plot n. m.
1. 〈Cher, Allier, Franche-Comté, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme,
Hautes-Alpes, Provence, Ardèche, Haute-Loire (Velay), Creuse〉 usuel.
1.1. "tronçon d’une bille de bois sur lequel on fend le bois". Stand. billot. – Le « plot » qui sert à fendre le bois (J. Lazare, L’Ami Pouchu, 1988, 107). Le plot qu’on fend le bois (DromardDoubs 1991).
1. Enfin, la vieille l’appela. Il planta sa hache dans le plot et retourna vers la maison. (B. Clavel, La Maison des autres, 1962, 138.)
2. Instinctivement il avait saisi la hache fichée dans le plot au pied de la pierre d’évier. (P. Arnoux, Les Loups de la Mal’Côte, 1991, 18.)
3. Elle [la hachette] glisse le long du plot, le tranchant en demi-lune planté dans l’herbe, à ses pieds. (G. Rey, La Montagne aux sabots, 1994, 121.)
4. Alexandre déplace quelques morceaux de bois, le plot, deux ou trois fagots pour libérer la place de la carriole. (A. Aucouturier, Le Dénicheur d’enfance, 1996, 49.)
5. La Nette en donnait aussi quelques-unes [des betteraves] à ses lapins et en utilisait
un peu qu’elle coupait sur un plot de bois au moyen d’un couperet pour mélanger à la pâtée de ses volailles. (R. Langlois,
Les Raisins de la passion, 1996, 58.)
6. Comme l’habitation, l’atelier fait de matériaux trouvés sur place se fond avec le
bois. Une bille sur trois pieds est devenue ce plot où la hache donne une première forme. (G. Rey, Le Sac à musique, 1997, 73.)
7. La Magnin ébauchait [les douelles] et Magnin finissait. Mais c’était le même geste,
sur des plots à trois pattes identiques, avec des haches à peu près semblables. (B. Clavel, Les Petits Bonheurs, 1999, 70.)
— En alternance avec billot.
8. Après avoir réfléchi un moment, nous nous décidâmes : je tiendrais la poule, la tête
sur le billot à fendre le bois et mon frère, lui, trancherait le cou avec la hache
[…]. / Avec précaution, je maintins le volatile sur le « plot » et pan ! Au premier coup de hache, heureusement, la tête tomba […]. (A. Nicoulin,
Le Dessus du Mont, 1979, 52.)
— Dans des comparaisons fam.
● 〈Surtout Allier, Jura, Haute-Savoie, Savoie, Rhône, Provence〉 dormir comme un plot loc. verb. fig. "dormir profondément". Stand. dormir comme une souche.
● 〈Jura〉 adj. + comme un plot. Tu es lourd comme un plot ! (à un enfant qu’on ne peut plus porter) (RouffiangeMagny 1983). péj. bête comme un plot (Lyon).
1.2. Au fig. 〈Isère (La Mure), Hautes-Alpes (Gap), Loire〉 fam.
— vieilli "lourdaud". Ce n’est pas un garçon intéressant, pas malin, un vrai plot ! (GermiLucciGap 1985).
— 〈Allier (est), Loire (Poncins)〉 "(terme d’adresse affectueux à un petit enfant)". Viens mon gros plot, viens ! Eh ben, t’es joliment lourd ! (GononPoncins 1984, qui précise : « C’est un très grand compliment qu’on se doit de faire à la mère de tout bébé bien
portant »).
1.3. Par restr. 〈Indre, Cher, Allier (nord-ouest), Saône-et-Loire, Rhône〉 "bloc de bois sur lequel on hache des herbes, des légumes, de la viande ; en part. bloc de bois sur lequel le boucher débite la viande". Stand. billot.
9. Le boucher était à son plot. Il aplatissait une escalope. (H. Bonnier, L’Enfant du Mont-Salvat, 1985 [1980], 312.)
■ variantes. 〈Nièvre, Saône-et-Loire, Côte-d’Or〉 plotte n. f. « Chez les antiquaires, une plotte se vend au moins 500 F » (TuaillonRézRégion 1983) ; TavBourg 1991.
1.4. Par ext. 〈Rhône, Loire, Isère, Ardèche (Annonay)〉 Surtout rural, vieillissant "petit tabouret (à traire)".
2. Par anal. 〈Doubs, Haute-Savoie, Savoie〉 usuel "matériau de construction en forme de parallélépipède, fait de mortier et de gravillons
agglomérés et moulés". Stand. aggloméré (abrév. agglo), parpaing. Synon. région. moellon*, plotet*.
— Par restr. 〈Jura, Isère (La Mure)〉 "socle de ciment". Va bientôt falloir installer la terrasse, on va sortir les plots pour les parasols (Patron de café, dans DucMure 1990).
