tatan n. f.
〈Vosges, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 fam. "sœur du père ou de la mère ; épouse de l’oncle". Stand. tante, fam. tata. – Notre si jolie et si frêle tatan Naïs (M. Bailly, La Jarjille, 1980, 55).
1. – […] je suis le neveu […]… Ma tatan n’a pu répondre à l’aimable invitation de monsieur votre père […] mais elle m’a chargé
de la représenter. (San Antonio, Salut mon pope !, 1985 [1966], 94.)
2. Moi, par exemple, je jurerais, la tête sur le billot, que ton gratin est le meilleur
du monde […]. Et quand la tatan Jeanne vivait encore, elle jurait la même chose. (F. Deschamps, Croque en bouche, 1980 [1976], 279.)
3. Ma tatan Mélie, beaucoup plus âgée que ma mère, était un phénomène dans son genre […]. (M. Bailly,
Le Piosou, 1980, 28.)
4. – Il est grossiste en tissus, je crois… il est venu une seule fois à la boutique.
C’est un bel homme, à peu près de l’âge de la tatan. (Ch. Exbrayat, Le Chemin perdu, 1982, 203.)
5. Donc, je demande pardon publiquement à Belle-Moman [sic], aux nonons*, aux tatans, à mes frères, à ma sœur, aux filleuls, aux cousins, aux amis, à tous mes invitants…
Il m’a encore été impossible de les visiter. (J.-M. Cuny, dans Revue lorraine populaire 54, octobre 1983, 270.)
— Comme terme d’adresse.
6. – Écoute bien, Pierrot, ce monsieur vient de Saint-Etienne. Il a couché ici. Il va
au ravitaillement.
– Je comprends, tatan. (R. de Maximy, Le Puits aux corbeaux, 1996 [1994], 68.) — Par anal.
7. Un peu plus bas, vivaient deux sœurs d’un âge qui nous semblait canonique ; en réalité,
elles devaient avoir entre quarante et cinquante ans, mais s’habillaient toujours
de sombre. Nous les appelions les « tatans ». (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 172-173.)
◆◆ commentaire. Type lexical relevé en France dans plusieurs aires (de la Normandie aux Charentes,
dans l’Allier, la Haute-Marne, les Vosges, le Jura, la région lyonnaise, v. FEW),
mais qui n’est guère actuellement en usage en français que dans le sud de la Lorraine
(dep. 1915 BlochLex « terme enfantin tatã […], fr. pop. du Thillot ») et dans la zone de diffusion de Lyon (dep. 1793, sous la plume du Lyonnais Ampère
– v. DDL 12 –, le seul exemple fourni par Frantext étant par ailleurs tiré du Grenoblois Stendhal ; v. encore J. Vallès [originaire
de la Haute-Loire], L’Enfant, 1879). Attesté dep. 1831 (« Tatan […] expression enfantine, particulière à notre département et à celui de l’Isère » BreghotLyon), et accueilli dans Littré 1872 (« mot enfantin », sans marque diatopique), le terme est aujourd’hui ignoré de la lexicographie générale.
◇◇ bibliographie. BreghotLyon 1831 ; PuitspeluLyon 1894 ; PépinGasc 1895 ; FertiaultVerdChal 1896 ;
VachetLyon 1907 ; BlochLex 1915 ; MiègeLyon 1937 « moins distingué que tante, mais très employé » ; MussetAunSaint 1938 ; BaronRiveGier 1939 ; MédélicePrivas 1981 ; MartinPilat 1989 ;
DucMure 1990 ; MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 « emprunté au patois ; usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 ; FréchetMartVelay 1993 « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 « bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; MartinLorr s.v. nonon ; SalmonLyon 1995 ; FréchetDrôme 1997 « globalement bien connu » ; FréchetMartAin 1998 « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; ALLy 956*, pts 12-14 ; FEW 24, 454b-455a, amita.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Drôme, Isère, Loire, Haute-Loire (Velay), Rhône, 100 % ;
Ardèche, 65 %.
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