taugnée n. f.
〈Champagne, Ardennes, Lorraine, Franche-Comté〉 fam. "volée de coups". Stand. correction, fam. raclée. – Flanquer une bonne taugnée.
1. – Maintenant, je n’irai pas par quatre chemins : guéris-la, ou je te flanque une taugnée dont tu te souviendras […] ! (H. Vincenot, Le Pape des escargots, 1972, 316.)
2. – Ah ! gouilland [= mauvais sujet], feignant, coquin, quelle taugnée je te flanquerais si je ne faisais pas mon tour de France. (R. Bichet, Contes de Mondon et d’autres villages comtois, 1975, 108.)
3. Le faux spectre reçut alors […] une formidable taugnée [en note : volée de coups]. Et je te bourre et je te cogne. […] De ce jour il n’y eut plus
de fantôme à Gennes [Doubs]. (R. Bichet, Racontottes de Franche-Comté, 1990 [1978], 61.)
4. – Tu pouvais pas le foutre en bas ? […] Ou lui coller une « taugnée ».
– T’en fais pas, il ne l’emportera pas au paradis […]. (A. Nicoulin, Les Prisonniers du bacul, 1987, 30.) 5. […] elle m’a dit que lui, l’ père, c’était les coups d’ pied au derrière, pi les taugnées, y fallait qu’ ça marche qu’elle m’a dit […]. (L. Semonin, La Madeleine Proust, 1990, 142-143.)
6. – Bon Dieu Thomy [= un chien] ! t’ as encore chassé la Fillette hein ! Un d’ ces jours,
j’ vais t’ mettre une de ces taugnées, tu vas t’en rapp’ler […]. (M. Vuillemin, La Mort de Fany, 1994, 82.)
7. Les corrections du maître d’école n’étaient rien à côté des tôgnées que les pi-d’naigres [littéral. "pieds de Nègres", nom donné par l’instituteur aux enfants sales] ramassaient chez eux. (Y. Hureaux,
Bille de chêne, 1996, 110.)
V. encore s.v. vouloir, ex. 2.
■ graphie. En dehors de la graphie retenue en vedette, on relève, à l’époque contemporaine, tognée (ColinParlComt 1992), tôgnée (ici ex. 7 ; DromardDoubs 1991 ; RoquesNancy 1991), tôniée (GrandMignovillard 1977).
◆◆ commentaire. Caractéristique d’une aire orientale de la France, plus vaste que celle de fr. région.
taugner* sur lequel il est dérivé avec le suffixe ‑ée, taugnée n’est pas pris en compte par les dictionnaires généraux. Relevé dep. 1881 dans le
Doubs (« Il lui a donné une fameuse taugnée » Beauquier), il est régulièrement enregistré depuis par la lexicographie régionale.
◇◇ bibliographie. BeauquierDoubs 1881, CollinetPontarlier 1925 ; BoillotGrCombe 1929 ; DoillonComtois
[1926-1936], dans la métalangue s.v. tôgner ; CrouvChampagne 1975 taugnée ; GrandMignovillard 1977 tôniée ; BichetRougemont 1979 ; RobezVincenot 1988 ; DromardDoubs 1991-1997 et RoquesNancy
1991 tôgnée ; TrouttetHDoubs 1991 ; ColinParlComt 1992 tognée ou taugnée « en milieu rural » ; RéginVallage 1992 taûgnée ; TamineArdennes 1992 ; DuchetSFrComt 1993 ; TamineChampagne 1993 ; JacquotChampagney
1998 ; LesigneBassignyVôge 1999 ; FEW 22/2, 153b ‘gifle’.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Ardennes, Doubs, Meuse (nord), Haute-Saône, Territoire-de-Belfort,
100 % ; Aube, Marne, 80 % ; Haute-Marne, 75 % ; Jura, 65 %.
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