service n. m.
I. fam. [Le sujet désigne une personne]
1. 〈Vendée, Deux-Sèvres, Vienne, Charente-Maritime, Charente, Franche-Comté, Corrèze,
Dordogne, Gironde〉 être de service loc. verb. "se montrer obligeant, serviable". Stand. être serviable. – Les voisins sont tout à fait de service (M. Chaulanges, Rouges Moissons, 1975, 173).
1. – […] Il ne parle pas beaucoup.
– Pourtant, il est bon comme le pain et bien de service. S’il te promet quelque chose, tu peux y compter. (M. Chaulanges, Les Mauvais Numéros, 1971, 153.) 2. Ça serait pas un mauvais gars, il est de service, il connaît bien son métier. (G. Anger et J. Huguet, La Chaume, un peuple en fête, 1983, 57.)
3. « Il est bien de service. » (Enseignante, 42 ans, originaire de Villers-le-Lac, dans le Haut Doubs, à propos
d’un élève ; relevé à Belfort le 12 mai 1997.)
— Par ellipse.
4. Il avait toutes les qualités ! Et de service ! et plaisant et actif ! et brave* ! (G. de Lanauve, Les Mémoires d’Anaïs Monribot, 1969, 108.)
5. – […] Ça encore, c’est grâce à l’abbé Brissaud.
– Un saint homme, et de service, murmura la Maïvé ! (M. Peyramaure, L’Orange de Noël, 1996 [1982], 187.) 6. […] les relations étaient courtoises et agréables entre les habitants, de service, et Sylvie et son père […]. (M. Dussauze, Le Pont du lac Saint-Point, 1995, 23.)
□ En emploi métalinguistique.
7. […] une Madeleine d’une grande simplicité, de service comme on dit chez nous […]. (Hubert Vieille, La Voix du Haut-Doubs, 3 décembre 1982, dans L. Semonin, La Madeleine Proust, 1990, 40.)
2. 〈Surtout Eure-et-Loir, Loir-et-Cher, Loiret, Loire (Roanne)〉 être de bon service loc. verb. "id.".
8. Quatre heures. La femme d’Adrien arrive. Elle est de bon service à la cuisine la Marie-Louise. (Ch.-A. Klein, La Terre dans les veines, 1978, 182.)
— Par ellipse.
9. J’avais toujours entendu dire que les Delpastre de Lavaur c’était des gens d’honneur ;
des gens de bon service et sur qui on pouvait compter, hé bien ! je m’étais trompé… (R. Limouzin, Les Moissons de l’hiver, 1995, 161.)
3. 〈Haute-Vienne〉 être bon de service loc. verb. "id.".
10. « Je comprends mieux maintenant, se disait-il, pourquoi Félix Broussaud est si bon de service, comme le disent certaines braves femmes du bourg*. En effet, une fois par semaine, il emmenait à Limoges sa pleine voiture de voisines
pour leurs courses aux halles, au marché ou ailleurs. » (Panazô, L’Argent du ciel, 1987, 155.)
4. 〈Allier (nord), Puy-de-Dôme (Thiers)〉 être porté de bon service(s) loc. verb. "id.".
11. Naturellement, notre manège se remarqua. On sut qu’il y avait un gars porté de bon service [écolier qui dépannait pour les devoirs] sous le porche de Saint-Genès. Fradal m’envoya
des clients. (J. Anglade, Le Voleur de coloquintes, 1972, 76.)
12. On s’étonnait qu’après son malheur, qu’après sa déraison des premiers temps, elle
soit redevenue la même. La même, paisible et bonne. Toujours compatissante aux autres
et bienveillante. Toujours portée de bons services. Elle se dévouait, elle se dépensait sans compter. (Cl. Joly, Bonnes gens, 1976, 26.)
II. fam. [Le sujet désigne un inanimé concret] 〈Centre-Ouest〉 faire (du) service loc. verb. "faire de l’usage". Synon. région. profiter*.
