégionalisation (v. encore en ce sens J. Joffo, Un sac de billes, 1982 [1973], 227) ; NPR 1993-2000 « région. ; courant en Belgique et en Suisse ».
a Rob 1985 donne Hav 1890 comme première attestation, mais cette source ne présente
le mot que comme terme d’histoire (« Nom donné, au xviie siècle, à la petite assiette que nous appelons aujourd’hui Soucoupe »).
◇◇ bibliographie. PuitspeluLyon 1894 ; Mâcon 1903-1926 ; VachetLyon 1907 « plus employé autrefois qu’aujourd’hui » ; BoillotGrCombe 1929, 282 ; DauzatHLF, 560 ; MiègeLyon 1937 « employé à égalité avec soucoupe » ; SéguyToulouse 1950 ; DuprazSaxel 1975, 194 ; JamotChaponost 1975, 58 ; EspallBernisToulouse
1979 ; ArmanetVienne 1989 ; CartonPouletNord 1991 « Artois, Avesnois, Flandres ; on emploie peu soucoupe dans ce sens » ; BoisgontierMidiPyr 1992 « général dans tout le Sud-Ouest » ; FréchetMartVelay 1993 « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; LaloyIsère 1995 ; RobezMorez 1995 « usuel » ; SalmonLyon 1995 ; CottetLyon 1996 « très usité » ; DSR 1997 ; FréchetDrôme 1997 « usuel » ; FréchetMartAin 1998 « usuel à partir de 20 ans » ; LeboucBelg 1998 ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 19, 186a, t̟assa.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Hautes-Alpes, Alpes-Maritimes, Ardèche, Ariège, Aude,
Aveyron, Drôme, Haute-Garonne, Hérault, Loire, Haute-Loire (Velay), Lot, Lozère, Nord,
Oise, Pas-de-Calais, Rhône, Somme, Tarn, Tarn-et-Garonne, 100 % ; Aisne, Gard, 90 % ;
Bouches-du-Rhône, Isère, 80 % ; Var, Vaucluse, 65 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Savoie
et Haute-Savoie, 50 %.
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