jeanbonhomme n. m.
〈Territoire-de-Belfort, Haute-Saône (est)〉 usuel "petite pâtisserie briochée, individuelle, en forme de bonhomme, traditionnellement
confectionnée pour la Saint-Nicolas". Synon. région. maennele*.
1. « Dis donc, hier, en passant, tu ne sais pas ce que j’ai vu à la vitrine de chez Schrutt
[un boulanger] ? »
Il attendit que Théo ait fait non de la tête. « Des jeanbonhommes ! Toute une armée de jeanbonhommes ! » Les yeux de Théo se mirent à briller. (A. Gerber, Le Faubourg des Coups-de-Trique, 1982 [1979], 348.) 2. Le comité des fêtes a convié saint Nicolas à rendre visite aux enfants du lotissement
du Côteau, de la place Jean-Moulin, de la rue Paul Barret, des Champs la Belle et
du carrefour des Vignes. Papillottes, mandarines et jeanbonhommes au programme. (L’Est républicain, éd. Belfort, 9 décembre 1992, 257.)
3. La sympathique prof d’anglais […] organise aussi les ventes de « jeanbonhommes » […]. (Le Pays, 28 décembre 1992, 10.)
◆◆ commentaire. La pâtisserie nommée maennele ou mannala en Alsace (dep. 1862 en alémanique, v. ce mot à la nomenclature) a d’abord été désignée, dans l’actuel Territoire-de-Belfort, sous le nom de Jean-bout-d’homme ("petit bons-hommes que les boulangers font avec de la pâte de brioche pour la Saint-Nicolas" CorbisBelfort 1883). Cette dénomination a été formée sur un correspondant belfortaina de nant. ang. [= frm.] jean-bout-d’homme "petit homme" (FEW ; du prénom Jean + frm. bout d’homme "homme très petit" dep. Ac 1718, FEW 15/1, 217b, *botan), et elle constitue un calque du terme alsacien. Le mot actuel jeanbonhomme (dep. 1896 VautherinChâtenois, jean bon homme "pain d’épice de forme plus ou moins humaine", en concurrence avec jean-bout-d’homme ; v. FEW) est un remodelage partiel sur le paronyme frm. bonhomme, plus usuel que bout d’homme. Il s’est maintenu à Belfort, en même temps que la chose (comm. de J. Mandret-Degeilh,
1999), du fait de la forte tradition alsacienne de cette ville et s’est diffusé dans
l’est de la Haute-Saône (témoins à Lure et Ronchamp, 1999 ; Plancher-Bas ca 1945, communication de J. Durin, 1999). Mot absent de la lexicographie générale et
régionale contemporaine.
a Nous ne possédons pas d’attestation directe, mais le Vésulien Albert Humbert (1835-1886)
employait le mot janboudomme « pour désigner ses propres croquis de bonhommes », « la première apparition de ce mot remont[ant] […] à l’année 1865 pour désigner le personnage
principal de l’album : Les Aventures de Jean Boudhomme » (Fr. Caradec, « Rimbaud, lecteur de Boquillon », Parade sauvage. Revue d’études rimbaldiennes 1, 1984, 16 et 17).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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