Michel Morin n. m.
〈Gers, Landes, Gironde〉 usuel "homme à tout faire ; bricoleur habile". Synon. région. magnin* (au sens 3).
1. Michel Morin rech. clientèle pr travaux en tout genre […]. Véritable Michel Morin cherche emploi, bâtiment […] ou entretien Tél. […] Pessac. (Hebdo Gironde, Bordeaux, n° 976, 11 octobre 1993, 17 [Demandes d’emploi].)
2. H. 52 ans, rech. emploi ds hôtel rest. coll. plonge ou autres, très bon Michel Morin […]. (Le Carillon 33, Bordeaux, n° 930, 18 octobre 1993.)
3. Sté rénovation recherche Michel Morin, formation de base peinture bâtiment ayant des connaissances en menuiserie, électricité
et plomberie. (Hebdo Gironde, Bordeaux, n° 978, 25 octobre 1993, 15 [Offres de services divers].)
4. Pour Bordeaux Cherche couple gardiens, logement indépendant. Homme jardinier, Michel Morin. Femme de ménage sachant cuisiner. Bonnes références contrôlables exigées. (Sud-Ouest Dimanche, Annonces Impact, 14 novembre 1999, 51.)
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1790 (« N’y a-t-il pas de ces beaux foutus parleurs qui, dans leur vaste taudis, font les
Michel Morins », DDL 32, d’après Jean Bart 110, 6, publication parisienne, texte de L.-M. Henriquez, peut-être originaire de
Blois)a, cet emploi a été relevé au début du 19e s. à Paris (1808 D’HautelBasLangage) et dans le Nord (FEW), et à la fin du 19e s. dans la région nantaise (FEW) et en Gascogne (PépinGasc). Il ne semble d’usage
courant aujourd’hui que dans la région de Bordeaux (BoisgontierAquit 1991), même s’il
est bien connu dans le Gers et les Landes ; mais si l’aire du mot s’est réduite en
France (encore en 1932 on le relève dans M. Prévost, Marie des Angoisses, 83 – l’auteur avait pu l’entendre dans le Lot-et-Garonne), elle s’étend par ailleurs
aux Antilles et à la Réunion, ce qui confirme sa relative ancienneté (JourdainMartiniqueVoc
1956, 125 ; ChaudRéun 1974, 811). Création déonomastique sur Michel Morin, nom d’un prétendu bedeau d’un village picard, héros de la littérature de colportage
au 18e s., fertile en expédients (J. Benoist, « Qui était Michel Morin ? » Espaces créoles 2, 1977, 113-114). La plus ancienne mention de ce personnage date de 1728 (La vengeance du trépas funeste du fameux Michel Morin, Troyes, Vve Garnier, recueil de chansons conservé à Paris, Bibl. nat., Rés. Vm Cr 305)b.
a Déjà comme n. m. dans un contexte libre : « Il enfile des merles Et déniche des perles : C’est un Michel Morin. Maman, j’aime
Robin, Maman, j’aime Robin » (Chanson de l’abbé Lapin, 1779, 14e couplet, dans La Petite Revue, 11 [1866], 163, qui cite Le Gazetier badin, A. Glottopolis, 1779, 233 ; dans une comparaison illustrant le sens de "factotum" : « Dame jeanne, portant de la biere & des verres. Eh, mais dame, je ne peux pas tout faire ; je ne suis pas comme Michel Morin, qui
sonne les cloches & qui va à la procession. Je ne peux pas faire votre souper & aller
à la cave » ([Carmontelle], Proverbes dramatiques, 1781, t. 8, 186). Comme celle des DDL 32, ces datations sont dues à Pierre Enckell.
b Comm. de F. Carton. L’indication de SuireBordeaux 1988 et 2000, selon lequel « la plus lointaine mention de Michel Morin semble dater de 1724 » dans F. Charpentier, Carpentariana, semble erronée : dans cet ouvrage de 494 pages (en fait composé et publié par Boscheron
à Paris chez Nicolas Le Breton, fils), il n’est nulle part « raconté dans un latin de cuisine comment notre héros se tua d’un arbre où il dénichait
des pies » ni « qu’il était sans rival pour faire des fagots ».
◇◇ bibliographie. PépinGasc 1895 ; BoisgontierAquit 1991 ; FEW 6/2, 78a, Michael ; Aguaine 8 (1974), 393-304 ; les ex. 1-3 sont dus à l’obligeance de Mme M.-J. Brochard.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Gers, 100 % ; Gironde, 90 % ; Landes, 65 % ; Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, 0 %.
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