cabourd, ‑ourde adj.
〈Surtout Gard, Hérault, Aude, Aveyron, Lozère〉 fam.
1. [En parlant d'un animal domestique] "atteint du tournis ; imprévisible, impossible à contrôler ; entêté". Il n'y a rien à faire, ce chien est complètement cabourd ! (CovèsSète 1995).
1. Les jours suivants, on lui amena d'autres chevaux malades, très peu à ferrer. Il soigna
un fic, grosse verrue implantée juste sur le chanfrein au-dessus des naseaux.
– C'est qu'il devient « cabourt », disait le propriétaire. Celui d'Émile avait le même mal et on a dû l'abattre. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 134.) 2. [En parlant d'une personne] "nigaud, imbécile ; fou". Tu es pas un peu cabourd de faire ça ? (MazodierAlès 1996). Stand. fam. cinglé. Synon. région. calu*, darne*. – Tu as vu ce que tu as fait : mais tu es cabourd ! (NouvelAveyr 1978).
2. – Si cette guerre doit continuer encore longtemps, elle nous rendra tous cabourds… (G. J. Arnaud, Les Oranges de la mer, 1990, 250.)
3. […] ma mère la [Paulette] fit entrer dans « la salle aux ballots » – c'est ainsi que nous avions nommé le débarras – en disant que cette petite – moi
– était « cabourde ». (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 249.)
4. Une autre que ma mère en serait tombée cabourde. Mais elle, pas du tout. (Y. Rouquette, La Mallette, 1994, 13.)
5. Quelque chose, comme on disait, leur [à trois vieilles filles] avait « tapé sur la tête ». Elles étaient cabourdes. Toujours le regard bas et l'insulte au coin de la bouche (« salauds, voleurs, cafards »), elles semblaient n'agir que pour défier le village, entité déclarée ennemie. (J.-Cl. Carrière,
Le Vin bourru, 2000, 219.)
● Comme terme d'adresse, avec un commentaire métalinguistique incident.
6. La Muda le traita de « cabourt », de fou, mais l'enfant passa la journée avec lui […] et quand elle s'endormit à l'ombre
mousseuse d'un amandier, il la couvrit de sa large ceinture de flanelle. (G. J. Arnaud,
Les Moulins à nuages, 1988, 234-235.)
— Emploi subst. Voir s.v. calu, ex. 1.
■ graphie. L'hésitation entre ‑d et ‑t à la finale (v. ex. 1 et 6) est caractéristique d'un mot privé de tradition graphique
et qui est surtout en usage dans le code oral.
◆◆ commentaire. Transfert de lang. capbourd "atteint d'un coup de sang (d'une bête à cornes)", cobourd "qui a le tournis (d'une brebis)", "qui a des vertiges (d'une personne)" (tous dep. VayssierAveyr 1879 ; ALLOr 523), cabour "imbécile" (dep. 1899 à Pézenas, FEW). Caractéristique du Languedoc oriental, où il n'est pas
documenté avant NouvelAveyr 1978 en français, le terme n'est pas pris en compte par
la lexicographie générale. On notera une certaine dérégionalisation du mot vers le
nord, ainsi à Vienne (Isère) où il « était employé comme substantif ("imbécile") parmi les collégiens et lycéens il y a une quinzaine d'années » (comm. de J. Serme).
◇◇ bibliographie. NouvelAveyr 1978 ; RobinTournon 1979, 18 ; CampsLanguedOr 1991 ; CouCévennes 1992 ;
FauconHérault 1994 ; CovèsSète 1995 ; FEW 1, 633b, burdus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Hérault, Lozère, 100 % ; Gard, 75 %.
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