toupin n. m.
〈Jura (peu employé), Isère (La Mure), Hautes-Alpes, Provence, Gard, Hérault, Aude, Lozère, Dordogne, Lot-et-Garonne,
Gers, Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Lot-et-Garonne, Landes, Gironde〉 rural, vieillissant
1. "pot en fonte ou en terre souvent vernissée, muni d’une queue ou d’une anse, avec couvercle,
et allant au feu (dans la cheminée)". Vieux « toupin » de fonte pendu à la crémaillère (G. Sore, Entre Dune et Bassin en 1900, 1973, [28]). Juste un toupin où faire un peu de soupe (M. Rouanet, Petit Traité romanesque de cuisine, 1997, 332).
1. […] je trouvais cependant mon déjeuner* tout prêt, dans la grand’salle : le pain tendre, le sucrier de verre, et les petits
toupins du lait et du café, qui cuisaient côte à côte, sur la braise de la cheminée recouverte
de cendres tièdes. (H. Bosco, Le Mas Théotime, 1945, 68.)
2. […] le ragoût d’olives, de céleris et de boules de viande hachée qui mijote en chantonnant
dans le « toupin » de terre sous le manteau de la cheminée. (G. Combarnous, Mamette de Salagou, 1973, 5.)
3. […] la soupe en train de bouillir dans le toupin suspendu par la crémaillère au-dessus de la flamme, dans la cheminée. (R. Boussinot,
Jean Chalosse, moutonnier des Landes, 1976, 128.)
4. Il faisait bon devant la cheminée. De temps en temps le couvercle du toupin se soulevait en grelottant. En clapotant[,] l’exquis parfum de la soupe au chou sortait
de la marmite, faisant chanter le souvenir des choses qu’on voudrait ne voir jamais
mourir. (R.-A. Rey, Griotte, 1979, 89.)
5. […] le parfum et le goût des châtaignes cuites dans un toupin avec quatre gouttes d’eau transformées en vapeur dans laquelle baignent trois feuilles
de figuier. (R. Blanc, Clément, Noisette et autres Gascons, 1984, 148.)
6. […] les escargots qu’on mettait à mesure qu’on les trouvait sous un toupin renversé […]. (S. Prou, Le Dit de Marguerite, 1986, 34.)
7. Il découvrit dans le foyer sa braise maigre mais vivante, l’alimenta, fit, dans le
toupin, son café à l’ancienne […]. (M. Mauron, Les Cigales de mon enfance, 1987, 142.)
8. Il devait veiller sur les toupins remplis à ras bord d’un ragoût de mouton aux haricots […]. (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 23.)
9. Elle mettait à bouillir des talendels, ces poireaux sauvages que l’on arrache dans les vignes bien après les vendanges,
et voilà que le toupin lâchait de petits rots de vapeur rassurante et parfumée […]. (G. J. Arnaud, Les Oranges de la mer, 1990, 14.)
10. Sur le rebord de cette cheminée, un toupin rustique trônait, coiffé d’un bouchon grossièrement découpé. (M. Fillol, Petites Chroniques des cigales, 1998, 46.)
V. encore s.v. pieds-paquets, ex. 1 ; tian, ex. 3.
□ Avec un commentaire métalinguistique incident.
11. Le pot-au-feu cuisait dans un « toupin », qui est une marmite en terre avec une queue. On mettait la viande et l’eau devant
le feu, on écumait, puis on garnissait avec des poireaux, carottes, céleri et un oignon
doré sous la cendre. Le tout cuisait lentement, à petit feu, et avait un goût que
l’on ne connaît plus de nos jours. (M.-Th. Chalon, Une vie comme un jour, 1976, 45.)
2. "pot en grès ou en terre, souvent à deux oreilles, utilisé pour conserver des denrées
alimentaires". Le saindoux […] une fois fondu […] était coulé dans des toupins de terre (A.-M. Topalov, La Vie des paysans bas-alpins à travers leur cuisine, de 1850 à 1950, 1986, 31).
