radée n. f.
〈Jura, Haute-Savoie, Savoie, Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme, Hautes-Alpes (centre),
Ardèche (Annonay, Mariac), Haute-Loire (Velay)〉 fam. "précipitation de pluie (ou de grêle), abondante et soudaine, de courte durée". Stand. averse. – Recevoir une radée ; courir sous la radée ; attendre que la radée soit passée. Être
rincés par une sacrée radée ([Régis Guyotat, originaire de la Loire], Le Monde, 16-17 juillet 2000).
1. T’nez, je voudrais qu’il [le bon Dieu] en foute une « radée » [en note : violente averse] pendant au moins quinze jours et que la Loue monte quatre fois
plus haut qu’en 1910, pour qu’y soient tous [les occupants allemands] noyés comme
des rats !… (R. Vuillemin, La Chasse aux doryphores, 1989, 43.)
2. Ce temps bouché, je trouve ça insupportable. Mieux vaudrait une bonne radée et que ça soit fini. En Bretagne, t’as souvent une bonne radée le matin et après, il fait beau le reste de la journée. (G. B., né à Lyon en 1935,
12 mars 1999.)
— Dans une comparaison.
3. […] les ennuis allaient pleuvoir sur moi comme une interminable radée de grêlons. (R. Belletto, Sur la terre comme au ciel, 1983 [1982], 243.)
□ Dans un contexte métalinguistique.
4. Il ne reste guère de tournures syntaxiques, guère de vocabulaire local [à Lyon] en
1976. L’accent subsiste, et quelques locutions dont personne ne pense qu’elles sont
du cru : quand vous viendrez « en Bellecour », cher Maître et Ami, on vous offrira sans doute de « boire pot »* pour vous rafraîchir, ou un peu de « frambouâse » pour vous réchauffer si vous êtes « trempe »* pour avoir reçu la « radée ». (M. Gonon, dans MélGossen 1976, 295.)
◆◆ commentaire. Terme usuel dans le français de la région Rhône-Alpes (à l’exception des Savoies ;
il est également inconnu en ce sens en Suisse romande), dont il déborde au nord sur
le Jura et au sud sur la Drôme, les Hautes-Alpes, l’Ardèche et la Haute-Loire (où
il est en concurrence avec les formes locales ramade et ramée empruntées à l’occitan). Attesté dep. 1750 (Du Pineau) en fr. de Lyon, ville qui
l’a diffusé, radée est de tradition récente dans la lexicographie générale, où il est encore assez mal
documenté : il y est entré au 20e s. (GLLF, Rob 1985 et TLF, qui seul précise grossièrement la localisation, « Sud-Est ») grâce à son emploi par A. Daudet, seul témoignage littéraire recensé par ces dictionnaires
(mais Daudet a passé une partie de sa jeunesse à Lyon, où il a pu apprendre ce mot).
Le même type, dérivé sur le type d’afr. rade adj. "torrentueux, impétueux", « encore en usage dans certains dialectes » (TLF), se rencontre en frpr. (FEW ; ALLy 786 ; ALJA 25) ; mais dans l’état de la
documentation, conclure à un emprunt du français de Lyon à ces variétés dialectales
n’est qu’une hypothèse.
◇◇ bibliographie. DuPineauV, 254-255 ; MolardLyon 1810 ; RollandLyon 1813 ; PuitspeluLyon 1894 ; Mâcon
1903-1926 ; VachetLyon 1907 ; ParizotJarez [1930-40] ; PrajouxRoanne 1934 ; MiègeLyon
1937 ; BaronRiveGier 1939 ; JamotChaponost 1975, 56 et 62 ; ManteIseron 1980 ; TuaillonVourey
1983 ; ArmanetVienne 1984 ; GononPoncins 1984 ; MeunierForez 1984 ; DuraffHJura 1986
« régionalisme inconscient » ; MartinPellMeyrieu 1987 ; DufroidVienne 1989 ; BessatGerMtBl 1991 (Sainte-Foy) ;
MazaMariac 1992 ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel » ; BlancVilleneuveM 1993 ; FréchetMartVelay 1993 « globalement attesté » ; VurpasLyonnais 1993 « usuel » ; FréchetAnnonay 1995 « usuel » ; LaloyIsère 1995 ; RobezMorez 1995 ; SalmonLyon 1995 ; CottetLyon 1996 s.v. averse « très courant » ; GermiChampsaur 1996 ; FréchetDrôme 1997 ; FréchetMartAin 1998 « usuel » ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; FEW 10, 66b, rapidus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Ardèche, Drôme, Loire, Haute-Loire (Velay), 100 % ;
Isère, 80 % ; Rhône, 65 % ; Savoie et Haute-Savoie, 50 %.
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