jatte n. f.
〈Surtout Nord, Pas-de-Calais, Somme, Aisne, Oise〉 fam. "petit récipient avec ou sans anse, servant à boire (des boissons chaudes)". Stand. bol, tasse. – Petite jatte.
1. […] il s’approcha du comptoir le long duquel Julie avait déposé les jattes de café bouillant et les verres de genièvre. (A. Lebon, Martin du Tiss, mineur en 1900, 1979, 32.)
2. Avant son départ, Aristide, après avoir ponctionné la bouteille de genièvre d’une
interminable rincette lui remplissant pratiquement le contenu de sa jatte, roula une cigarette […]. (Cl. Julien, Chronique villageoise, Labourse-sur-Loisne-en-Artois, 1980, 128.)
— En alternance avec tasse. Voir s.v. tiot, ex. 1.
— Par méton. "contenu de ce récipient". Tu vas bien prendre une jatte de café : c’est du bon (GuilleminRoubaix 1992).
3. Les femmes consommaient leur café avec des gestes lents, presque solennels. Certaines
buvaient jusqu’à vingt jattes par jour. (A. Lebon, Martin du Tiss, mineur en 1900, 1979, 128.)
4. Verser sur le tout [un bœuf mode] une jatte de la marinade passée, une jatte d’eau, un petit verre de genièvre. (J. Messiant, La Cuisine flamande traditionnelle, 1998, 134.)
V. encore s.v. bistouille, ex. 10.
■ remarques. Selon les locuteurs, jatte désigne un récipient plus ou moins grand, équivalant pour les uns à stand. bol et, pour les autres, à stand. tasse.
◆◆ commentaire. Par restriction de fr. jatte "récipient évasé, sans pied ni anse ni manche" (dep. ca 1180 gate, TLF ; peu usuel aujourd’hui en France en dehors des syntagmes jatte de crème/de lait), cet emploi est en usage principalement dans le français du nord de la France (et
en Belgique, v. MassionBelg 1987, Hanse 1994, LeboucBelg 1998, DelcourtBelg 1999) ;
usage sporadique signalé en Meurthe-et-Moselle (S. Majin) et dans les Vosges (Cl. Ammann).
Attesté en ce sens en 1654 dans le français de Saint-Quentin (« Et bu s’en quervé sau à meime de no gatte », v. Louis-Ferdinand Flutre, Le moyen picard, Amiens, Musée de Picardie, 1970, 166 ; les relevés de DebrieMoyPic n’indiquent pas
en quel sens est attesté le mot, dep. 1493 sous la forme gatte), il a été relevé dans les parlers de Belgique (dep. 1902-1903, v. Massion) et du
Nord (FEW 4, 12b, gabata). Non enregistré par la lexicographie générale, il est peu représenté dans les recueils
différentiels.
◇◇ bibliographie. CartonPouletNord 1991 ; GuilleminRoubaix 1992.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Nord, Pas-de-Calais, 100 % ; Aisne, 80 % ; Oise, 60 % ;
Somme, 30 %.
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