mamé (aussi mamée, mamet) n. f.
〈Loire, Drôme, Provence, Languedoc, Pyrénées-Orientales, Aveyron, Lozère, Limousin,
Landes〉 fam. "grand-mère ; vieille femme". Synon. région. mamama*, mamette*.
1. La mamée Rachel […] était une adorable petite vieille, douce, menue, trottinante, bredouillante
[…]. (J.-P. Chabrol, Les Rebelles, 1965, 233-234.)
2. Quant à ma petite Mamé Julie, elle a tant enchanté mon enfance et ma jeunesse par son parler « occitan » […], que je suis heureuse et fière, aujourd’hui, si je le parle très mal, de le bien
comprendre et lire. (Lou Païs, janvier 1974, 4, lettre d’une lectrice.)
3. […] toute la famille – avec deux mamées et un papé* – exploitait une métairie en Garonne. Le gendre menait les travaux, succédant au
papé, et c’était bien ainsi. (R. Boussinot, Vie et mort de Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1980 [1976], 134.)
4. Toute la famille : les tantes, l’oncle, le papé* et la mamé, vivaient [sic] dans un rayon de quelques kilomètres. (R.-A. Rey, Augustine Rouvière, Cévenole, 1977, 67.)
5. L’été, les villages des Cévennes résonnent des cris des enfants et s’emplissent d’une
marée de visiteurs ou de vacanciers. Mais les maisons villageoises pleines de monde
en août se vident chaque hiver et les hameaux si vivants pendant les beaux jours,
semblables au ruisseau gelé, ne bruissent plus que du cheminement de quelques « mamées ». (A.-M. Brisebarre, Bergers des Cévennes, 1996 [1978], 20.)
6. Elles partent, chargées comme des abeilles, de cèpes en bocaux, de fromages de chèvre,
d’un bouquet de dahlias, […] cela fâcherait la mamé si elles la quittaient les mains vides. (S. Pesquiès-Courbier, La Cendre et le feu, 1984, 148.)
7. […] un couteau de poche rouillé, ébréché, au manche cassé, mais un « Sauvagnat », la marque préférée des mamées cévenoles. (J.-P. Chabrol, Le Bonheur du manchot, 1995 [1993], 293.)
8. […] sa mamé Carmen qui vivait à l’hospice [à Aubagne], sur un fauteuil roulant […]. (J. Anglade,
La Soupe à la fourchette, 1996 [1994], 51.)
9. On arrive très rapidement à la station [de métro] Réformés. Là, mauvaise limonade
pour le troisième âge, les escaliers roulants sont en panne… Allez mamet, encore un effort… […] Je donne le bras à la petite vieille pour l’aider à monter
et, aussitôt, elle pousse un cri strident. Bien évidemment tout le monde se retourne
sur moi. Je souris, un peu gêné et la mamet se confond en excuses : « Oh, mon beù [= mon beau*], escuse-moi ! Boudioù [v. boudie] C’est que j’ai déjà été attaquée deux fois… » (Ph. Carrese, Trois jours d’engatse, 1995, 35-36.)
— Comme terme d’adresse.
10. Un très petit village de l’Hérault. Des enfants jouent dans la rue, trop bruyamment.
Une femme sort à sa fenêtre pour les engueuler en patois […].
– Mamé, dit l’un des gosses, vous pourriez parler français ! – Oh ! dit la femme, tu crois pas que je vais te parler comme à un prince ! (M. Rouanet, Bréviaire, 1994 [1987], 141.) ■ remarques. Ces formes sont concurrencées par mémé (considéré comme plus courant par NouvelAveyr 1978), mamie ou mamy, ou encore par mémère ou grand-mère – qui sont aussi aujourd’hui les formes les plus courantes dans l’ensemble de la
France.
◆◆ commentaire. Emprunt, qui semble assez récent (1924 mamet, Nîmes), à l’occitan mamé.
◇◇ bibliographie. JoblotNîmes 1924 mamet ; BrunMars 1931 mamé ; NouvelAveyr 1978 mamé, mamette ; BouvierMars 1986 mamé ; BlanchetProv 1991 mamet ; CampsLanguedOr 1991 mamé ; CovèsSète 1995 mamé dans la métalangue s.v. chcourbade ; MazodierAlès 1996 mamet ; FréchetDrôme 1997 mamé ; BouisMars 1999 mamé ; FEW 6/1, 133a, mamma
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Aude, Gard, Hérault, Lozère, 100 %.
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