mouillasser v. impers.
〈Haute Bretagne, Mayenne, Sarthe, Maine-et-Loire, Centre-Ouest, Rhône, Loire (Poncins),
Drôme, Ardèche (Annonay), Bordeaux〉 fam. "bruiner, crachiner". Synon. région. brousiner/broussiner*, chagriner*.
1. […] le mardi matin, ça mouillassait déjà quand on a parti [sic] de chez nous. (H. Bouyer dans L’Éclair, 28 avril 1973, cité par BrasseurNantes 1993.)
■ dérivés. fam.
1. mouillasse n. f. 〈Maine-et-Loire, Vendée〉 "temps pluvieux" ; 〈Bordeaux〉 "bruine, petite pluie" (DuclouxBordeaux 1980). Synon. région. boucaille*. « On ne sortira donc pas de cette mouillasse ? grommelaient les hommes. On en sortit. Un dimanche matin, après une longue et morne
semaine de pluie, le ciel apparut clair » (H. Revault, Marie Courlavoine, la jument et le poulain, 1980, 89) ; « […] les vents ont tourné, dans la cour, le ciment est sec. Pas trop tôt, y en a assez
de cette mouillasse ! » (G. Anger et J. Huguet, La Chaume, un peuple en fête, 1983, 54.) ; « Il fait un sale temps. / “De la mouillasse…” dira Labric » (G. Favreau, Grappilles et grappillons, 1984, 75).
2. mouillasserie n. f. 〈Centre-Ouest, Rhône, Loire (Roanne)〉 "bruine". Synon. région. boucaille*. « […] quand le temps virait à la mouillasserie, elle ne pouvait pas s’aider [= se servir] de son bras droit […] » (M. Clément-Mainard, La Foire aux mules, 1989 [1986], 167. – RézeauOuest 1984 ; VurpasLyonnais 1993 ; MichelRoanne 1998 « connu ».
◆◆ commentaire. Dérivé sur mouiller* (construit sur le même modèle que pleuvasser, neigeasser TLF 3, 684a) qui a été relevé dans le centre-ouest du domaine d’oïl, et de là dans
l’Amérique francophone, et en domaine francoprovençal aux 19e et 20e s. (FEW 6/3, 48a, *molliare). Il est attesté dans le français de Nantes dep. le début du 19e s. (région. 1820), mais antérieurement dans celui du Canada (dep. 1744, PotierHalford),
de même que dans celui de Lyon avec une tradition continue dep. le milieu du 18e s. ("pleuvoir par intervalles" DuPineauV ; "bruiner" PuitspeluLyon 1894 ; VachetLyon 1907 ; JamotChaponost 1975, 56 ; VurpasLyonnais 1993).
À l’époque contemporaine, son usage se maintient dans le français des provinces du
Centre-Ouest depuis le sud de la Bretagne jusqu’à Bordeaux (BrasseurNantes 1993 ;
BlanWalHBret 1999 (Loire-Atlantique) ; RézeauOuest 1984 ; DuclouxBordeaux 1980), parallèlement
à ses emplois dans les parlers dialectaux où il est fortement concurrencé par d’autres
types lexicaux (ALBRAM 529 ; FEW 6/3, 48a). Il est très courant dans le français de l’Amérique du Nord (DulongCanad 1989 ;
PoirierAcadG ; CormierAcad 1999 ; NaudMadeleine 1999 ; DéribleSPM 1986 ; BrassChauvSPM
1990 ; DitchyLouisiane 1932). Il se maintient dans le français de Lyon (« bien connu » VurpasLyonnais 1993) et du Beaujolais (« bien connu » VurpasMichelBeauj 1992) ainsi que dans le français de la Loire (MichelRoanne 1998
« usuel »), parallèlement à l’emploi du correspondant dialectal dans une petite zone à l’ouest
de Lyon et dans le nord des départements du Rhône et de la Loire (ALLy 787), et s’est
étendu dans le français de la Drôme (FréchetDrôme 1997), du nord de l’Ardèche (FréchetAnnonay
1995) et dans la Loire (GononPoncins 1984). Le dérivé mouillasserie est attesté en français de Lyon dep. le milieu du 18e s. ("action de jeter de l’eau" DuPineauV ; "bruine" VurpasLyonnais 1993), parallèlement à mouillasseux "(temps) pluvieux" (ibid.) ; il survit dans le français du Beaujolais (« usuel au-dessus de 40 ans, en déclin rapide au-dessous » VurpasMichelBeauj 1992), de même que dans les parlers dialectaux du nord du Rhône
et de l’ouest de Lyon (ALLy 788).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Loire-Atlantique, Maine-et-Loire,
Deux-Sèvres, Vendée, Vienne, 100 % ; Ille-et-Vilaine, Sarthe, 65 %.
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