12. […] on préparait les confits qui allaient reposer sous la graisse dans les toupins de terre et on faisait les gratons*. Les enfants avaient pour rôle d’abord de récurer sur les os la moindre parcelle de
maigre, puis de touiller la chair hachée dans de grands chaudrons de cuivre […]. / Ce
soir-là, les participants mangeaient ensemble une fricassée* faite avec des morceaux prélevés sur toutes les parties de la bête. Le repas du cochon
[…] était une occasion de goûter le vin de la dernière récolte. (R. Escarpit, Les Voyages d’Hazembat. Marin de Gascogne (1789-1801), 1984, 60.)
13. Il y avait [parmi les taraillettes*] des tians* minuscules (bassines à vaisselle ou plats à gratin, le même mot servant alors pour
le contenant et le contenu) ; […] des toupins (pots à lait ou à sauces*), des gargoulettes. (P. Magnan, L’Amant du poivre d’âne, 1988, 133.)
□ Dans un commentaire métalinguistique incident.
14. Délicieux aussi cous, gésiers, croupions, ailes et cuisses [d’oie] soumis durant quatre
jours et quatre nuits à un régime copieusement salé ; puis le tout mijote dans la
graisse et, cuit à point, est mis en pots, en toupins. C’est le confit. (G. Laporte-Castède, Pain de seigle et vin de grives, 1989, 193.)
— toupin de + subst. désignant le contenu. Voir s.v. tian, ex. 7.
3. fam. sourd comme un toupin "particulièrement sourd". Stand. fam. sourd comme un pot.
15. – […] On tape pas sur une femme, c’est pas beau […].
– Et toi, avec Mireille l’autre jour, tu crois que je t’ai pas vu ? – C’était par plaisanterie, et… – On l’a entendue jusqu’à la Belle-de-Mai, ta plaisanterie, et Mireille, elle est restée pendant huit jours sourde comme un toupin. (P. Cauvin, Rue des Bons-Enfants, 1990, 33-34.) ■ variantes. rural, vieillissant
1. toupi n. m. et toupie n. f.
a) 〈Gard, Aude, Pyrénées-Orientales, Ariège, Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Lot,
Aveyron, Lozère, Limousin, Dordogne, Pyrénées-Atlantiques, Gironde〉 toupi n. m. « J’ai mis un toupi d’eau sur le feu […] » (G. de Lanauve, Anaïs Monribot, 1995 [1951], 141) ; « Le congélateur relègue au grenier ou chez l’antiquaire les toupis qui ont survécu » (SabourinAubusson 1983) ; « – Là, ce sont les assiettes, les verres, les toupis [en note : les pots] » (S. Pesquiès-Courbier, La Cendre et le feu, 1984, 89) ; « La fabrication des “toupîs” de Garos [Pyrénées-Atlantiques] est attestée depuis le xive siècle […] » (Sud-Ouest, éd. Béarn et Soule, 13 novembre 1999, 26). □ Avec un commentaire métalinguistique
incident. « Les confits […] cuits dans la graisse de l’animal et conservés dans des pots de grès
que l’on appelle des toupis » (F. Dupuy, L’Albine, 1977, 210) ; « […] les “ toupis” ou pots sous la cheminée » (F. Buffière, « Ce tant rude » Gévaudan, 1985, 1592) ; « lorsque je lui rendais visite à l’occasion des congés scolaires, la mémé m’en [= châtaignes]
préparait de pleins toupis, ces grosses marmites ventrues de fonte noire qu’elle posait sur un feu de bois, dans
le cantou* » (M. Peyramaure, Un monde à sauver, 1996, 181). – Transfert d’occ. toupi, de même sens (Sauvages 1756). NouvelAveyr 1978 ; DuclouxBordeaux 1980 ; SabourinAubusson
1983 et 1998 ; TuaillonRézRégion 1983 (Périgord) ; SuireBordeaux 1988 et 2000 ; CampsLanguedOr
1991 (Aude) ; BoisgontierMidiPyr 1992 ; ChaumardMontcaret 1992 ; MazodierAlès 1996 ;
TLF « Limousin, Sud-Ouest ».
b) 〈Hautes-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques, Gironde, Landes〉 toupie n. f. (BoisgontierAquit 1991). – Rob 1985.
