consolante n. f.
〈Surtout Languedoc oriental, Pyrénées-Orientales, Provence〉 jeux, fam. "partie de rattrapage, qui offre encore une chance aux perdants du premier tour, dotée
d’un prix de consolation". Les équipes qui ont perdu viennent s’inscrire pour la consolante (MazodierAlès 1996). Au concours, on a gagné la consolante (FréchetMartAin 1998).
1. Le nouveau comité de la « Boule des Pénitents » a le plaisir d’organiser une semaine bouliste. Lundi 7 juillet 15 heures / doublette
2 000 F / consolante 400 F. (La Provence, juillet 1997.)
2. La Boule dignoise et le Café du Midi organisent samedi 4 octobre un concours de pétanque
à la mêléea doté de 500 F et agrémenté d’une consolante. (La Provence, octobre 1997.)
a La locution pétanque mêlée désigne un « type particulier de concours de boules […] dans lequel la composition de toutes les
équipes est tirée au sort » (MartelBoules 1998).
3. Ce week-end, les boules carrées fêteront leur vingtième anniversaire dans la bourgade
du Haut-de-Cagnes [Alpes-Maritimes]. […] Les éliminés du premier jour pourront continuer
à jouer le lendemain matin en participant à une « consolante ». (Nice-Matin, éd. Menton, 17 août 1999, 11.)
4. Lamballe […] / Un concours de boules bien suivi […] / Il y a eu une consolante […]. (Ouest-France, éd. Saint-Brieuc, 30 août 1999, SBR17.)
5. Les boulistes de l’office HLM [titre] / Consolantes triplettes […]. Consolantes doublettes […]. (Le Pays, 21 septembre 1999, 22.)
6. L’Isle-d’Espagnac/ Tennis-club : le tournoi qui tient ses promesses [Titre] / […]
Les consolantes furent remportées chez les dames par […] et chez les messieurs par […]. (La Charente libre, 22 septembre 1999, 13.)
7. Spicheren [Moselle] / La pétanque au service de la Ligue contre le cancer [titre]
/ […] La consolante a été remportée par l’équipe David Monti […]. (Le Républicain lorrain, 24 septembre 1999, 6.)
— Par anal.
8. Ici [à Marseille], la chose va sans dire : en gagnant la coupe de l’UEFA, le PSG n’a
fait que remporter « la consolante ». (Th. Noir, Le Point, 23 avril 1999, 105.)
◆◆ commentaire. Cet emploi substantif de fr. consolant, ‑ante "qui console, qui réconforte", attesté dep. 1926 à Mâcon (« consolante n.f. se dit au jeu, d’une “partie de consolation” »), est à mettre en rapport avec consolante "bouteille que boivent les cuisiniers après le coup de feu" (dep. Hamp 1908, dans TLF) ou "dernière tournée" (GiraudBistrot 1989)a. Il est difficile d’établir, au vu de la documentation, quel a été le cheminement
de ce sens qui est, au reste, ignoré de la lexicographie générale ; cf., en un sens
analogue, consolation, en 1719 « Celui qui ne pouvant pas gagner la Partie, étend le dernier ses cartes, gagne un Jetton
de chaque Joüeur, & l’on apelle ce droit Consolation », Académie universelle des jeux, nouvelle édition, Paris, Le Gras, 193 (comm. de P. Enckell). Il a été relevé de nos
jours principalement en Provence et dans le Languedoc oriental – peut-être en raison d’une fréquence particulière qui en ferait un régionalisme de
statut –, mais il est loin de s’y cantonner comme l’indiquent plusieurs des exemples ci-dessus
(ex. 4 = Côtes-d’Armor, ex. 5 = Territoire-de-Belfort, ex. 6 = Charente, ex. 7 = Moselle)
ainsi que des témoignages oraux attestant le mot lors de tournois de tennis (à Strasbourg)
ou de tennis de table (Besançon). Seule une enquête d’ensemble permettrait d’apprécier
l’aire de diffusion de consolanteb.
a Cf. J. Anglade, Un temps pour lancer des pierres : « […] l’ancien […] qui avait […] fait une si triste fin à cause de son goût pour la
consolante ». V., dans ce même champ sémantique, café* consolé.
b Le terme connaît aussi des emplois élargis, sans marque diatopique apparente : « Les Suédois n’avaient pas très envie de disputer ce match. Ils doutaient de l’utilité
de cette consolante tout juste bonne à arrondir les recettes des organisateurs et
à aviver les regrets des vaincus, deux jours après les demi-finales » (J. Fenoglio, dans Le Monde, 19 juillet 1994, 12) et « On parla de Balladur qui se serait vu attribuer le grand prix de la Consolante pour
prompt et honnête désistement [comme candidat à la mairie de Paris] » (P. Georges, Le Monde, 13 mai 1995, 34) ; cf. encore ci-dessus, ex. 6.
◇◇ bibliographie. Mâcon 1926 ; CampsLanguedOr 1991 "belle" ; CampsRoussillon 1991 id. ; MazodierAlès 1996 ; FréchetMartAin 1998 « usuel à partir de 60 ans » ; MartelBoules 1998 « très courant partout » ; FEW 2, 1075a, consolari.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Pyrénées-Orientales, 100 %.
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