campenotte n. f.
〈Doubs (Pays de Montbéliard)〉 fam. "variété de narcisse à fleurs jaunes odorantes (Narcissus jonquilla L.)". Stand. jonquille.
1. Un énorme hanap en or massif trônait devant la place d’honneur réservée à Henriette.
Une profusion de « campenottes », ces fleurs tant aimées au Pays de Montbéliard, mêlaient leur or à celui de la vaisselle.
(Histoires et Traditions populaires du Doubs, 1982, 137.)
2. Entre voisins [d’une cité ouvrière de Bavans, près de Montbéliard], vous vous donnez
des conseils, vous vous passez des replants*. Mais ce n’est plus comme avant, quand il y avait la Fête des Campenottes, au Mont-Bart, en mars, avec la Société de musique de Japy […]. (J.-P. Goux, Mémoires de l’enclave, 1986, 29.)
3. Campenottes (rue des) [en gras dans le texte] / Ah que voilà un nom qui fait frémir les âmes du Pays !
Cette voie porte le nom des campenottes depuis le 18 juillet 1968. Elle va de la rue du Fort la Chaux jusque sur la commune
de Grand-Charmont […]. La campenotte (narcisse ou jonquille) est l’emblème du Pays
de Montbéliard et Paul de Résener a écrit sur la musique de Ma Normandie les paroles suivantes :
Dans Paris fleur abandonnée De mon Pays doux souvenir, O ! Campenotte infortunée Toi qui viens jusqu’ici mourir […] Oh parle-moi de mon village De mon Pays et des rives du Doubs. (J.-P. Bourquin, Montbéliard par ses rues et ses lieux-dits, 1999, 138.) □ Avec un commentaire métalinguistique incident.
4. […] la campenotte […], nom toujours très populaire de la jonquille à Montbéliard, où cette fleur joue
un rôle notable dans le folklore local. (M. Thom, « Cent Phytonymes montbéliardais et franc-comtois du xvie siècle […] », dans TraLiLi 1974, t. 1, 153.)
5. Veillez à ne pas cueillir plus de fleurs que votre main ne peut en contenir. Si vous
voulez que les campenottes (jonquilles) continuent à égailler [sic] nos sous-bois, abstenez-vous d’en garnir vos voitures, et surtout de les arracher.
(G. Baudoin et al., A la découverte du Pays de Montbéliard, 1987, 109.)
V. encore ici ex. 3.
■ remarques. Emblématique du Pays de Montbéliard, le terme figure dans l’enseigne d’un fleuriste
de Bart (Doubs) À la campenotte, et Campenotte est le titre d’un chant (paroles de P. de Résener, cf. ex. 3) figurant au répertoire
du groupe folklorique montbéliardais Le Diairi.
◆◆ commentaire. Typique du Pays de Montbéliard, ce terme y est attesté en français dep. 1828 (« Notre Mont-Bard […], où on va en pélerinage tous les ans pour cueillir les campenottes qui ont remplacé le gui que les Druides y cueillaient jadis », cité dans Thom TraLiLi 1974 1, 155). C’est probablement au cours du 17e s., que le terme indigène cub(e)ré a été pratiquement évincé par ce type, qui a dû se diffuser à partir du Lyonnais
(où campane jaune est attesté fin 16e s.) et de la Bourgogne (campanotte iaulne est donné comme bourguignon par Cotgr 1611), et a pénétré aussi largement les patois
(ALFC). Dér. sur fr. région. campène "cloche" (par analogie de forme), avec la forme suffixale ‑otte (-itta) de la Bourgogne et de la Franche-Comté, le terme est absent des dictionnaires généraux
contemporains.
◇◇ bibliographie. MonnierDoubs 1857 pl. "narcisses jaunes" ; ContejeanMontbéliard 1876 (Narcissus Pseudo-Narcissus L.) ; BeauquierDoubs 1881 ; BoillotGrCombe 1929 "clochette, sorte de fleur ; faux narcisse" ; Thom TraLiLi 1974 1, 154-155 ; BichetRougemont 1979 ; DromardDoubs 1991 et 1997 ;
ColinParlComt 1992 ; DuchetSFrComt 1993 ; ALFC 523 ; FEW 2, 150b, campana.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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