mon ! [mɔ̃:] interj.
〈Surtout Lorraine〉 fam. "(pour marquer la surprise, l’admiration ; pour renforcer une assertion)". Mon ! Quel sale temps ! (LanherLitLorr 1990). Mon[,] qu’il est bête, il n’en dit que des comme ça ! (MichelNancy 1994). « Monnn ! T’as vu la neige ! » (L’Est républicain, éd. Nancy, 8 février 1999, 2).
1. La femme sourit […]. Marchat la regarda […] .
– Môn ! Elle était infiniment désirable, sa poitrine penchée, et ses longs cheveux épars sur le dos, blonds. (V. Decombis, dans Nouvelles lorraines, 1980, 66.) 2. – Salut la compagnie ! Tiens, je suis pas le dernier à c’ que je vois !
– Mais regardez voir [v. voir1] qui c’est qui nous arrive là […] ! – Mônh… la gueule !! (Baru, Roulez jeunesse !, 1991, 12.) 3. « Monnnn ! T’as vu l’ordi [= ordinateur] ? Il est transparent ! » Ecoles, collèges : jeunes lecteurs au rendez-vous, hier, du livre sur la Place [à
Nancy]. Dont nombre reviendront aujourd’hui ou demain en famille. (L’Est républicain, éd. Nancy, 26 septembre 1998, 68.)
4. Jadis, chaque jour, qu’il pleuve, vente, neige ou canicule, le père M., un grand-père
ruralement admirable […], s’en venait contempler l’état de la rivière. Et le verdict
tombait, énoncé dans cette sorte de jubilation que provoque l’ordre naturel des choses
et de la nature. Avec cet accent sub-vosgien qui donne du poids aux mots, il disait,
le brave homme : « Mon, mais y’a point d’eau ! » ; ou alors, simple et commode alternative : « Mon, mais y’a de l’eau ! » (P. Georges, dans Le Monde, 13 juillet 2000, 34.)
■ graphie. Les diverses graphies veulent indiquer l’intensité avec laquelle est concrètement
réalisée l’interjection.
◆◆ commentaire. Adverbe de renforcement, utilisé en afr. et mfr. surtout avec les verbes savoir, faire, être, avoir et, à l’impératif, voir (FEW), qui a survécu surtout dans les dialectes de l’Ouest (v. DuPineauR 1746-48
et DuPineauC ca 1750) et de façon plus ponctuelle en Lorraine (sous forme d’interjection), où FEW
atteste mon dans les Vosges en 1917 ("exclamation qui exprime l’étonnement, l’admiration"). Non prise en compte par la lexicographie générale contemporaine, mon n’est enregistré que depuis peu dans les relevés régionaux lorrains.
◇◇ bibliographie. TuaillonRézRégion 1983 ; LanherLitLorr 1990 ; MartinVosges 1993, 41 ; MichelNancy
1994 « usuel » ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 6/3, 217a, munde.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Meuse, Moselle, Vosges, 100 % ; Meurthe-et-Moselle, 75 %.
|