maennele [mɛnələ] ou mannala n. m.
〈Moselle (est), Alsace〉 usuel "pâtisserie briochée, individuelle, en forme de bonhomme, traditionnellement confectionnée
pour la Saint-Nicolas (6 décembre)". Synon. jeanbonhomme*.
1. Le 6 décembre c’est la fête des enfants, et en attendant la venue de Saint Nicolas
ils dégusteront, pour le repas du soir, les « Mannala » aux décorations multiples. (J. et J.-L. Syren, La Pâtisserie alsacienne, 1982, 82.)
2. Le cinq décembre au soir, on fête la Saint-Nicolas. La veille, maman a préparé dans
la huche à pain, la pâte servant à la confection des Mannala […]. Une poignée de pâte allongée. Un peu de farine pour qu’elle ne colle pas. Deux
incisions sur les côtés, une en bas sur le milieu. On étire les bras et les jambes
et on forme la tête. (Ul. Richert, Retour au Sundgau. Souvenirs, 1991, 63.)
3. Protecteur des enfants, l’évêque de Mire est connu pour sa bonté au ive siècle. Sept siècles plus tard, l’Alsace le consacre patron des écoliers. […] Chaque
année, dans la soirée du 5 décembre, habillé de son habit rouge et blanc d’évêque,
avec sa grande hotte pleine de noix, noisettes, pommes, poires, oranges et mandarines,
il distribue aux enfants tous ces fruits de l’abondance. Autrefois, ce jour-là, on
offrait aux enfants pain d’épices, jouets et confiseries de toutes sortes. De cette
coutume, il reste aujourd’hui des bonhommes en brioches, aux yeux et au nez en raisins
de Corinthe[,] appelés « Mannele ». (Cuisiner !, décembre 1995, 6.)
4. […] en ce jour de la Saint-Nicolas (des Maennele et du jus d’orange avaient été déposés à leur intention), la séance de rentrée [du
Conseil des enfants de Hoenheim, Bas-Rhin] avait d’emblée été placée sous le signe
de la décontraction. (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 16 décembre 1995, LO 6.)
5. La perspective d’être convié à partager vin chaud et maennele à l’issue de la fête [à Eckbolsheim, Bas-Rhin] a sans doute permis au public […]
de supporter une température proche de zéro. (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 16 décembre 1995, LO 6.)
6. Marché gourmand hier, place Kléber [à Strasbourg], où les amateurs de douceurs ont
pu déguster bûches de Noël, « maennele » et « bredele »*. (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 8 décembre 1996, ST 10.)
7. Saint Nicolas s’est déplacé au debut de la semaine à l’Association régionale « L’aide aux handicapés moteurs » […]. Il n’est pas venu seul : avec lui […] de grands paniers remplis de « maennele ». (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 14 décembre 1997, ST 7.)
8. […] aujourd’hui le Mannala est en vente dans toutes les boulangeries d’Alsace à partir du premier dimanche de
l’avent et durant tout le mois de décembre, et se compte parmi les pâtisseries de
fête les plus populaires. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Alsace, 1998, 146.)
■ graphie. La graphie mannala correspond à l’alsacien du Haut-Rhin, auquel le mot a été emprunté ; la graphie maennele correspond à l’alsacien du Bas-Rhin et aux parlers de Lorraine germanique. L’absence
de ‑s comme marque du pluriel indique que le mot est considéré comme un xénisme.
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Alsace, 1998, 145-146.
◆◆ commentaire. Transfert, qu’on suppose récent en l’état actuel de la documentation, de l’alsacien
de Haute-Alsace, de même sens (dep. 1862 A. Stoeber, Alsatia dans L’Inventaire, 146 ; Ø SchmidtStrasbourg 1896 et MartinLienhart 1907), littéral. "petit homme", en raison de la forme de cette pâtisserie.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bas-Rhin, Haut-Rhin, 100 % ; Moselle (est), 65 %.
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