penn-baz [penbɑs] n. m.
〈Basse Bretagne〉
1. vieilli ou t. de folklore "bâton lourd et solide (souvent de houx, à bout ferré, durci à la flamme)".
1. […] un penn-baz en forme de massue et dont la poignée est pourvue d’un lacet en cuir qui le rattache
à l’homme. Car c’était là, naguère encore, une arme de défense en cas de mauvaise
rencontre. (P.-J. Hélias, Le Cheval d’orgueil, 1975, 93.)
2. Chez Picollec, la mère faisait la loi. Et pas à coups de torchon, elle usait pour
mater ses garnements d’un pen baz [en note : gourdin] de houx dont les nodosités laissaient sur les fesses et les râbles de
douloureuses marques bleuâtres. (J. Failler, L’Ombre du vétéran, 1994 [1992], 97.)
3. […] elle entendit plus nettement cette fois ce qu’elle avait pris pour un bruit de
pilon sur le pavé. Il était produit par un curieux bonhomme qui tenait deux chiens
en laisse et marchait en s’aidant d’une de ces lourdes cannes qu’en Bretagne on appelle
un « pen baz » et qui s’apparente plus à une solide trique qu’à un jonc élégant. (J. Failler, Bouscaille sur Douarnenez, 1996, 68.)
4. Il avait un visage chafouin, un regard bigle et […] la parfaite dégaine du braconnier,
tel qu’on le représente au cinéma. / […] elle craignait le coup fourré. Qu’arriverait-il
si, par exemple, il décidait de lui asséner un coup de son terrible « pen baz » ? (J. Failler, Bouscaille sur Douarnenez, 1996, 224.)
V. encore ici ex. 5.
2. Au fig. coup de penn-baz loc. nom. m. "prix trop élevés pratiqués par un hôtelier ou un restaurateur ; note excessive qu’il
présente". Stand. fam. coup de fusil/de massue. – Dans ce restaurant-là, c’est le coup de penn-baz.
□ En emploi métalinguistique.
5. Le coup de penn-baz. / Le penn-baz était un bâton qui ne quittait jamais les paysans cornouaillais dans leurs déplacements,
au siècle dernier. […] La littérature romantique a voulu faire une terrible arme de
guerre de cet instrument à la fois défensif, utilitaire et décoratif, qui servait
plus souvent de canne que de gourdin. / De nos jours, on utilise son nom d’une manière
plaisante, comme équivalent du « coup de massue » que l’on reçoit en prenant connaissance du montant excessif d’une note de restaurant.
(Y. Le Berre et J. Le Dû, Anthologie des expressions de Basse Bretagne, 1985, 170.)
■ graphie. Les diverses graphies témoignent d’un usage fluctuant, sans tradition lexicographique
française.
◆◆ commentaire. 1. Transfert du breton de même sens, littéral. penn "tête" et baz "bâton" (littéral. "bâton à grosse tête" (Troude 1876), le bâton pouvant avoir une extrémité renflée), attesté dep. ca 1850 (FEW, source non identifiée) et documenté par de nombreux exemples dans A. Le
Braz dep. 1889 (« Et le clerc, sans défiance, jette loin de lui son penn-baz » (Magies de la Bretagne, éd. Lacassin, t. 2, 1281 ; v. encore ibid. t. 1, 587, 627, 688, 828, 949, etc.). Le mot, dont Frantext ne livre qu’un seul exemple (Leconte de Lisle, 1862) est absent des dictionnaires
généraux du français. Il a certainement été popularisé par la chanson de Théodore
Botrel intitulée Mon penn-bas, v. la préface d’A. Le Braz aux Chansons de chez nous, de Th. Botrel, publiées en 1898 et qui contiennent cette chanson (A. Le Braz, op. cit., éd. Lacassin, t. 1, 1142). 2. non documenté à date ancienne, est une métaphore suspecte d’être récente qui poursuit
le même sens figuré de bret. bazad n. f. "coup de bâton", cf. « Fedamdoulle, sell aze eur vazad dit ! nom d’un chien ! en voilà un coup de fusil pour toi ! (à l’hôtel : une addition exagérée,
exorbitante) » (J. Gros, Le Trésor du breton parlé, Saint-Brieuc, vol. 2, 1979, 35-36).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (2) Finistère, 60 % ; Côtes-d’Armor, 30 % ; Morbihan, 25 %.
|