cansalade n. f.
〈Hérault, Aude (ouest), Ariège, Haute-Garonne (Toulouse), Tarn, Tarn-et-Garonne, Aveyron,
Gers (est)〉 usuel "tranche de graisse ferme mêlée de couches de chair, tirée du tissu sous-cutané du
porc". Stand. lard maigre, poitrine de porc. Synon. région. chair salée (ALLOr 570*), ventrèche*.
1. […] la mère préparait la soupe pour le soir. Quelques légumes secs, une fine tranche
de courge et une toute petite languette de cansalade. (J. Fléchet, Le Montreur d’ours, 1983, 29.)
2. […] Honorine leur prouva qu’à onze ans elle savait de peu faire un festin, même de
deux œufs sur une tranche de cansalade […]. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 149-150.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
3. […] à la saison des tomates, nous mangions des tomates, parfois avec un œuf, parfois
avec une tranche de jambon ou de poitrine de porc que nous appelions « cansalade ». (P. Gougaud, L’Œil de la source, 1978, 121.)
4. Lorsque le pissenlit est un peu âgé, préparez dans une poêle du lard maigre – la cansalade – en très petits morceaux. Quand c’est doré, ajoutez du concentré de tomate. Écoutez-le
frire […], jetez un jet de vinaigre. Mettez alors vos pissenlits. (M. Rouanet, Petit traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 56-57.)
5. – Comment était le travail à cette époque ?
– Dur, très dur ! Tu comprends, on faisait tout à la main ou presque. Déjà, imagine que pour aller aux vignes on s’y rendait à pied, ou avec le cheval, ce qui revenait au même. Donc, on partait très tôt et on passait la journée dehors. On avait toujours un cabanon pour se mettre à l’abri. Chacun l’arrangeait à sa manière. On y mangeait à midi ce qu’on emportait de la maison dans des musettes. On faisait griller des tranches de lard, de la cansalade, sur un peu de braise, et on les posait sur du pain. (J.-L. Magnon, Les Larmes de la vigne, 1996 [1991], 175.) V. encore s.v. mastéguer, ex. 1.
□ En emploi autonymique. Voir s.v. osseline, ex. 3.
◆◆ commentaire. Aujourd’hui caractéristique du français du Languedoc, cansalade (littéral. "chair salée") est un emprunt, qui semble récent, à l’aocc. et agasc. (carn salada, 1233, FossatBoucherie 97-98 ; DAO). Pour rn > n, cf. diurnu > jorn > joun dans l’Aude, Ronjat 2, § 393). Le mot est absent des dictionnaires généraux contemporains.
◇◇ bibliographie. MichelCarcassonne 1949, 11 « inconnu dans l’Hérault » ; SéguyToulouse 1950, 129 ; CampsLanguedOr 1991 ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; MoreuxRToulouse
2000 ; FEW 2, 388b, caro.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ariège, Haute-Garonne, 100 % ; Tarn, 90 % ; Tarn-et-Garonne,
65 % ; Aveyron, 50 % ; Lot, 0 %.
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