palet n. m.
〈Haute Bretagne, Côtes-d’Armor, Maine-et-Loire, Centre-Ouest〉 usuel "petit disque de métal, en fonte ou laiton, avec lequel on vise un but dans un jeu
d’adresse ; par méton. le jeu lui-même, traditionnel en milieu rural". Saint-Donan [Côtes-d’Armor] / Concours de boules et palets (Ouest-France, éd. Saint-Brieuc, 19 août 1999, SBR15.)
1. Parallèlement aux jeux de boule, les Angevins continuent de pratiquer assidûment le
jeu de cartes, plus rarement le palet. (D. Brunetière, dans Anjou, 1985, 143.)
2. […] des groupes de paysans lancent le gros palet sur le chemin pour faire baisser [= digérer] un repas de baptême ou de noces, voire
de funérailles… (Y. Péan, Eusèbe Biotteau, vigneron angevin, 1988, 22.)
3. Chez nous on jouait beaucoup aux palets aussi. Il s’agit de lancer sur une planche
de bois, ben calée, des pièces d’environ 40 mm de diamètre, généralement en fonte,
qu’on appelle des palets. Un signe ou un numéro permet de les distinguer sur la planche. Le pointeur de l’équipe
lance d’abord le « maître » dans le coin de la planche le plus favorable à son équipe, car il s’agit de placer
ses palets le plus près possible de ce « maître » qui est un palet un peu plus petit que les autres. Il doit rester sur la planche sinon la partie est
annulée. Certains savent ben piquëa c’est-à-dire que leur palet attaque la planche sous un certain angle puis vient recouvrir le « maître », d’autres le « tirent » en visant le palet et en essayant de le chasser. Quand on lance sa pièce bien à plat pour essayer de
se placer au plus près du « maître », on appelle ça « paletë ». Généralement la partie se joue en treize points. (Chr. Leray et E. Lorand, Dynamique interculturelle et autoformation, Une Histoire de vie en pays gallo, 1995, 287.)
a Notation d’une prononciation dialectale [pikə], comme plus loin « paletë » [paltə].
4. Et on s’y attardait encore volontiers [à la cave] les après-midi de dimanches pluvieux :
il y avait toujours des amateurs pour le jeu de palets. (J. Néraud, Ma Rue, 1999, 133.)
5. Le coin du palet [titre] / Voici les derniers résultats des compétitions de palet organisées dans le département. Finale du championnat fonte, samedi 10 avril, à La Guyonnière, 280 joueurs étaient présents. […]. Résultats du championnat laiton […]. (Ouest-France, éd. Vendée-Est, 13 avril 1999, 8.)
V. encore s.v. coinche, ex. 11.
— Dans la loc. verb. jouer au(x) palet(s).
6. Le matin de son arrivée, le village lui avait paru riant et animé […], des enfants
jouaient au palet sur la place… (M. Clément-Mainard, La Foire aux mules, 1989 [1986], 33.)
7. Un dimanche je suis allée chez la couturière, son frère était un ami de Pierre, mon
futur mari. Ce jour-là, ils jouaient aux palets et moi j’allais donc payer une robe qu’elle m’avait façonnée. On s’est retrouvé [sic] tous les deux là ! (Chr. Leray et E. Lorand, Dynamique interculturelle et autoformation, Une Histoire de vie en pays gallo, 1995, 271.)
V. encore ici ex. 3.
■ remarques. L’objet lui-même se nomme pièce en Haute Bretagne (v. ici ex. 3, « des pièces […] qu’on appelle des palets »).
■ encyclopédie. « Règle et pratique du jeu de palets en Vendée », dans Chr. Hongrois, Faire sa jeunesse en Vendée, 1988, 189-190.
◆◆ commentaire. Mfr. et frm. palet "petite pierre plate ou petit disque de métal ou de bois avec lequel on vise par jeu
un but convenu ; par méton. ce jeu" est attesté dep. 1306, Guillaume Guiart [Orléanais], v. TLF. Le terme et le jeu qu’il
désigne sont depuis longtemps en faveur dans l’Ouest, où palet est aussi attesté au début du 16e s. (à Saint-Maixent, auj. Deux-Sèvres, en 1501 « jeu de pallet, qui ne est prohibé et defendu, ains tolleré et permis comme louable
et honneste », dans AHP 56 (1958), 162 ; 1534 Rabelais, Gargantua) et ce jeu semble bien aujourd’hui une spécificité de l’Ouest de la France (que FEW
relève, au 19e et au début du 20e siècle, de la Normandie à la Saintonge).
◇◇ bibliographie. MussetAunSaint 1938 ; RézeauOuest 1984 ; BlanWalHBret 1999 palets pl. ; FEW 7, 478b, pala.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Charente, Charente-Maritime, Vendée, Vienne, 100 % ; Deux-Sèvres,
75 %.
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