tomata n. m.
〈Hérault, Aude, Tarn (Castres), Alpes-Maritimes〉 usuel "sauce résultant de la cuisson concentrée de tomates bien mûres et qui s’utilise fraîche
ou en conserve". Stand. coulis de tomates.
1. Grâce à Matelda, l’épicerie, sans devenir chapelle, se veut autel voué à sainte Rita :
[…] ses images pieuses voisinent ici avec les affichettes de pâtes, de riz en boîte
ou bien de tomata […]. (J. Rouré, Tutti frutti, 1991 [1958], 103.)
2. […] c’était la pleine saison du tomatat, qui commençait en août pour ne s’achever qu’en novembre, parfois. Ce soir-là les
torchons gonflés de pulpe pourpre suintaient au-dessus des bassines dans la souillarde*. […] Et les filets de liquide rose n’en finissaient pas de devenir [= venir] goutte
à goutte dans l’odeur aigre-douce de la purée s’épaississant avec des clics et des
clocs jusqu’au milieu de la nuit. (G. L. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 12.)
3. […] les bouteilles de tomata bien alignées, en train de refroidir avec leur opercule d’huile. (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 67.)
4. Des ragoûts de toutes sortes à base de pommes de terre, pour lesquels ma mère préparait
l’annuel tomata dont casseroles et passoire sortaient brillants comme de l’argent. (M. Rouanet, Nous les filles, 1990, 178.)
V. encore s.v. merlusse, ex. 2 ; souillarde, ex. 16.
□ En emploi métalinguistique.
5. J’ai été surprise de ne pas trouver dans les encyclopédies françaises ce mot de tomata, si connu dans le Midi, et qui tombe à chaque coin de conversation culinaire. Bien
sûr, c’est un mot occitan adapté en français, « toumatat » devient tomata. En français, on dirait « tomatée ». Il s’agit de pulpe concentrée de tomate mise en réserve pour les mois d’hiver. (M. Rouanet,
Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 216.)
■ graphie. La forme la plus usuelle est tomata, sans ‑t final.
■ encyclopédie. Recette dans M. Rouanet, Petit Traité romanesque de cuisine, 1997 [1990], 216-217.
◆◆ commentaire. Transfert adapté d’occ. de même sens (attesté dep. ca 1890 toumatat, à Puisserguier [Hérault], FEW) ; non documenté avant la fin du 20e siècle (mais l’on doit tenir compte de l’introduction relativement récente de la
culture de la tomate), le mot est ignoré de la lexicographie générale et peu pris
en compte dans les relevés régionaux.
◇◇ bibliographie. CampsLanguedOr 1991 tomatat ; pour Castres, témoignage de G. B. ; aj. à FEW 20, 82a, tomatl.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96 : Ø.
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