tartiflette n. f.
〈Surtout Haute-Savoie, Savoie〉 usuel "mets composé de pommes de terre découpées en petits dés, avec lardons et oignons émincés,
que l’on fait dorer et sur lesquels on laisse fondre du reblochon".
1. Depuis quelques années […] la tartiflette occupe, au sein du paysage culinaire savoyard, une place de choix, et ce aussi bien
en été qu’en hiver, aussi bien dans les stations de montagne, dans les vallées ou
dans l’Avant-Pays, jusqu’à devenir « géante » à l’occasion de fêtes paroissiales ou d’animations dites « folkloriques ». (A. de L’Harpe, J.-Cl. Vernex, « Du reblochon à la tartiflette. Naissance et diffusion d’un plat-signal savoyard », dans Le Goût. Actes du 3e colloque transfrontalier, Dijon 12-13 septembre 1996, 1998, 548.)
2. Il devient de plus en plus facile de trouver du saucisson d’Auvergne ou de la tartiflette savoyarde dans les supermarchés de Lille ou de Metz. (Le Monde, 20 mai 2000, 15.)
3. Catherine et Bruno, eux, arrivent tout droit [au festival des Eurockéennes de Belfort]
de La Clusaz. Tous les jours, ils préparent environ 1.200 portions de tartiflette. « La recette est simple : 66 kg de lardons, 50 kg d’oignons, 156 kg de patates, 120
reblochons et de la crème[,] pour 600 portions. Pour une journée, vous multipliez
par deux. » Nos deux Savoyards sont également à la pointe de la technologie. On peut en effet
trouver leurs recettes sur le site www.tarti-fête.com. (L’Est républicain, éd. Belfort, 9 juillet 2000, 253.)
4. Pour flatter les papilles, une tartiflette attendait les convives [dans une maison de retraite du Territoire-de-Belfort]. (L’Est républicain, éd. Belfort, 4 octobre 2000, 255.)
5. Le journaliste le fusille de questions fantaisistes […]. On apprend alors au passage
que le bel Etienne est aussi un spécialiste de la tartiflette… (Télérama, 8 novembre 2000, 198.)
V. encore s.v. diot, ex. 3.
□ En emploi autonymique.
6. […] Tartiflette n’a jamais été le nom du plat typique de la région des Aravis, qui s’appelle la Pélâ
et qui s’élabore avec des tartifles ou des catifles [= pommes de terre] et du reblochon.
(La Savoie savoyarde, juillet 1992, dans GagnySavoie 1993.)
■ remarques. Selon les disponibilités et les régions, il arrive qu’un autre fromage remplace le
reblochon.
◆◆ commentaire. Mot de création très récente (attesté dep. 1990, « on vous sert encore dans ces montagnes [savoyardes] le matafan ou les tartiflettes,
deux spécialités à base de pomme de terre », L’Evénement du jeudi, 5 juillet, 129), bien implanté dans les deux Savoiesa, où il a relayé le traditionnel pela, littéral. "poêlée (de pommes de terre)" (cf. ici ex. 6) ; il est dérivé sur fr. région. tartifle "pomme de terre" (l’occ. de même forme et même sens est attesté dep. Sauvages 1756 ; ConstDésSav 1902 ;
GagnySavoie 1993 ; FEW), avec le suffixe diminutif ‑ette. En voie de large dérégionalisation (v. ici ex. 5) par le tourisme, la grande distribution
(v. ici ex. 2) et la restauration de type brasserieb, tartiflette a été repéré « en Rhône-Alpes et même à Paris (voire aux Antilles !) » (A. de L’Harpe, J.-Cl. Vernex, art. cit., 552), à Nancy, à Nantes et à Paris (P. Rézeau), à Marseille (BouisMars 1999 s.v. tartifle), en Alsace (« la tartiflette à l’alsacienne » Dernières Nouvelles d’Alsace, 27 octobre 1997), dans le Doubs (L’Est républicain, éd. Belfort, 2 septembre 2000, 234) et le Territoire-de-Belfort (L’Est républicain, éd. Belfort, 4 oct. 2000, 255) ou encore en Lozère (« repas tartiflette au prix de 50 francs », La Lozère nouvelle, 10 mars 2000, 47). Le mot est pris en compte par la lexicographie générale dep. 2000
(Lar, sans marque ; NPR « plat savoyard »).
a Deux restaurants sont à l’enseigne de La Tartiflette, à Bourg-Saint-Maurice (Savoie) et à Châtel (Haute-Savoie).
b « Certains restaurateurs [trouvent] ainsi un moyen commode pour écouler les stocks,
voire les invendus des plateaux de fromage ! » (A. de L’Harpe, J.-Cl. Vernex, art. cit., 550).
◇◇ bibliographie. GagnySavoie 1993 « mot récent, inventé par les restaurateurs pour désigner la péla » ; A. de L’Harpe, J.-Cl. Vernex, « Du reblochon à la tartiflette : naissance et diffusion d’un plat-signal savoyard », dans Le Goût. Actes du 3e colloque transfrontalier, Dijon, 12-13 septembre 1996, Dijon, impr. Dicolor, 1998, 547-552 ; aj. à FEW 13/2, 386b-387a, tuber.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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