couillonner v. intr.
〈Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot, Aveyron, Dordogne, Lot-et-Garonne,
Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Landes, Gironde〉 fam. ou pop. "plaisanter, badiner, railler". Synon. région. galéger*. – Tu parles sérieusement ou tu couillonnes ? (BoisgontierMidiPyr 1992). On ne peut pas parler sérieusement avec lui, il est toujours en train de couillonner (MoreuxRToulouse 2000).
1. – Mais tu couillonnes, Cautère ! pouffa-t-elle légèrement […]. (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 87.)
◆◆ commentaire. Dérivé sur fr. couillon, couillonner, attesté dep. 1876 dans le français de Montbéliard (Contejean "railler, se moquer"), est relevé au sens de "se moquer de qqn, abuser qqn" dep. 1790 (« Je ne suis foutre pas plus sa dupe qu’un autre, il a d’abord commencé par nous foutre
par-cy par-la du baume dans le sang, mais actuellement il nous couillonne, et le Jean-foutre
nous emboise de ses sottes balivernes », Je peux bien foutre mon avis tout comme un autre, Paris, 9, comm. de P. Enckell) ; 1887, Hogier-Grison, dans TLF. Il est accueilli
par les dictionnaires généraux contemporains, mais sans marque diatopique. S’il est
vraisemblable que le sud de la France fait un usage plus fréquent de couillonner en ce sens que les autres régionsa, le mot y est aussi employé au sens atténué, décrit ici, de "plaisanter" ; il est aussi largement attesté dans les patois (FEW).
a Et sans qu’il y soit aussi marqué qu’il peut l’être ailleurs, comme on peut le voir
à travers ce passage, mis dans la bouche d’une vieille bigote : « Dire que j’ai signé [un acte de vente] sans consulter ni M. le Curé, ni la sœur de
l’Hospice, ni mon notaire ! Ils peuvent se vanter de m’avoir couyonnée ! » (G. de Lanauve, Anaïs Monribot, 1995 [1951], 150) ou encore dans cet autre, dans la bouche d’une fillette : « La petite haussa les épaules. / – Avec une pioche [pour aller aux morilles] ? Je crois
que tu veux me couillonner » (P. Roux, Le Caganis, 1983 [1978], 134).
◇◇ bibliographie. ContejeanMontbéliard 1876 s.v. coillenai ; PuitspeluLyon 1894 couyonner ; Dulac, Histoires gasconnes, 1925, 2 ; BoisgontierAquit 1991 « très usuel » ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; MoreuxRToulouse 2000 ; FEW 2, 889b, coleus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Languedoc occidental : 100 % ; Aquitaine, 95 %.
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