accorder v.
1. Emploi intr. 〈Jura (Morez), Rhône (nord), Loire, Isère (Villeneuve-de-Marc)〉 fam. "convenir, correspondre, se présenter favorablement". Stand. aller.
1. Désolé[,] monsieur, pour Neaulieu il n’y a pas de train qui accorde. Un problème de correspondance. Il faudrait que vous attendiez pendant 3 h 50 exactement
[…]. (J.-N. Blanc, Hôtel intérieur nuit, 1995, 185.)
— En constr. impers. Je viendrai vous voir si ça accorde (VurpasMichelBeauj 1992). Si ça accorde, on se reverra bientôt (BlancVilleneuveM 1993).
2. Emploi tr. indir. 〈Saône-et-Loire, Ain, Isère (Villeneuve-de-Marc), Loire, Haute-Loire (Velay)〉 fam. accorder à qqn "convenir à, aller à, plaire à".
2. Elle accepta de bonne grâce ce rôle de gouvernante que lui proposait un caprice du destin. D’abord : parce que l’inaction lui pesait
[…]. Ensuite : parce que, confia-t-elle à sa voisine, ce jeune homme a une bobine
qui m’accorde ! (R. Semet, Les Argyronètes, 1976, 60.)
V. encore s.v. caraque, ex. 17.
— En constr. impers. Ça m’accorde mieux d’aller à Mammouth qu’à Rallye (QuesnelPuy 1992). Comme ça, ça lui accorde (FréchetMartVelay 1993). Vous ferez ce travail quand ça vous accordera ; je vous accompagne si ça vous accorde (FréchetMartAin 1998).
3. Le Joanny, comme y crache pas sur le canon [= aime bien boire], ça lui a bien accordé quand il a su que sa future belle-sœur avait de la famille dans le Beaujolais. (MeunierForez
1984, 19.)
◆◆ commentaire. Ces deux traits, qui combinent restriction d’emploi et de sens de fr. accorder qqc à/avec qqc "mettre en harmonie" (dep. le 12e s., v. TLF), sont absents des dictionnaires généraux contemporains. Le fait qu’ils
n’aient été pris en compte que récemment par les glossaires régionaux (1. VurpasMichelBeauj 1992 « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 ; RobezMorez 1995 et 2. MeunierForez 1984 ; QuesnelPuy 1992 ; BlancVilleneuveM 1993 ; FréchetMartVelay 1993
« bien connu à partir de 60 ans, connu au-dessous » ; FréchetMartAin 1998 « usuel à partir de 20 ans, attesté au-dessous ») et qu’ils ne soient documentés que dans la seconde moitié du 20e s., donne à penser qu’il s’agit de faits assez récents ; on les a aussi relevés dans
les patois du Valais (GPSR 1, 88a) et de Haute-Savoie (FEW). S’ils sont aujourd’hui
absents des relevés lyonnais, leur aire d’usage porte la marque de l’influence de
Lyon, où n’est signalé, à la fin du 19e s., qu’un emploi figé (« comme bien s’accorde, comme il est naturel », PuitspeluLyon 1894 s.v. comme).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Ardèche, Drôme, Haute-Loire (Velay), Isère, Loire,
100 % ; Rhône, 50 %.
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