breton n. m.
〈Maine-et-Loire (est), Indre-et-Loire〉 usuel.
1. "cépage noir de deuxième époque, moyennement productif, à grappes moyennes, à petits
grains sphériques et d'un noir bleuté, à peau fine, à jus sucré". Stand. cabernet franc.
1. Le Saint-Nicolas-de-Bourgueil, issu du « breton » comme le Bourgueil, est d'une qualité dans l'ensemble supérieure à ce dernier. (M. Mastrojanni,
Le Grand Livre des vins de France, 1982, 205.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
2. […] le Pinot noir appelé ici [en Touraine] « auvernat » et le Cabernet franc appelé lui « breton ». (J. Proveux, « Les vins de Touraine », dans Les Vins de Loire et les vins du Jura, 1979, 33.)
3. Ce terroir [Bourgueil] demeure fidèle au cabernet franc que l'on appelle ici « breton », avec quelquefois une goutte de cabernet sauvignon. (L'Événement du jeudi, 19 juillet 1990, 121.)
4. […] pas mal de quartiers de vigne [autour du Coudray-Macouard, Maine-et-Loire] de
divers cépages : blanc (le fameux chenin), rouges (de vulgaires grollots, auxerrois
ou othellos – orthographe non garantie – et le non moins fameux « breton », un cabernet franc qui, bien soigné, produisait ce qu'on appelait le « sang de piron », une sorte de Champigny). (P. Goubert, Un parcours d'historien, 1996, 24-25.)
5. Les vins rouges de Chinon sont tanniques, issus de cépages cabernets francs, que l'on
appelle ici « breton » […]. Les vignes issues du plant dit « breton » donnent un vin auquel on se plaît à accorder un nez de violette. (Le Monde, 1er septembre 1999, 24.)
2. Par méton. "vin de ce cépage".
6. Un mercredi midi en fin de marché, un marchand de cochons […] rencontre une de ses
pratiques et lui offre une « fillette »* de breton. Selon la tradition, le client remet la sienne et la faim prend les deux bonshommes
qui s'en vont casser la croûte à l'auberge. (Y. Péan, Malices du terroir, 1991, 19.)
7. […] un bon verre de « breton » (le meilleur des rouges, un cabernet franc dont les plants étaient venus par la Loire,
donc par la Bretagne). (P. Goubert, Un parcours d'historien, 1996, 38.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1809 dans le français de l'Indre-et-Loire (« Le breton de Saint-Nicolas-de-Bourgueil autrement appelé bordelais » Rapport du préfet au ministre de l'Intérieur sur le vignoble d'Indre-et-Loire, cité
par R. Dion, Histoire de la vigne et du vin en France des origines au xixe siècle, Paris, 1959, 160, n. 102), où il est toujours usuel. L'hypothèse la plus répandue
pour expliquer l'origine du mot a été diffusée par le comte Odart, se faisant l'écho
d'une tradition orale : « Celui [le nom] de Breton, qu'il [ce cépage] porte dans tout l'arrondissement de Chinon,
ne lui vient pas de ce qu'il est originaire de Bretagne, car il ne mûrirait pas en
Bretagne ; voici à ce sujet le récit que m'a fait un amateur qui demeure dans la commune
de Véron. Lorsque la terre de Richelieu fut érigée en duché-pairie, le cardinal, qui
se trouvait alors en Guienne, envoya plusieurs milliers de plants de la vigne la plus
estimée dans le Bordelais, à son intendant, qui était un ecclésiastique nommé l'abbé Breton. Ce fut lui qui fit planter ces vignes, et qui plus tard en répandit les plants » (Ampélographie universelle, Paris, 4e éd., 1859, 126). À supposer que cette hypothèse soit plausible, elle ne saurait évidemment
rendre compte de la présence du mot chez Rabelais en 1534 (« ce bon vin breton poinct ne croist en Bretaigne, mais en ce bon pays de Verron [au
confluent de la Loire et de la Vienne] » Gargantua, éd. A. Lefranc, Paris, Champion, 1913, t. 1, 137). En fait, « le plant breton se serait ainsi appelé parce que c'est à Nantes et dans les ports
voisins que sont allés le chercher les vignerons saumurois et chinonais » (R. Dion, op. cit., 159 ; v. aussi ex. 7 ci-dessus), mais on notera qu'il doit s'agir, dans le texte
de Rabelais, du chenin noir ou pineau d'Aunis, auquel le cabernet a succédé dans ces
vignobles, et l'on peut penser que le terme désignant ce dernier cépage a été par
la suite remotivé (cf. Odart). Enregistré dans Lar 1867 s.v. cabernet, ce sens est ignoré des dictionnaires généraux de référence et des lexiques régionaux.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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