mazet ou maset n. m.
〈Surtout Bouches-du-Rhône, Vaucluse, Gard, Hérault, Lozère〉 "petite construction rustique ; en part. petite habitation rustique dans la campagne, où l’on va se détendre le dimanche et
pendant les vacances". Synon. région. baraquette*, bastidon*, cabanon*. – Le petit maset de mes grands-parents (M. Mauron, Les Cigales de mon enfance, 1987, 29). Un petit maset, au pied de Sainte-Victoire (P.-J. Vuillemin, Les Contes du pastis, 1988, 66).
1. – […] De là nous irons au maset. J’en ai déjà parlé à ta mère. (M. Bernard, Pareils à des enfants, 1944 [1941], 131.)
2. La garrigue environnant Nîmes est couverte sur plusieurs kilomètres de mazets. (L. Michel, Le Langage méridional dans l’œuvre d’Alphonse Daudet, 1961, 135.)
3. Le mazet, il est vrai, occupe dans la vie des gens et surtout des enfants du pays une place
considérable. Il n’est pas de famille, de condition si modeste soit-elle, qui ne possède
le sien sur quelque hauteur des environs. C’est – ou plutôt c’était alors – l’unique
distraction du dimanche, un but de promenade dès qu’il faisait beau, un moyen de jouer
au propriétaire même pour des ouvriers sans fortune. (G. Combarnous, Mamette de Salagou, 1973, 11.)
4. Dans la famille, on avait aussi la maladie de construire. D’un côté, on creusait des
puits, de l’autre on bâtissait des mazets. Au jardin, on en a trois. (L. Chaleil, La Mémoire du village, 1989 [1977], 183.)
5. Mioun […] : Il est venu s’installer au village quand il a hérité du mazet de son oncle Chaffrey. (Cl. Frédéric, On piègera la sauvagine, 1984, 12.)
6. Il prit le chemin du bourg*, descendant d’un pas tranquille, la pioche sur l’épaule, la route sinueuse. Tombant
avec raideur sur une étroite vallée humide, elle était limitée de l’autre côté par
des collines aux pentes raides où quelques mazetsa, avec leur carré de vigne et leurs oliviers, rompaient l’alignement des châtaigniers.
(S. Pesquiès-Courbier, La Cendre et le feu, 1984, 11-12.)
a En note : Petite maison rustique à la campagne, dans certaines régions du Midi méditerranéen.
7. Et alors que la pluie tombe toujours – on a atteint le mètre d’eau vers midi – tout
le monde se pose la question : combien de morts, combien de disparus dans cette ville
ravagée ? Dans cette banlieue nîmoise où certains mazets ont explosé ? (Le Monde, 5 octobre 1988, 12.)
8. Cette femme […] a choisi de vivre à Montpellier. Elle possède un « mazet » au-delà de Saint-Guilhem-le-Désert, dans la haute vallée de l’Hérault. (Le Monde, 21-22 juillet 1996, 18.)
9. […] un « mazet », sorte de cabanon* du dimanche que le préparateur de mon père [pharmacien] nous a prêté. (B. Lafont,
Le Roman de ma vie, 1997, 14.)
10. Je marche vers le « maset » […]. / La bâtisse trapue s’appuie à une restanque* grise, de petites fenêtres de crèche sourient dans une façade ocre […]. (M. Fillol,
Petites Chroniques des cigales, 1998, 141.)
11. Pour prolonger l’été ! Adorable mazet sous les pins, 1750 m2 d’espace, à St-Gely-du-Fesc [Hérault] […]. (Midi libre, 25 septembre 1998, 30.)
V. encore s.v. banaste, ex. 2 ; cabanon, ex. 7 et 19.
□ Dans un commentaire métalinguistique.
12. […] l’on aperçoit, au fond de la vallée, au milieu des prairies, de minuscules maisonnettes,
des masets, comme on dit chez nous […]. (Les Carnets de guerre de Gustave Folcher, 2000 [1981], 161.)
◆◆ commentaire. Caractéristique d’une zone homogène (Languedoc oriental et ouest de la Provence),
mazet est attesté dep. 1849 dans le français de Nîmes (« Quand pourrai-je au mazet, rêvant à quelque ouvrage, D’un cigare au soleil livrer
le blanc nuage ? » J.-R. Reboul [boulanger nîmois], Épitre à M***, v. Gdf)a ; il est emprunté à l’occ. maset "petit mas" (dep. 1109, Brunel). De nombreux noms de lieu de l’Hérault s’appellent ainsi : Hamlin,
235 en donne de nombreuses attestations anciennes, presque toujours du 18e siècle, une seule antérieure (en fr.) le Maset 1668-1669, avec ce commentaire : « Occ. mazet "petite métairie", terme très usité à date récente dans l’est de l’Hérault (cf. ALF C1846) ». Accueilli dans les dictionnaires du français dep. Littré 1868, le terme y est défini
« en Provence » (GLLF) ou marqué « régional » (Rob 1985) et « région. (Languedoc, Basse-Provence) » (TLF).
a En 1905, R. Bazin emploiera une dizaine de fois le mot dans un roman dont l’action
se situe à Nîmes, ainsi : « On entrait parfois, par des portes laissées ballantes ou par des brèches, dans l’enclos
en terrasse d’un mazet, trente oliviers, deux mûriers, un amandier esseulé, tirant du roc une verdure misérable
et, au milieu, une cabane fermée, où la famille, le dimanche, venait se reposer et
chercher de l’ombre. “Et voilà le mazet ! disait la mère Prayou. Nous en aurons un plus tard, et mieux que ça. – Il y en
a de plus petits ? demandait Pascale. – Oui, ma jolie, et nous les appelons des cantagrils.
– Chantegrillon ? Oh ! c’est nommé ! répondait Pascale. – On tape bien les noms dans
le Midi”, disait Jules ; et la veuve Prayou concluait : “Beaucoup de pierres, une bicoque, vingt oliviers, et un peu de terre qui se promène,
ça fait déjà un mazet, mais le nôtre sera plus beau” » (L’Isolée, Paris, 99).
◇◇ bibliographie. GebhardtOkzLehngut 1974 ; BlanchetProv 1991 ; CampsLanguedOr 1991 ; CouCévennes 1992 ;
FEW 6/1, 263a, mansus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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