diable n. m.
〈Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime, Charente〉 cuisine traditionnelle "poêlon ventru en terre cuite, parfois en tôle, muni d’un couvercle, dans lequel on
fait cuire à sec des châtaignes ou des pommes de terre" ; "poêle à long manche, percée de nombreux trous, dans laquelle on fait griller des châtaignes
sur un feu de cheminée".
1. Le repas terminé, nous avons formé le cercle autour du feu et Martine a posé sur les
braises le diable rempli de châtaignes. (M. Gurgand, Nous n’irons plus au bois, 1979, 154.)
2. Après, nous avions des marrons, grillés aussi, mais dans le « diable », sur la flamme de notre grand feu de bois de peuplier. […] Nous écoutions le froissement
de la flamme sur le trépied du « diable » et le long miaulement du vent dans la cheminée et, tout à coup, l’éclatement d’une
châtaigne nous réveillait. (G. Delaunay, Le Petit Chouan, 1985, 246.)
3. Le « diable » était aussi utilisé pour faire cuire de petites pommes de terre, qu’on dégustait
alors telles quelles, avec leur peau rôtie. (J. Pénard, Parlers de ma famille. Souvenirs d’une enfance dans les deux Charentes, 1993, 76.)
4. Le soir on s’installait devant le feu [de la cheminée]. Les pommes de terre cuisaient
dans le diable d’argile au gros ventre rond. (L. Gaborit, Quand on était petits à la Tranchelardière, 1998, 149.)
V. encore s.v. grâler, ex. 3.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
5. Lorsque la réunion [de la veillée] approchait de sa fin, il descendait la crémaillère
et installait le « diable », récipient ventru en terre cuite, muni d’un couvercle. Puis il préparait des châtaignes
pour les faire cuire. (M. Mathé, Les Sentiers d’eau, 1978, 86.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1797 dans le français de la Charente (« un diable à faire cuire les marrons, en tolle », à Confolens, BoulangerConfolentais), diable "poêlon" (par métaphore du feu de l’enfer qui entoure traditionnellement le diable ou démon "personnification du mal dans la tradition populaire chrétienne") a connu une certaine extension géographique au 19e s. et au début du 20e s. (Mâcon ; cf. déjà 1757, "espèce de marmite de fournier", Encyclop. 7, 234, v° ba). Accueilli par Rob 1985, TLF, NPR 1993-2000 et Lar 2000 sans marque, sans date et
sans exemple, et imprécisément daté « milieu 20e s. » dans GLLF – ce qui semble témoigner d’une certaine dérégionalisation –, le terme ne semble guère en usage en français en dehors des livres de cuisine et
des magazines gastronomiques, alors qu’il est usuel en milieu rural dans le Centre-Ouest
(cf. ALO 725*). Au sens voisin de "poêle", il est attesté, selon FEW, en wallon (Liège) et a été recueilli en Saône-et-Loire
(ALF 1675, pts 906, 907 et 919 ; GuilleLouhans 1894-1902), dispersion qui témoigne
aussi en faveur d’une certaine dérégionalisation.
a « Une capsule est un petit vaisseau hémisphérique de terre, de tôle, ou de fonte, & souvent une
poële dont on a coupé la queue, ou ce que les officiers [= ouvriers] appellent un
diable. »
◇◇ bibliographie. VerrOnillAnjou 1908 ; CormeauMauges 1912 ; ClouzotNiort 1907-1923 ; Mâcon 1926 ; RézeauOuest
1984 et 1990 ; PénardCharentes 1993 ; FEW 3, 65a, diabolus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne, 100 % ;
Vendée, 75 %.
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