bastidon n. m.
〈Provence〉 spor., usuel "petite habitation à la campagne". Synon. région. baraquette*, cabanon*, mazet*. V. la remarque s.v. cabanon*.
1. […] la ferme de Félix : c’était un « bastidon » au bord de la route, dont les volets étaient toujours fermés […]. (M. Pagnol, Le Temps des secrets, 1995 [1960], 383.)
2. Le bastidon était là, dans le tournant, […] trois bons kilomètres avant Aups [Var]. (M. Scipion,
L’Arbre du mensonge, 1980, 141.)
3. […] un bastidon à volets bleus, deux chaises longues et quatre pieds de céleri. (P. Magnan, Les Courriers de la mort, 1986, 103.)
4. Chaque mouvement de mamé*, depuis toujours, laissait traîner un doux parfum de verveine. / Avec la mamé, le
parfum du bastidon a disparu. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 14.)
5. dardennes : bastidon 18e siècle restauré, 174 m2, beaux volumes […]. (Var-Matin, 25 septembre 1998, Annonces Var-Ouest.)
6. Quand on a la chance d’avoir un bastidon ridé par l’âge dans un verger d’oliviers, un bastidon aux murs épais en pierres brutes, couvert de vignes du côté sud et de lierre du côté
nord, dans lequel on entre de plain-pied, où les persiennes à jalousies, ouvertes
en été, filtrent une paisible lumière, il faut savoir s’en servir avec précaution.
Un bastidon supporte mal les couleurs vives, le blanc cru cher aux Grecs, le rose dont on abuse
sans motif, l’ocre trop prononcée, et surtout le bleu qui est un contresens […]. / Ces
petites maisons de campagne étaient jadis de simples abris à outils, où l’on habitait
en été pour les travaux des champs. (J. Onimus, Les Alpes-Maritimes, 1999, 69.)
V. encore ici ex. 7.
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
7. […] l’une de ces merveilles d’architecture individuelle que les naturels appellent
avec modestie un bastidon parce qu’il ne comporte généralement qu’une seule pièce. Ce bastidon, volet et porte
verts, était coiffé d’un toit à quatre pentes […]. (P. Magnan, Les Secrets de Laviolette, 1993 [1991], 194.)
◆◆ commentaire. Empr. au pr. bastidoun (Mistral), avec adaptation phonétique, attesté en français dep. Lar 1867 (v. FEW 15/1, 77a, *bastjan), le terme est relevé dans la lexicographie régionale (BrunMars 1931 "petite construction, dans un champ, qui sert de grange, de remise" ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; ArmKasMars 1998 s.v. bastide) et générale (LittréSuppl « terme du midi de la France » ; TLF « région méridionale [sic] » ; Rob 1985 et NPR 1993-2000 « régional » ; Lar 2000 « en Provence ») ; il se lit en 1870 dans P. Arène, Jean-des-figues, dans Gens de Provence, 1997, 82 et, preuve de sa diffusion, dans R. Bazin, Le Mariage de Mademoiselle Gimel, dactylographe, Paris, 1908, 106 : « […] le colonel se retirerait dans un bastidon, au soleil, près de Villefranche, et, là, il ferait des économies relatives, pour
pouvoir passer trois mois à Paris, au printemps ».
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Bouches-du-Rhône, 80 % ; Alpes-Maritimes, 70 % ; Hautes-Alpes,
Var, 50 % ; Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, 30 %.
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