hors-venu, ‑ue n. m. et f.
〈Haute Bretagne, Mayenne, Loire-Atlantique (peu fréquent), Maine-et-Loire〉 "personne étrangère à la région, au village ; personne qu'on ne connaît pas ; nouveau
venu". Synon. région. accouru*, horsain*. – Le hors-venu, l'aubain, le tout autre (H. Bazin, L'Église verte, 1983 [1981], 61).
1. La mort des huîtres atteindrait le commerce aussi sûrement que la pêche, et presque
en même temps. La bouchère, une hors-venue, expliquait à ses clientes :
– Comment voulez-vous qu'elles ne soient pas empoisonnées avec tout ce qu'ils jettent dans le port. (R. Vercel, La Caravane de Pâques, 1988 [1948], 455.) 2. – En somme, cette famille [il s'agit de femmes] de « hors venues » a apporté bien des désordres dans notre petit port. (R. Madec, L'Abbé Garrec et le rouge à lèvres, 1956, 106.)
3. Mettez-vous à ma place, monsieur le Juge. J'étais dans une position fausse vis-à-vis
de mes collègues d'Ille-et-Vilaine et de leurs services, […] dans un département qui
n'est pas le mien et où, malgré l'entente entre nos chefs, je me sentais un hors-venu. (P. Lebois, La Flache aux écureuils, 1971, 207.)
4. Les plaisanteries fines continuaient. Le bistrot était enfumé lorsque, tout à coup,
Fortuné rentre avec un gars, un gâs [sic] qu'était pas du pays, un hors-venu. (L. Petiot, La Bretagne rit, 1982, 114.)
5. […] Albertville, promue capitale olympique, doit d'entrée digérer quelques milliers
de hors-venus en mal d'aubaine ou d'emploi […]. (M. Le Lannou, dans Le Monde, 23 avril 1987, 2.)
6. Les qualités premières, c'était la souvenance des personnes et des choses, la sagesse
populaire à travers les dictons et l'observation des signes : le ciel, le vent, le
coq du clocher qui annonce le temps qu'il fera, le visage de votre interlocuteur,
ses gestes, surtout s'il est étranger, par quoi il pourrait trahir une intention cachée
et sans doute dangereuse de hors-venu… (P. Chauveau, Les Deux Chines, 1997, 92.)
7. Il fallait descendre de voiture pour ouvrir la barrière et redescendre pour la fermer,
car cette barrière évitait les échappées du cheptel qui entrait ou sortait des bâtiments
en allant ou en revenant des herbages. Le fermier considérait le fait de refermer
sa barrière de la part du visiteur comme un geste de courtoisie, de civilité, à son
égard. Il savait donc aussitôt si « l'hors venu » était ou non au courant des usages. (P. Malet, Médecin d' vaches. Paroles d'un véto de l'Ouest, 1999, 94.)
V. encore s.v. grève, ex. 14.
— Emploi adj.
8. I – Apparemment Concoret [village du Morbihan] se soucie de l'accueil et de la mise
en valeur de la culture. Et toi quand tu es arrivée à Concoret, il y a plusieurs années,
t'es-tu sentie “hors-venue” ou au contraire bien accueillie ?
E – Quand je suis arrivée à Concoret, j'avais déjà des attaches puisque ma mère était née là. Elle était partie, mais ma mère revenait tous les ans. (Chr. Leray et E. Lorand, Dynamique interculturelle et autoformation. Une Histoire de vie en pays gallo, 1995, 327.) ◆◆ commentaire. Attesté dep. le début du 20e siècle (1901-1902) dans le français de l'Ille-et-Vilaine et de Nantes (FEW), mais
aussi de l'Anjou, ce type lexical est bien implanté dans une vaste aire de l'Ouest
(cf. aussi ALBRAM 505 : Côtes-d'Armor (est), Ille-et-Vilaine, Mayenne). Employé par
des locuteurs de l'Ouest, le mot est parfois repris par d'autres (« immigrés, étrangers, hors-venus » J.-Cl. Ribaut, Le Monde, 24 décembre 1994, 6). Il n'est cependant pas pris en compte par les dictionnaires
généraux du français.
◇◇ bibliographie. VerrOnillAnjou 1908 ; StMleuxStMalo 1923 ; BlanWalHBret 1999 « peu fréquent (Loire-Atlantique) » ; FEW 3, 702a foras.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Loire-Atlantique, 20 % ; Ille-et-Vilaine, 10 % ; Maine-et-Loire,
Sarthe, 0 %.
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