gargouille n. f.
〈Champagne, Ardennes〉 usuel "petit canal horizontal qui recueille les eaux du toit ; conduit vertical par lequel
s’écoulent ces eaux". Stand. gouttière. Synon. région. chéneau*, dalle*.
1. Une gargouille usée strie de son incessante scie le silence. (J. Rogissart, Le Clos des noires présences, 1961, 58.)
2. La gueule pleine, les gargouilles offraient des sucres d’orge. […] Place des Pâquis, je jouais à l’Esquimau sous l’igloo
du jet d’eau pétrifié. […] Le lavoir public était merveilleux dans les guipures de
givre et les dentelles de glace : une vraie robe de mariée. (Y. Hureaux, Bille de chêne, 1996, 165.)
— Par anal. "petit tuyau permettant d’évacuer vers l’extérieur les eaux usées de la pierre* d’eau".
3. Dans certaines familles on ne faisait pas la vaisselle aussitôt le repas, on mettait
ça sur l’évier. Alors, par la gargouille (la goulotte* d’évacuation) on enfilait un bâton et : paf ! on remuait le tout. (R. Wadier, Conteurs au pays de Jeanne d’Arc, 1985, 393.)
◆◆ commentaire. Type lexical attesté dep. l’afr. (1294 gargoule, à Autun, "gouttière en saillie par laquelle les eaux pluviales se dégorgent et sont projetées
à une certaine distance du mur", DEAF G 258), usuel aujourd’hui en français standard surtout au sens métonymique
"figure sculptée, à cet usage, représentant le plus souvent un animal monstrueux". En Champagne, et dans les Ardennes comme l’a relevé explicitement Bruneau en 1910
(FEW), gargouille est employé au sens de "gouttière", plus proche de son sens ancien.
◇◇ bibliographie. SaubinetReims 1845 « gargouille […] une gouttière, une descente d’eau » ; TamineArdennes 1992 ; TamineChampagne 1993 ; FEW 4, 57a-b, garg‑.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardennes, Marne, 100 % ; Aube, 80 % ; Haute-Marne, 75 % ;
Meuse (nord), 0 %.
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