suisse n. m.
I. 〈Territoire-de-Belfort〉 "brioche en forme de couronne, fourrée de crème de noisette ou/et d’amandes, et nappée
d’un glaçage à l’alcool". Brioche parisienne / Suisse / Chinois* / Kouglof (Carte des spécialités d’une pâtisserie de Belfort, 1994).
1. Valdoie [Territoire-de-Belfort] ressemble à tous les bourgs de France : une place
centrale avec une grande maison bourgeoise qui tient lieu de mairie et d’école pour
les garçons […]. Les boutiques […] se serrent presque toutes au centre, des deux côtés
de la rue principale. L’une d’elles subsiste aujourd’hui, la pâtisserie en face de
la place. Sa spécialité, le suisse, gâteau inventé au début du siècle par l’aïeul, a été beaucoup imitée mais sans succès.
Difficile à reproduire, cette couronne roulée et levée, subtilement fourrée d’une
crème à la noisette et aux amandes. Le suisse a égayé les repas de famille […]. (G. Chovrelat, Abécédaire de guerre, 2000, 24-25.)
■ synonymes. Ce gâteau est également connu dans le Haut-Rhin (Mulhouse) et le Jura suisse, mais
surtout sous le nom de brioche/couronne aux amandes/aux noisettes.
II. 〈Haute-Savoie, Savoie, Isère, Drôme, Ardèche〉 "pâtisserie en forme de bonhomme, faite naguère de pâte à brioche et aujourd’hui de
pâte sablée, traditionnelle du jour des Rameaux".
2. Comme le cachet de la poste porte « Valence sur Rhône – Goûtez ses Suisses »[,] le Consul de Suisse à Lyon avait, il y a quelques années, écrit au Directeur des
P.T.T. qu’il hésiterait désormais à s’aventurer à Valence. (Communication de M. Burckart,
archiviste de la Drôme, dans Ch. Forot, M. Carlat, Le Feu sous la cendre, 1979, t. 1, 328.)
3. […] trois ou quatre « suisses », reliquats du dimanche des Rameaux, achetés chez le boulanger. Ce dernier gâteau,
en pâte brisée à l’orange, en forme de petit bonhomme doré, une série de boutons sur
le ventre et deux yeux en grains de raisin noir, est encore traditionnel chez nous
pour les fêtes pascales. Les pâtissiers de Valence l’auraient inventé en l’honneur
de la garde suisse de Pie VI qui mourut dans leur ville. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 48.)
4. Les suisses sont de petits gâteaux très populaires, en forme de garde suisse de l’Ancien régime,
d’où leur nom. (Cuisine actuelle, n° 2, février 1991, 59.)
5. Le suisse est consommé essentiellement pendant la période des Rameaux. Beaucoup d’artisans,
d’ailleurs, n’en font qu’à cette époque de l’année. Il se déguste plutôt avec le café
ou en fin d’après-midi. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Rhône-Alpes, 1995, 142.)
V. encore s.v. pogne, ex. 4.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
6. Maintenant encore, elle ne laisse à personne le soin de pétrir la bûche de Noël, la
pogne* de Pâques, brioche à la fleur d’orange, les bugnes* craquantes du Mardi-Gras, les gâteaux d’anniversaire garnis des bougies réglementaires,
et les suisses des Rameaux, petits bonshommes en pâte brisée, qu’on suspend aux rameaux bénits.
(Th. Bresson, L’Enfant des bords du Rhône, 1990, 99.)
7. Cette pâtisserie de quartier [à Valence, Drôme] s’est spécialisée dans la confection
de suisses, un gâteau sablé agrémenté d’écorces d’oranges confites. Traditionnellement vendu
pendant la période pascale, il est ici proposé pendant presque toute l’année. Goûtez
aussi à la pogne* qui mérite également les meilleurs éloges. (Cuisines et Terroirs, été 2000, 142.)
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Rhône-Alpes, 1995, 141-143.
◆◆ commentaire. Attesté en français dep. 1893 (« Autrefois, dans tout le midi de la France, pendant la semaine de Pâques et spécialement
le dimanche des Rameaux, les boulangers donnaient à leurs gâteaux des formes bizarres,
qui faisaient la joie des enfants. Il y avait des gendarmes, des soldats, tous désignés
sous le nom de suisses, des animaux, des instruments de musique, etc. » D. Seignobos, Le Livre des petits ménages, dans HöflerRézArtCulin), et passé dans le patois de Loriol (Drôme), v. FEW. Par analogie
de suisse "soldat originaire de Suisse" ; ce sens est absent des dictionnaires du français contemporain.
◇◇ bibliographie. FréchetAnnonay 1995 « réalité en train de s’importer [de la Drôme] » ; FréchetDrôme 1997 « usuel à Valence et Die » (synon. pantin) ; aj. à FEW 17, 61b, Schweiz.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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