même adv.
I. de même vieilli.
1. 〈Normandie, Haute Bretagne, Sarthe, Mayenne, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 loc. adv. "ainsi ; pareillement". Stand. fam. comme ça.
1. […] tu n’as pas honte de causer de même à une femme ? (J.-P. Mahé, La Grande Marie ou la fille du sonneur, 1967 [1947], 181.)
2. […] quand on est faux-jeton on juge toujours les autres à son aune, et on pense qu’ils
sont faux-jetons de même. (J. Boutin, Louis Rougé, le braconnier d’Anjou, 1979, 184.)
3. Oui, mais, quelque temps après, la voilà malade. Son mari était toujours à la guerre
et il n’y avait pas de médecin en ce temps-là. Elle trouva un « guérissou » qui lui dit de même : « Il n’y a pas d’autre chose à faire et à dire… tu auras gars* ou fille ! » (A. Poulain, Contes et Légendes de Haute Bretagne, 1995, 167.)
2. 〈Haute Bretagne, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 loc. adj. postposée, souvent péj. "pareil, semblable, tel". Des affaires de même, ça c’est jamais vu ! (I. Favreau, Les Mouettes en rient encore, 1987,72).
4. Les voilà ben, ces sacrés fî de garce [v. fils], quand on est point là pour les surveiller… Faut que ça gâche tout… Quel malheur,
Bon Dieu, d’avoir des enfants de même. (J.-P. Mahé, La Grande Marie ou la fille du sonneur, 1967 [1947], 159.)
5. Avec une femme de même, un gars travailleur ferait son chemin. (R. Vercel, La Caravane de Pâques, 1988 [1948], 431.)
6. Après tant d’émotions de même, je ne saurais point vous conter ma joie quand, veillant au bossoir, j’aperçus la
« terre devant ». […] Des choses comme ça, voyez-vous, ça ne peut pas s’expliquer. (A. de Tourville,
Les Gens de par ici, 1952, 44.)
7. T’es pas fou de mener ta charte* à une allure de même ? (H. Bouyer, Presse-Océan, 29 août 1983, dans BrasseurNantes 1993.)
II. 〈Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Ardèche, Haute-Loire (Velay)〉 la même loc. nom. f. "la même chose". Stand. fam. pareil. – C’est toujours la même dans cette maison : on peut rien changer (FréchetMartVelay 1993). Maintenant, c’est plus la même (GagnySavoie 1993).
— En part., loc. phrast. "(réponse à une invitation à consommer quelque chose)". – Vous prendrez bien quelque chose ? – Oh, la même (MartinPilat 1989).
8. – Qu’est-ce que vous prenez ?
– Un café ! – Et vous ? – La même. (QuesnelPuy 1998.) — c’est /ça fait la même loc. phrast. "c’est la même chose". Stand. c’est pareil. – Faute de vin blanc, je mets un peu de vinaigre dans ma sauce, ça fait la même (MazaMariac 1992). Depuis qu’on est parti, c’est toujours la même, rien n’a changé (MichelRoanne 1998).
— 〈Hérault〉 c’est pas la même ! loc. phrast. "c’est vraiment très différent !" (CovèsSète 1995).
◆◆ commentaire.
I. Attestée en français dep. la Chanson de Roland en emploi adv. et dep. le 17e siècle (Molière, FEW) en emploi adj., cette locution est aujourd’hui en usage dans
l’Ouest et dans le français d’Amérique du Nord, comme l’indique TLF : au Québeca (Dunn 1880 ; Clapin 1894 ; Dionne 1909 ; GPFC ; DQA 1992) ; en Acadie (PoirierAcadG
s.v. de même). L’emploi adj. est marqué « vx ou dial. [sic] » (GLLF) ou « jusqu’au 18e siècle » (Rob 1985).
II. Ce tour, par ellipse, est attesté dep. 1930 dans le français de Metz (ZéliqzonMetz
1930), mais il est aujourd’hui en usage surtout dans la grande région lyonnaise, sauf,
d’après nos sources, dans le français de Lyon. Seule une enquête d’ensemble permettrait
de mieux dessiner l’aire dans laquelle il se réaliseb.
a Où elle est documentée au 18e s., ainsi en 1740 « Il fallait continuer de même pendant 5 lieues » (Bienville, dans FichierTLFQ).
b On le relève par exemple sous la plume d’un Lorrain : « Dans la pénombre irisée par les spots derrière le comptoir, je commande la même, sans lui demander son avis » (Jean-Pierre Cescosse, Après dissipation des brumes matinales, Paris, Le Dilettante, 1999, 72). Fait de discours, trait régional, indice de dérégionalisation,
ou… argot de bistrot (ØGiraudBistrot 1989) ?
◇◇ bibliographie. (I) LeGonidecBret 1819 ; VerrOnillAnjou 1908 ; RézeauOuest 1984 et 1990 (1 et 2) ; ClouzotNiort
1907-1923 (1) ; KervarecQuimper 1910, 621 (1) ; LepelleyBasseNorm 1989 (1) ; LepelleyNormandie
1993 s.v. de même (1) ; BrasseurNantes 1993 (1 et 2) ; BlanWalHBret 1999 (1) ; FEW 4, 807b-808a, ipse. – (II) DornaLyotGaga 1953 ; GononPoncins 1984 ; MartinPilat 1989 « usuel à partir de 40 ans, en léger déclin au-dessous » ; MazaMariac 1992 ; FréchetMartVelay 1993 ; GagnySavoie 1993 « très usité » ; FréchetAnnonay 1995 « globalement bien connu » ; FréchetDrôme 1997 ; MichelRoanne 1998 « connu au-dessus de 20 ans » ; FréchetMartAin 1998 « usuel à partir de 60 ans, attesté au-dessous » ; PlaineEpGaga 1998 « très fréquent » ; QuesnelPuy 1998 « très usuel dans les cafés » (pour commander une consommation) ; aj. à FEW, loc. cit., où cet emploi manque.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (I) Ille-et-Vilaine, Maine-et-Loire, Sarthe, 100 % ; Loire-Atlantique, 60 %. (II) Loire, Haute-Loire, 100 % ; Ain, Ardèche, Drôme, Rhône, 65 % ; Isère, 60 %.
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