tache n. f.
〈Haute-Saône (nord), Doubs, Jura〉 usuel "endroit très localisé où certains végétaux poussent en abondance à l’état naturel ;
en part. endroit où l’herbe d’un pré, plus fournie et plus verte qu’ailleurs, est particulièrement
propice aux champignons (stand. rond de sorcière)". Synon. région. place*.
1. – […] Vous allez voir comment les jaunottes* vont pousser avec ce temps-là. Sûr qu’elles vont être en avance, je suis même prêt
à parier qu’il y en a déjà et j’attends une accalmie pour aller faire un tour dans
le bois « des blaireaux ». Je connais là-bas deux ou trois taches [en note : zone circulaire où poussent certains champignons] de précoces où je suis sûr et
certain de remplir mon panier. (R. Vuillemin, Les Chroniques du « Chat bleu », 1975, 76.)
2. Un autre travail, qui n’avait pas notre faveur à nous les jeunes, mais cependant nécessaire,
était le sarclage des céréales. Losque celles-ci avaient atteint 10 à 20 cm, on y
trouvait mélangés des chardons, qu’il fallait éliminer au moyen du sarcloir. […] Quand
les chardons étaient clairsemés, c’était un plaisir de se promener de l’un à l’autre,
mais si on avait la déveine de tomber sur une grosse « tache », que de coups de sarcloir devait-on donner sans se voir avancer […]. (L . Renoux,
Un village alsacien-comtois aux années vingt, 1984, 124.)
3. […] j’étais de toutes les expéditions y compris celles qui nous conduisaient à la
quête des champignons. Grand-père connaissait toutes les « taches » ou tous les « ronds ». (J. Reyboz, Douceur d’automne, 1984, 82.)
4. Mignovillard / Morilles en gros [titre] / 1998 semble être une bonne année pour les
ramasseurs de morilles, il paraît normal qu’un spécialiste de la forêt fasse une récolte
exceptionnelle. L’ « ami Daniel » est tombé sur une tâche [sic] où il a ramassé quelques [sic] quatre killos [sic] de ces champignons si appréciés des gourmets. (Les Dépêches. Le Progrès, Le Journal du Jura, 11 mai 1998, 19.)
◆◆ commentaire. Caractéristique du français de Franche-Comté, ce sens, par restriction de fr. tache "petit espace de couleur différente dans un ensemble de couleur uniforme", y est attesté dep. 1881 (« une tache de violettes » Beauquier) ; il est aussi documenté en 1923 (« Il connaissait, sous tous les buissons du Grand-Vaux, les moindres “taches” de morilles » Auguste Bailly, La Carcasse et le Tor-cou, dans ColinParlComt 1992). Absent des dictionnaires généraux du français.
◇◇ bibliographie. BeauquierDoubs 1881 ; CollinetPontarlier 1925 ; GarneretLantenne 1959 ; DromardDoubs
1991 et 1997 ; ColinParlComt 1992 ; GrandMignovillard 1977 ; FEW 17, 294a, *taikns.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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