lard n. m.
I. 〈Surtout Saône-et-Loire (Le Creusot), Puy-de-Dôme, Corrèze, Haute-Vienne〉 rural, vieillissant "porc à l’engrais". Du monde comme il faut, roulant carrosse et saignant deux lards l’année (L.-A. Gauthier, Les Fidarchaux de Cabrefontaine, 1978, 25). Élever un lard.
1. Son élevage de porcs prospérait au mieux. Il fournissait non seulement la compagnie,
mais pouvait de surcroît vendre aux principales foires de la région des bandes de
dix ou quinze lards en grande partie engraissés avec les déchets de la cantine. (Cl. Michelet, Des Grives aux loups, 1979, 169.)
2. Aux environs de Carnaval, il fallait sacrifier le cochon. Le cochon ? Ce « lard » que Catherine avait nourri avec les meilleurs produits de la ferme : pommes de terre
et raves, châtaignes et glands, touffes d’ortie ou pissenlits… avec une bonne ration
de farine de blé noir. (P. Louty, Le Secret de Catherine, 1999, 504.)
— Dans une comparaison. Sa femme est grasse comme un lard (J. Giono, Les Âmes fortes, 1949, 34).
— Par métaph. péj.
3. […] la radio des touristes remplissait la vallée.
– Mais nom de Dieu de bon Dieu, ils pourraient pas circuler un peu, ces lards ? (J.-P. Demure, Fin de chasse, 1998, 126.) II. 〈Normandie, Centre-Ouest〉 vieillissant "viande de porc". Côte de lard, rôti de lard. – Avec le cholestérol, faut pas manger de gras de lard (BrasseurNorm 1990).
4. […] tout a été bien prévu : beurre, volaille, rôtis de lard, pain blanc […]. (B. Alexandre, Le Horsain, 1988, 187.)
5. Les galettes*suivantes sont généralement consommées avec du lard [en note : Le lard désigne, en normand, la viande de porc et non le gras de porc comme en français.
Il convient de signaler qu’il existait des larderies (charcuteries) en Cotentin] salé ou du beurre salé. (H. Gancel, Le Bâton de dignité, 1995, 184.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. le 16e siècle dans la vallée de la Loire (lard "porc tué", dep. 1536 à Brion, Indre, dans JaubertCentre 1864 ; 16e s., FEW 5, 190a, laridum), l’emploi métonymique de lard pour "porc" ou "viande de porc" est en usage dans plusieurs régions de France et notamment dans l’Ouest d’où il a
gagné le français d’Amérique du Nord, où il est attesté au Québec (Dunn 1880 ; Clapin
1894 ; Dionne 1909 ; GPFC 1930 ; ALEC 572 ; DFPlus 1988 « vx ou région., viande de porc » ; DQA 1992 "viande de porc" ; DHFQ 1998 « vieilli ou région. ») et à Saint-Pierre-et-Miquelon (BrassChauvSPM 1990). On notera que fr. pop. et péj.
tête de lard "personne particulièrement entêtée" (dep. 1901 Bruant s.v. bête ; FEW 13/1, 272b, testa) ou gros lard "homme gros, gras" (aj. à FEW 5, 189b, laridum) s’expliquent par lard "cochon". Les dictionnaires généraux contemporains rendent plus ou moins bien compte de cet
usage : Ø GLLF et TLF, « régional (Centre, Canada…) » (Rob 1985), « vx » (NPR 1993-2000) ; en dehors de RLiR 42 (1978), 175, les relevés régionaux n’enregistrent
que le sens II : BarbeLouviers 1907 ; RLiR 42 (1978), 175 ; BouLeScCaux 1981 un rôti de lard ; RézeauOuest 1984 et 1990 ; LepelleyBasseNorm 1989 ; BrasseurNorm 1990 ; BrassChauvSPM
1990 ; LepelleyNormandie 1993 ; BlanWalHBret 1999.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vendée, 100 % ; Vienne,
80 % ; Charente, 75 % ; Basse-Normandie, 85 %.
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