cèbe n. f.
〈Hautes-Alpes (Champsaur), Drôme, Provence, Gard, Hérault, Aude, Haute-Garonne (Toulouse, vx), Pyrénées-Orientales, Aveyron, Lozère, Ardèche, Haute-Loire (Saugues)〉 Surtout rural "plante potagère monocotylédone (Liliacées), à bulbe plus ou moins aplati recouvert d’une tunique blanche, jaune ou rouge ; par méton., bulbe de cette plante, utilisé en cuisine". Stand. oignon. – Toulouges [Pyrénées-Orientales] est la capitale de la cèbe (CampsRoussillon 1991). Tu y mets une belle cèbe piquée de clous de girofle, ça parfume (GermiChampsaur 1996). J’aime bien les cèbes, mais ça me reproche* toujours (FréchetDrôme 1997).
1. – Papé*, coupe-moi de la « sébe » à moi aussi.
– Approche ton assiette. Je t’en mets guère parce qu’elle est forte. Elle va te faire pleurer les yeux. (P. Roux, Le Caganis, 1983 [1978], 127.) 2. Les hommes avaient « tiré* les sèbes » avec une « treye », une fourche aux dents repliées. (Th. Bresson, Le Vent feuillaret. Une enfance ardéchoise, 1980, 157.)
3. – […] j’aurais encore le temps de vous faire le civet, si vous n’êtes pas trop pressés ?
[…] Félicien, va vite me saigner la lapine noire. Moi, j’épluche la cèbe et je fais le bouquet. (M. Scipion, L’Homme qui courait après les fleurs, 1984, 103.)
4. J’en profitais pour aller au jardin chercher une ou deux cèbes, et un à trois plants de salade lorsque c’était la saison. (P. Chevrier, La Haute-Bigue, 1996, 54.)
5. « Le jardin nous donnait des salsifis, carottes, cèbes, courgettes, radis, côtes de poirée, artichauts, salades, tomates. Dans le coin d’une terre on semait des melons et des
cougourles*. » (Témoignage, dans R. Domergue, Des Platanes, on les entendait cascailler, 1998, 25.)
V. encore s.v. eau bouillie, ex. 3.
— Dans le syntagme cèbe de Lézignan "variété d’oignon, blanc, d’assez gros calibre, à saveur douce et à texture très tendre,
ce qui le rend très agréable à manger cru, cultivé à Lézignan-la-Cèbe (Hérault)" (d’après L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 213)a.
a Le nom du village de Lézignan-de-la-Cèbe (Hérault) comporte un syntagme déterminatif
dep. 1571 (L. de la Cebe/Sebe 1571-1740-1760 ; L. la Cebe dep. 1740-1760) ; v. Hamlin, 215. (Comm. de J.-P. Chambon.)
● Au sing. à valeur générique.
6. La cèbe de Lézignan a connu son heure de gloire il y a quelques décennies. Cependant, les producteurs
sont toujours convaincus. Ainsi, pour faire reconnaître cet oignon, les 15 producteurs
réunis en association veulent créer une marque « Cèbe de Lézignan ». (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 213-214.)
— Dans des comparaisons.
● avare/vert comme une queue de cèbe "extrêmement avare".
7. Monsieur Garlaban, un septuagénaire velu et méchant, sec comme la peste, avare comme une queue de cèbe […]. (M. Albertini, Les Merdicoles, 1998, 79.)
● vert comme une queue de cèbe "très vert".
8. – Il [un melon] est vert comme une queue de sèbe.
– Té* ! S’il est pas bon, on le laissera. (P. Roux, Le Caganis, 1983 [1978], 76.) ■ graphie. La variante sèbe, qu’on lit ici dans les ex. 1-2 et 8, est moins usuelle.
◆◆ commentaire. Emprunté à occ. ceba (dep. le 13e s., v. DAO 872 ; ALP 433 et ALLOr 323), cèbe est attesté dep. le 16es.a ; en 1810 dans le français de Gap (« Cèbe, ognon, plante potagère » Rolland). Pourtant caractéristique d’une aire compacte qui s’étend des Hautes-Alpes
aux Pyrénées-Orientales (et jusqu’à Toulouse), il n’est pas enregistré par la lexicographie
générale contemporaine.
a Dans les formes anciennes de Lézignan-la-Cèbe (Hérault), toutes les mentions contenant
Cebe/Sebe (entre 1571 et 1770-1772, cf. ci-dessus) dans le déterminant apparaissent en français,
si bien qu’elles peuvent servir de premiers jalons pour l’histoire du mot. (Comm.
de J.-P. Chambon.)
◇◇ bibliographie. RollandGap 1810 ; JoblotNîmes 1924 ; BrunMars 1931 ; NouvelAveyr 1978 ; BouvMartProv
1982 vert comme une queue de cèbe "avare" ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; CampsRoussillon 1991 ; LangloisSète 1991 ;
MazaMariac 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; MazodierAlès 1996 ; FréchetDrôme 1997 « globalement connu » ; RoubaudMars 1998, 28 ; MoreuxRToulouse 2000 « cet occitanisme conscient n’est attesté que par l’un des 5 informateurs âgés interrogés » ; FEW 2, 591a, cepa.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Hérault, Lozère, 100 % ; Gard, 90 %.
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