■ dérivés. 〈Surtout Doubs, Jura, Ain, Rhône, Isère (Villeneuve-de-Marc)〉 plotet n. m. "matériau de construction en forme de parallélépipède, fait de mortier et de gravillons
agglomérés et moulés ou en terre cuite". Synon. région. moellon*, plot*. « Acheter des plotets pour faire des cabanes à lapins » (BlancVilleneuveM 1993). – Mâcon 1903-1926 "brique épaisse et étroite" ; DuraffHJura 1986 « régionalisme inconscient » ; DromardDoubs 1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 "briques faites à partir des résidus de la fusion des minerais ferreux et de la combustion
de la houille" ; BlancVilleneuveM 1993 « connu des utilisateurs de ce matériau » ; VurpasLyonnais 1993 « connu » ; SalmonLyon 1995 (avec ex. non datés, dans la loc. verb. fig. manger des plotets) ; FréchetMartAin 1998.
◆◆ commentaire. Le français de référence et les données documentaires donnent plot en de nombreux emplois dans divers domaines techniquesa, mais le terme ne fait pas pour autant partie de la langue courante, notamment dans
la partie occidentale de la France, en Belgique et au Canada, alors qu’il est usuel
dans une large portion de l’aire orientale du territoire français, où « tout se passe comme si le mot […] était disponible pour désigner tout objet d’environ
50 x 50 cm, massif, caractérisé par sa stabilité » (DucMure 1990) et en Suisse romande où ses emplois sont particulièrement variés.
Attesté dès l’afr. et le mfr. (FEW ; TLF), plot est très vivant dans une aire qui s’étend de la Franche-Comté à la Provence ; pour
son origine, comme l’indique le DSR, « on parlera […] d’une influence phonétique des représentants de plautus sur ceux de blok, et non d’un croisement ». La prise en compte des usages régionaux analysés ici est très faible dans les dictionnaires
généraux contemporains (elle se limite aux sens 1.1. et 1.4.). 1.1. est attesté dep. 1290 chez le Comtois Jean Priorat (TLF). Il est accueilli dans plusieurs
dictionnaires généraux contemporains (Ø Rob 1985 et NPR 1993-2000), qui rendent plus
ou moins compte de son usage régional : GLLF, sans marque, citant Daudet ; TLF « région. (Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne, Provence) » ; Lar 2000 « Suisse ». La loc. dormir comme un plot est attestée dans le français de Lyon dep. 1883 (SalmonLyon ; déjà en 1820 en Suisse
romande, DSR). 1.2. est attesté dans le français de Langres dep. 1822 (« c’est un gros plaut » Mulson). 1.3. est attesté dep. 1566 dans le français de Suisse romande (Pierreh). 1.4. est attesté dep. 1810 (Molard) ; cf. TLF « région. (Forez, Lyonnais, Provence, Savoie) ». 2. est attesté dep. 1986 (GuichSavoy).
a Noter la diffusion récente de plot "petite borne délimitant un couloir de circulation (en zone urbaine), délimitant un
périmètre ou interdisant un stationnement", ainsi : « […] plots “inesthétiques et dangereux” qui ont été mis le long de la piste cyclable. “Les bus n’arrivent pas à passer. Dans les autres rues, les pistes cyclables ne sont
pas bordées de plots et ne prennent pas de ce fait autant de place” » (Dernières Nouvelles d’Alsace, éd. Strasbourg, 19 avril 1997, ST 8) ; « Elle [une voiture lors d’un test d’essai] a franchi les plots rouge et blanc avec évitement d’obstacle » (Le Monde, 16-17 novembre 1997) ; « Assis sur un plot en béton, Fathy, dix-huit ans, observe la police courir derrière une poignée de vandales » (Le Monde, 17 octobre 1998, 6)..
