berluche n. f.
〈Orne (est), Sarthe (nord-est), Eure-et-Loir, Loir-et-Cher (nord-ouest)〉 fam. "eau-de-vie de cidre". Stand. calvados, fam. goutte. Synon. région. lambig*.
1. On disait que c’était sa grand-mère qui, lorsqu’il était jeune, l’avait incité à boire ;
elle l’attirait dans la petite maison qu’elle habitait en face, lui disant : « Viens, mon petit gars*, viens boire un coup de berluche, cela te fera du bien. » (Cl. Menuet, Une enfance ordinaire, 1992 [1973], 197.)
2. Avant de sortir, il s’enfila cul sec son petit verre de berluche [en note : eau-de-vie de cidre], l’eau-de-vie du petit matin sembla chasser d’un seul coup
les dernières traces du sommeil, réveiller l’étincelle de ses yeux, la vivacité de
ses oreilles, la subtilité de son nez. (J.-Cl. Ponçon, La Braconne, 1989, 48-49.)
3. Boire le café est l’un des rites de sociabilité les plus durables de la vie du Perche
et « dans le Perche vous offririez pas de café à quelqu’un sans y mettre de l’eau-de-vie ». Les femmes comme les hommes consolent leur café d’une dose plus ou moins généreuse de berluche. (A. Morin, M.-R. Simoni-Aurembou, Le Perche à table, 1992, 109.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1890 à Nogent-le-Rotrou (EsnaultMétaph), le terme est caractéristique
du Perche et de ses environs immédiats. Selon EsnaultMétaph 1925, 160 et 162, il s’agirait
d’une métaphore sur breluche "serge normande" (dep. 1751 Encyclop.), berluche "grosse étoffe, bure" (DottinBasMaine 1899), par allusion au caractère râpeux de l’eau-de-vie, qui gratte
la gorge comme une étoffe grossière gratte la peau. FEW 21, 498b ‘eau-de-vie’ n’a toutefois pas retenu cette hypothèse. Non pris en compte par la lexicographie
contemporaine (générale et régionale) ; ALIFO 217.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Eure-et-Loir, 65 % ; Loir-et-Cher, 50 % ; Essonne, Indre-et-Loire,
Loiret, Seine-et-Marne, Val d’Oise, 0 %.
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