13. Elle assurait à Marie que personne n’en verrait le bout, de ses draps de lit et de
ses chemises…
– Et même tes arrière-petites-filles, tiens, je suis sûre que ça leur fera encore service. – […] Savoir si elles en mettront encore, des chemises ! (M. Clément-Mainard, La Foire aux mules, 1989 [1986], 349.) III. 〈Moselle (est), Alsace, Territoire-de-Belfort〉 service ! interj. usuel "(formule de politesse adressée à un interlocuteur qui vient d’exprimer des remerciements)". Stand. de rien ; je vous en prie ; il n’y a pas de quoi.
14. On rencontre même des gens qui répondent au « merci ». Qui disent « Service » ou (à Toulouse) « Avé plaisir ». (A. Vialatte, Profitons de l’ornithorynque, 1991 [1969], 261.)
15. – C’est trente-huit francs les deux cent cinquante grammes, donc soixante-seize francs
le paquet de cinq cents grammes […] ! Service. (Kl. Weihnacht, Rififi au marché de Noël, 1997, 32.)
16. – Je vous remercie, madame, messieurs, fit-il en congédiant les trois compères.
– Est-ce qu’on peut récupérer nos costumes ? […] / – Oui, oui, faites ! Et merci encore. – Service. (Kl. Weihnacht, Rififi au marché de Noël, 1997, 76-77.) ■ remarques. S’entend particulièrement dans les petits commerces.
◆◆ commentaire. Ces divers tours et emplois sont ignorés de la lexicographie générale.
I. La dispersion géographique de ce tour, caractéristique par son refoulement à la grande
périphérie du français central (y compris Suisse romande où il est attesté dep. 1898,
Pierreh), donne à penser qu’il s’agit d’un archaïsme, que l’on peut rattacher à fr.
homme de service "homme qui aime à rendre service" (Est 1538-Bossuet, FEW). L’archaïsme est confirmé par l’usage du tour au Québeca et en Acadie ("convenable, acceptable (d’un animal ou d’un inanimé concret)" PoirierAcadG, qui cite un texte du 16e s. où il s’agit de personnes).
II. Tour limité au Centre-Ouest, sans doute à rattacher à fr. service "utilité, avantages qu’on retire de qqch" (Montaigne, FEW).
III. Fortement implanté dans l’est de la France (et en Suisse romande), où il n’est pourtant
signalé que dep. 1932 (v. WolfFischer) ; par ellipse de frm. (je suis) à votre service (attesté dep. ca 1659 « – Compere, ne vous appelez-vous pas Jean ? – Ouy, Mesdemoiselles, je m’appelle Jean…
à vostre service ! » Tallemant des Réaux, Historiettes, éd. A. Adam, Paris, Gallimard, 1990, t. 1, 454)b.
a Où il est attesté dep. 1896 (FichierTLFQ) et toujours en usage, mais la plupart du
temps en tournure négative (comm. d’A. Thibault).
b Comm. de P. Enckell.
◇◇ bibliographie. (I) Mâcon 1926 être d’un bon service "être serviable" ; BoillotGrCombe 1929 être de service ; MeunierForez 1984 id. ; RézeauOuest 1984 et 1990 id. ; DromardDoubs 1991 et 1997
id. ; RobezMorez 1995 id. « expression courante » ; MichelRoanne 1998 être de bon service « bien connu ». – (II) RézeauOuest 1984 et 1990. – (III) WolfFischerAlsace 1983 ; DSR 1997 ; FEW 11, 544b-545a, servitium.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : I. (être de service) Charente-Maritime, Deux-Sèvres, 100 % ; Vienne, 80 % ; Charente, Vendée, 75 %. – (être de bon service) Eure-et-Loir, 65 % ; Loiret, 20 % ; témoignages épars (Essonne, Seine-et-Marne).
II. Charente, 75 % ; Vienne, 40 % ; Deux-Sèvres, Vendée, 25 % ; Charente-Maritime, 0 %.
III. Bas-Rhin 100 % ; Haut-Rhin 90 % ; Moselle (est) 75 %.
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