taquer v.
〈Franche-Comté〉 fam.
1. Emploi tr. "heurter, cogner qqc.". Synon. région. buquer*, toquer*. – Attention à ne pas le taquer ! (ColinParlComt 1992). Il faut tacquer [sic] la porte très fort pour la refermer (RobezMorez 1995).
2. Emploi pron. réfl. indir. se taquer (une partie du corps) contre qqc. et emploi intr. taquer contre qqc. "heurter qqc". Stand. fam. se cogner dans.
1. – Comment as-tu fait ça, hein ?
– En glissant. – T’es tombé ? – Non, sur une glissade, répondit le blessé en pleurnichant, j’ai « taqué » contre une pierre. (A. Nicoulin, Les Prisonniers du bacul, 1987, 146.) 2. La vieille oubliait toujours de fermer la porte de son placard. Son gendre jurait
quand il se taquait la tête contre… (DromardDoubs 1991.)
3. Emploi intr. ou tr. indir.
3.1. [Le sujet désigne un inanimé] En constr. factitive "produire un bruit sec en heurtant qqc. ou sous l’effet d’un coup, d’une forte pression ;
en part. se casser, se rompre avec un bruit sec, éclater". Stand. claquer. – Faire taquer un sac en papier (GrandMignovillard 1977) ; faire taquer un fouet (DuraffJHura 1986).
3. On lui [le silène enflé] donne le nom de « taquet » parce que l’on peut faire « taquer » sur la main la partie renflée de la fleur. (GrandMignovillard 1977, 28.)
3.2. [Le sujet désigne un animé] "faire un geste, un mouvement qui produit un bruit sec". Stand. claquer, frapper. – Quand il est tombé, sa tête a taqué sur le trottoir (DelortStClaude [ca 1977]).
4. – A Noël, on pensait au bœuf de la crèche. Papa n’oubliait jamais d’aller « taquer » sur la porte de l’étable, histoire de faire comprendre aux bêtes qu’on pensait à elles.
(Habitant de Vescemont [Territoire-de-Belfort], dans L’Est républicain, éd. Belfort, 23 décembre 1998, 255.)
■ remarques. taqué, ‑ée part. passé/adj.
1. 〈Franche-Comté〉 [En parlant d’une laine, d’un tricot] "qui a pris l’aspect du feutre, en raison de l’usure ou à la suite d’un lavage". Stand. feutré. « On trouvait, en plus, des vieilles choses point trop “taquées” qu’on pouvait détricoter […] » (A. Nicoulin, Le Dessus du Mont, 1979, 172) ; « […] la laine est toute taquée, il faut la carder […] » (P. Jeune, « La Félicie cause au Milo », Barbizier. Bulletin de liaison de folklore comtois, n° 19, octobre 1992, 307).
2. 〈Côte-d’Or〉 [En parlant d’un pain, d’un gâteau] "qui est mal levé" (TavBourg 1991 « très vivant »).
◆◆ commentaire. Dérivé sur le radical onomatopéique takk- exprimant un bruit sec, fr. taquer est absent des dictionnaires généraux. Le mot a été relevé dans divers patois de
France (Ille-et-Vilaine, Maine, Centre, Saintonge, Morvan), mais il semble n’offrir
aujourd’hui quelque vitalité en français que dans le quart nord-est du pays. Il est
bien représenté dans la lexicographie régionale, notamment dans les emplois 1 et 2, signalés dep. le 19e siècle dans le français de Bourgogne (CunissetDijon 1889 ; FertiaultVerdChal 1896 ;
GuilleLouhans 1894-1902) – où il n’est plus relevé depuis le début du 20e siècle – et de Franche-Comté (MonnierDoubs 1859 ; ContejeanMontbéliard 1876 ; BeauquierDoubs
1881 ; CollinetPontarlier 1925 ; DoillonComtois [1926-1936] "frapper de petits coups répétés" ; BoillotGrCombe 1929 ; BichetRougemont 1979 ; GrandjeanFougerolles 1979 ; DromardDoubs
1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 ; RobezMorez 1995 tacquer, taquer « employé par les personnes âgées »), ainsi qu’en Suisse romande (Pierreh). Les emplois sous 3, attestés dep. 1894 (dans la métalangue définitionnelle de RousseyBournois 1894 s.v. toka), sont enregistrés de façon plus sporadique et principalement localisés dans le Jura,
avec quelques traces dans le haut Doubs (DelortStClaude [ca 1977] ; GrandMignovillard 1977 ; DuraffHJura 1986 « très usuel » au sens 3.1, ; BoillotGrCombe 1929 ; RobezMorez 1995 « personnes âgées » au sens 3.2. L’emploi indiqué en rem. porte la trace d’un sens du vocabulaire des
tisserands (taquer "frapper du battant pour tasser la trame", FEW 13/1, 32b, takk-).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Doubs, Haute-Saône (sud), 100 % ; Haute-Saône (nord), Territoire-de-Belfort,
65 % ; Jura, 35 %.
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