◇◇ bibliographie. SchneiderRézDoubs 1786 ; GononPouilly, 92 (texte de 1797) ; MollardLyon 1810 "siège de bois massif sans bras ni dossier" ; MulsonLangres 1822 (1.2.) ; ReynierMars 1829 "billot" ; GabrielliProv 1836 "grosse pièce de bois sur laquelle on coupe la viande, billot" ; JaubertBerry 1838 et JaubertCentre 1864 " billot de bois" ; ConnyBourbR 1852 "billot (pour hacher la viande)" ; MonnierDoubs 1859 "bille de bois à l’usage des cuisiniers" ; MègeClermF 1861 "billot pour hacher herbes et viande" ; BeauquierDoubs 1881 "billot" ; PuitspeluLyon 1894 "billot" ; FertiaultVerdChal 1896 "billot ; escabeau ; billot pour hacher" ; MichelDaudet "siège rustique", ex. de 1897 ; ConstDésSav 1902 "billot, bloc de bois" (1620 « le ploct de l’enclume » à Annecy) ; GuilleLouhans 1894-1902 "billot pour la viande" ; Mâcon 1903-1926 "billot de bois ; borne de pierre" ; VachetLyon 1907 "billot" ; CollinetPontarlier 1925 "bille de bois ; bois dépouillé de son écorce" ; BoillotGrCombe 1929 id. ; BrunMars 1931 "billot de bois chez les bouchers" ; PrajouxRoanne 1934 "épais quartier de bois ; petit banc de bois" ; MiègeLyon 1937 "billot (pour couper la viande ; pour fendre du bois)" ; « Le plot est aussi le petit tabouret sur lequel la couturière pose un pied pour coudre, ou
sur lequel s’assied l’enfant. Très vivant en ce sens, il y a quelque vingt ans, il
n’a certainement pas disparu » (Ch.-J. Millon, c.r. de Miège, FrMod 6, 1938, 81) ; ParizotJarez [1930-40] "billot (pour le bois)" ; DuraffVaux 1941 "grosse souche de bois sur laquelle on fend de petits morceaux" ; DornaLyotGaga 1953 "billot (pour fendre le bois ; pour couper la viande)" ; "personne lourde dans ses attitudes et sa démarche" ; GononPouilly, 100 « très courant en fr. local » ; DuprazSaxel 1975 s.v. plo "billot pour le bois" ; JamotChaponost 1975 "billot" ; BonnaudAuv 1976 "billot" ; GrandMignovillard 1977 "bille de bois ; tronçon d’arbre ; talon au jeu de cartes" ; RLiR 42 (1978), 181 (Lyon, Savoie, Isère) "billot pour fendre le bois" ; BichetRougemont 1979 "billot, bloc de bois" ; BonnaudAuv 1980 (à la nomenclature française) ; BretogneLivradois 1980 "billot ; souchon" ; ManteIseron 1980 "tronc pour bois d’œuvre ; tabouret pour traire ; gros morceau de bois pour fendre
les bûches" ; RouffiangeMagny 1983 "billot à fendre le bois" ; TuaillonVourey 1983 "billot" « usuel : le mot français billot est inconnu avec ce sens » ; GononPoncins 1984 "billot pour fendre les bûches ; bel et gros enfant" ; MeunierForez 1984 "billot (à fendre le bois) ; personne pas très grande, mais lourde" ; GermiLucciGap 1985 "billot" « courant » et "lourdaud" « tend à disparaître » ; DuraffHJura 1986 "billot" ; GuichSavoy 1986 "billot ; moellon" ; MartinPellMeyrieu 1987 "billot à fendre le bois" ; ArmanetVienne 1989 "petit tabouret ; billot (pour le bois ; pour la viande)" ; MartinPilat 1989 "billot ; tabouret" « usuel à partir de 40 ans » ; DucMure 1990 "billot pour fendre les bûches ; socle de ciment ; pièce de bois transversale ; personne
lourde, au physique et au moral" ; DromardDoubs 1991 et 1997 " billot ; parpaing ; enfant lourd à porter" ; TrouttetHDoubs 1991 "billot ; grume" ; ColinParlComt 1992 "bille de sapin pour fendre le bois" ; VurpasMichelBeauj 1992 "billot ; tabouret" ; BlancVilleneuveM 1993 "tabouret ; billot (pour fendre le bois) ; souche d’arbre" « usuel » ; DubuissBonBerryB 1993 "billot à hacher" ; DuchetSFrComt 1993 "bûche [sic] pour fendre le bois" ; FréchetMartVelay 1993 "billot pour le bois" « globalement usuel » ; GagnySavoie 1993 "billot (pour fendre le bois ; pour couper la viande)" ; VurpasLyonnais 1993 "billot (pour fendre le bois)" « bien connu » ; FréchetAnnonay 1995 "billot ; tabouret pour traire ; pièce cubique en bois du pressoir" « globalement connu » ; RobezMorez 1995 "billot" « courant partout » ; SalmonLyon 1995 "billot pour la viande" ; DSR 1997 (riche article, avec bibliographie, dont on s’est ici inspiré) ; FréchetDrôme
1997 "billot ; tabouret ; pièce de bois cubique du pressoir" « globalement bien connu » ; ValMontceau 1997 "billot (pour fendre le bois/du boucher) ; bloc de bois massif" ; FréchetMartAin 1998 "billot" « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel » "billot ; tabouret" ; PlaineEpGaga 1998 "billot ; personne lourdaude" « encore utilisé » ; Baldinger TraLiLi 4, 1966, 61 ; ChambonÉtudes 1999, 232 ; ALCe 118 ; ALJA 564 ;
ALLy 242 ; FEW 9, 53a, plautus (données isolées) et 15/1, 167b–168a, blok (où toute la famille se trouve).
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : ("billot") Isère, Haute-Saône (sud), Savoie, Haute-Savoie, 100 % ; Ain, Drôme, Haute-Loire
(Velay), 65 % ; Loire, 40 % ; Ardèche, Rhône, 30 % ; Doubs, Jura, Haute-Saône (nord),
Territoire-de-Belfort, 0 %. – (plote) Nièvre, 50 % ; Saône-et-Loire, 35 %.
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