pot n. m.
〈Surtout Ain, Rhône, Loire, Isère, Drôme〉 usuel "bouteille de couleur blanche, au cul épais, contenant 46 cl, dans laquelle on sert
le vin ; par méton. contenu de cette bouteille". Un pot de beaujolais (San-Antonio, Le Standinge selon Bérurier, 1970 [1965], 178 ; Ch. Exbrayat, Félicité de La Croix-Rousse, 1988 [1968], 19 ; Fr. Joly, L’Homme au mégot, 1990, 40). Pots de Mâcon blanc (F. Deschamps, Croque en bouche, 1980 [1976], 44).
1. […] le Montagnieu de l’année tiré au tonneau, compté au pot… (F. Deschamps, Croque en bouche, 1980 [1976], 15.)
2. Ils ont franchi la porte de la cuisine, en repoussant leur casquette en arrière […].
Pas besoin qu’ils annoncent : deux verres et un pot, voilà leur mesure, que je connais et que j’amène d’autorité. (Cl. Bourgendre, Le Tablier de sapeur, 1979, 29.)
3. […] le paquet de gris avec lequel on se les roulait voisinait sur la table avec le
pot de Beaujolais […]. (M. Bailly, Le Piosou, 1980, 137.)
4. Ce beaujolais, dont le culte a décru depuis entre Rhône et Saône, se vendait à l’époque
[dans l’entre-deux-guerres] « au mètre » dans les jeux de boules populaires, près de la place Bellecour. Au douzième « pot » [en note : Le pot existe toujours : il contient 46 centilitres], le patron régalait du treizième.
(Claude Régent, dans Le Monde Dimanche, 18 juillet 1982, VI.)
5. Bousigues […] haussait soudain la voix pour commander un pot de côtes [= côtes-du-Rhône], accompagnait son injonction d’un claquement de paume
sur la table. (J.-N. Blanc, Chiens de gouttière, 1989, 90.)
6. Comme chaque troisième jeudi de novembre depuis quelque trente ans, le beaujolais
nouveau est arrivé le 20 novembre, en robe cerise, presque grenat, un peu plus foncé
que ces dernières années […]. En France, le « pot » devrait être vendu aux alentours de 20 F. (Le Monde, 21 novembre 1997, 36.)
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
7. […] il existe dans cette ville [Lyon] et sa région, une unité de vin qu’on appelle
le pot : il s’agit d’une bouteille contenant quarante-six centilitres de vin, c’est-à-dire
de quoi servir trois canons (verre de quinze centilitres environ). (M. de Certeau
et al., L’Invention du quotidien, 1994 [1980], t. 2, 132.)
8. Tout ça arrosé d’un « pot » de rouge, la bouteille régionale de quarante centilitres, dont mon oncle buvait plus
des trois quarts. (Cl. et J. Jeury, Le Crêt de Fonbelle, 1981, 46.)
— Dans la loc. verb. boire pot vieilli "boire un pot". Voir s.v. radée, ex. 4.
■ encyclopédie. « […] ce pot de quarante-six centilitres a pris du galon dans la restauration lyonnaise.
On le vend chez les antiquaires et brocanteurs, et les patrons des “bouchons*” du centre l’ont remis sur leur carte, et leur table, comme témoin de l’identité culturelle
du lieu » (M. de Certeau et al., L’Invention au quotidien, 1994, t. 2, 380, n. 3.)
◆◆ commentaire. Fr. pot "récipient destiné à contenir du vin" (dep. 1176-81, Chrétien de Troyes, v. TLF) a désigné des référents de contenance
assez proche (ainsi PuitspeluLyon 1894 "pot s’emploie pour équivalent de litre" ; Mâcon 1903-1926 "bouteille"). Au sens précis analysé ici, pot n’est attesté que dep. 1938 à Lyon (« […] pot équivalant à une chopine (45 à 50 centilitres) […] est d’un emploi absolument général » Ch.-J. Millon, c.r. de Miège, FrMod 6, 1938, 82). Cet emploi est ignoré des dictionnaires
généraux contemporains.a
a On n’a pu vérifier l’indication selon laquelle « une loi scélérate de la même année [1846] décrète que le pot sera ramené à une contenance
de 46 cl. Une misère ! » (Pierre Grison, Des mets et des mots lyonnais, Lyon, éd. Xavier Lejeune, 1999, 58).
◇◇ bibliographie. ArmanetVienne 1984 ; MeunierForez 1984 ; VurpasMichelBeauj 1992 « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 « usuel » ; SalmonLyon 1995 ; CottetLyon 1996 ; FréchetMartAin 1998 ; MichelRoanne 1998 « usuel » ; FEW 9, 262a, pottus.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ain, Loire, 100 % ; Drôme, Rhône, 65 % ; Isère, 60 % ; Savoie
et Haute-Savoie, 50 % ; Ardèche, 30 %.
|