débrediner v.
〈Indre, Cher, Allier, Creuse (nord-est)〉 fam.
1. Emploi tr. ou en contexte factitif "rendre à quelqu’un le sens commun ; déniaiser ; guérir de la folie".
1. Il était une fois, à Jaligny-sur-Besbre, un bredin* qui s’appelait Goubi. […] De bons Samaritains l’avaient pourtant traîné une fois
à la débredinoire* de Saint-Menoux (Allier) afin que le saint du lieu, spécialiste des maladies mentales,
le débredinât pour de bon et lui rendit le sens commun, la maturité politique, l’aspiration aux
choses de la pensée, l’appétit de culture et le goût de la grandeur qui caractérisaient
ses contemporains. (R. Fallet, Un idiot à Paris, 1990 [1966], 11.)
2. Le sarcophage placé derrière le maître-autel [dans l’église de Saint-Menoux, Allier]
abrite les restes de saint Menoux qui avait, aux siècles passés, la réputation de
guérir les simples d’esprit (les berdins ou bredins* en langage bourbonnais). Une cavité dans le flanc du sarcophage permet de passer
la tête à l’intérieur, afin de se faire débrediner d’où le nom de « débredinoire* » donné à cette curiosité. (Guide Vert. Auvergne, Bourbonnais, 1976, 117.)
3. Et le Caïffa […] raconte comment, pour trois ou quatre boîtes de conserves, un camembert
et un peu de chocolat au lait, le Xandre lui a débeurdiné ses deux grands feignants. (A. Aucouturier, Le Dénicheur d’enfance, 1996, 149.)
2. Emploi réfléchi, par jeu de mots.
4. Voyons, n’ai-je rien oublié ? Bien sûr que si ! J’aurais besoin de retourner dans
l’église de Saint-Menoux où vous savez que le couvercle d’un sarcophage est percé
d’un grand trou qui s’appelle le “débredinoir”*, il suffit d’y plonger la tête pour en sortir l’esprit régénéré. Je devrais me débrediner de cent choses que je n’ai pas dites […]. (P. Moinot, dans Discours de réception de Jean-Denis Bredin à l’Académie française et réponse de Pierre
Moinot, 1990, 73.)
■ dérivés. 〈Indre, Cher, Allier〉 plaisant débredinoir / -oire, déberdinoire n. m. ou f. (exemples définitoires). « Les églises, ici, sont romanes. Celle de Saint-Menoux, abbaye bénédictine de femmes,
est l’une des plus belles. Le sarcophage de saint Menoux se trouve derrière le maître-autel,
et l’une de ses faces, percée d’une ouverture, sert à des pratiques pieuses, pour
ne pas dire superstitieuses : connu sous le nom de “Déberdinoire”, il a la réputation de guérir les simples d’esprit – appelés “bredins”* ou “berdins” en patois bourbonnais – lorsque ceux-ci introduisent la tête dans son ouverture » (Pays et gens de France, n° 23, l’Allier, 25 février 1982, 4) ; « Une légende rapporte qu’un simple d’esprit aurait retrouvé la raison en parlant au
Saint au travers d’un trou aménagé dans sa tombe. Depuis, le sarcophage de pierre,
percé d’une ouverture semi-circulaire, a été ramené dans le chœur de l’église [de
Saint-Menoux]. Tout bredin*, – simple d’esprit en patois bourbonnais – actuel ou potentiel, peut y glisser la
tête pour en ressortir guéri, d’où son nom de débredinoire » (Bien vivre en Bourbonnais, Magazine touristique et culturel édité par le Conseil général de l’Allier, s.d. [acquis
en 1997], 13) ; v. encore ci-dessus, s.v. débrediner, ex. 1, 2, 4. – Dér. sur débrediner, avec le suffixe ‑oir ou ‑oire, attesté dep. 1924 (« la Débredinoire », dans Mâcon 1926 s.v. bredin) ; aj. à FEW 1, 541a, brittus.
◆◆ commentaire. Dér. parasynthétique sur bredin*, attesté dep. 1924 (dans Mâcon 1926 s.v. bredin) ; aj. à FEW 1, 541a, brittus.
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