amandon n. m.
1. 〈Provence, Hérault〉 usuel "amande fraîche, encore dans son enveloppe verte". Des coucourdes* pas plus grosses que des amandons ! (M. Pagnol, Jean de Florette, 1995 [1963], 786). De très jolis yeux couleur d’amandon (P. Magnan, Les Courriers de la mort, 1986, 16).
1. Je suis l’Amandon,
Dans sa douce écorce verte et cotonneuse, Le tendre et jeune Amandon, Fils du vieil amandier sévère et rugueux. (A. Lunel, Les Amandes d’Aix, 1949, 32.) 2. Quand le commissaire Laviolette sortit de cet antre, il était gelé comme un amandon au mois d’avril. (P. Magnan, Le Sang des Atrides, 1977, 73.)
3. – […] à la saison où les amandons deviennent amandes et les premières cerises rougissent […]. (P. Roux, Le Caganis, 1983 [1978], 41.)
4. Nous mangions des amandons, des abricots verts [variété de prunes] et les kakis que nous vendait Lili. (M. Rouanet,
Nous les filles, 1990, 196.)
5. Y a des années, ça gelait à 100 %, la fleur et même le petit amandon. Je l’ai eu vu geler qu’il était presque comme une olive. (Témoignage recueilli à
Valensole [Alpes-de-Haute-Provence], dans MartelAmandiers 1994, 76.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
6. Quand l’amande commence à se former, juste après la floraison, qu’elle est toute petite
– on l’appelait l’ « amandon » à ce moment-là –, qu’elle grossit, on allait en manger quand on était minots*. On mangeait tout : l’amandon, l’écorce, tout. (L. Merlo, N. Pelen, Jours de Provence, 1995, 203.)
2. 〈Provence〉 Par anal., le plus souvent au pl., fam. "testicule".
7. Les « il paraît que » se mettent à crépiter et leur ignominie déride les visages : « … […] le marquis de Fiélouse aurait été surpris par Gunther, son garde-chasse alsacien,
alors qu’il se faisait gracieusement brouter les amandons par un cabri nouveau-né… » (Y. Audouard, La Clémence d’Auguste, 1986 [1985], 44.)
— Au fig. pop. briser/casser les amandons à qqn loc. verb. "excéder, importuner au plus haut point". Stand. vulg. casser les couilles. – Tu me casses les amandons (MartelAmandiers 1994, 76) ; tu me brises les amandons ! (BlanchetProv 1991) ; se geler les amandons loc. verb. "avoir très froid" (MartelAmandiers 1994, 76).
8. Noémie continue de me casser les amandons avec sa folie de cinéma. Elle pense qu’elle peut prendre avantageusement la place
d’Orane Demasis qui commence à se ratatiner. Je serais pas contre, si c’était un métier
honnête. (J. Anglade, La Soupe à la fourchette, 1996 [1994], 243 [texte placé sous la plume d’une Marseillaise].)
◆◆ commentaire. Au sens 1, amandon est attesté en français dep. 1829 (« Amandon. Provençalisme. Nous n’avons pas en français de mot particulier pour distinguer les
amandes cueillies avec leur enveloppe encore verte, de celles qu’on a laissé sécher
sur l’arbre et qu’on vend entièrement dépouillées de leur première enveloppe » Reynier) et enregistré par Lar 1866, mais il manque dans les dictionnaires généraux
contemporains ; il est emprunté au pr. (amendon dep. 1423, Pans 5, FEW) avec adaptation phonétique. Le sens 2, par analogie du précédent, s’inscrit dans un paradigme argotique fourni (figues, noix, olives, etc. ; cf. aussi l’argot méditerranéen alibofia) ; il est suspect d’être assez récent.
a Pour ce mot, v. BouvMars 1986, BlanchetProv 1991, ArmanetBRhône 1993, CovèsSète 1995.
Cf. FEW 21, 183a ‘styrax’ et DAO n° 573.
◇◇ bibliographie. ReynierMars 1829-1878 (sens 1) ; GabrielliProv 1836 (sens 1) ; BrunMars 1931 (sens 1) ;
BouvierMars 1986 (sens 2) ; BlanchetProv 1991 ; MartelAmandiers 1994 ; RoubaudMars
1998, 90 (sens 2) ; BouisMars 1999 (2) dans la métalangue s.v. alibòfis ; FEW 24, 500b, amygdala (aj. le sens 2).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
|