2. topin n. m. 〈Haute-Savoie, Savoie, Loire (Roanne)〉 « Parmi ces récipients figuraient des topins, des petites jarres, des saladiers et une grande bassine » (A. Durand-Tullou, Le Pays des asphodèles, 1991 [1989], 143) ; « – […] Nous faisons de la poterie savoyarde : des pichets […], des bols, des saladiers
[…], des assiettes à soupe, des taupins [sic] (qui servent à tout) » (Témoignage recueilli à Marnaz, Haute-Savoie, dans J.-N. et Ph. Deparis, La Place du village, 1998, 88). – GuichSavoy 1986 ; GagnySavoie 1993 ; MichelRoanne 1998.
3. tupin n. m. 〈Lorraine (centre), Haute-Savoie, Savoie, Ain, Loire, Isère〉 "récipient en fonte (stand. marmite, chaudron) ou en grès (stand. pot), à usages domestiques divers". Dans une comparaison. « Ma belle-mère, elle est sourde comme un tupin » (PlaineEpGaga 1998). – La forme tupin est attestée en afrpr et dans le français du Lyonnais et du Dauphiné dep. le 15e siècle, ainsi qu’en Lorraine dep. le 16e s. ; enregistrée dans Cotgr 1611, d’après une source réginale, elle n’a jamais pénétré
le fr. standard (v. Chambon MélHöfler 171-172). PuitspeluLyon 1894 ; DornaLyotGaga
1953 ; RLiR 42 (1978), 186 (Savoie, Isère, Ain) ; TuaillonSurv 1983, 20 ; GononPoncins
1984 ; MartinPellMeyrieu 1987 ; BlancVilleneuveM 1993 « usuel » ; VurpasLyonnais 1993 ; MichelRoanne 1998 « peu attesté » ; PlaineEpGaga 1998 « presque disparu » ; témoignage d’A. Litaize pour la Lorraine ; tupin est également parfois utilisé dans le sud-est de la Wallonie (surtout chez les aînés),
même s’il est ressenti comme dialectal (comm. de M. Francard ; cf. PohlBelg 1950) ;
FEW 17, 347b, *toppin.
△△ EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (toupi "récipient pour la cuisson") Ariège, Aveyron, Lot, Tarn, 100 % ; Haute-Garonne, 75 % ; Corrèze, Tarn-et-Garonne, 65 % ; Creuse, 55 % ; Dordogne, 50 % ; Haute-Vienne, 40 %. (toupi "récipient pour la conserve") Haute-Vienne, 85 % ; Corrèze, 75 % ; Creuse, 70 % ; Dordogne, 60 %. (toupie) Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, 100 % ; Landes, 30 % ; Gironde, 10 % ; Gers, Lot-et-Garonne, 0 %. ◆◆ commentaire. Type lexical attesté en aocc. dep. ca 1220 (toupi Lv, FEW), dont les attestations anciennes en français sont essentiellement d’une
vaste aire orientale (dep. 1318, Gdf s.v. tupin), et qui n’a survécu sous diverses formes que dans la partie méridionale de la France.
Entré dans la lexicographie générale avec Cotgr 1611 (tupin), le mot n’a qu’un statut précaire dans le français de référence, où Rob 1985 est le
seul dictionnaire à le donner sans marque : GLLF « dialect. », qui cite Bosco (ici ex. 1), en le tronquant ; TLF « région. (notamment Provence) », avec exemple de Bosco (ici ex. 1) ; il est absent de NPR 1993-2000 et Lar 2000 ne
donne que le sens « Suisse. Grosse cloche de vache au son grave » (cf. DSR 1997). L’emploi 3 est attesté dep. 1902 (ConstDésSav).
◇◇ bibliographie. ReynierMars 1829 "petit pot" ; GabrielliProv 1836 ; PépinGasc 1895 ; ConstDésSav 1902 ; JoblotNîmes 1924 ; BrunMars
1931 ; GonthiéBordeaux 1979 ; DuclouxBordeaux 1980 ; GermiLucciGap 1985 « usuel » ; BouvierMars 1986 ; MartelProv 1988 ; DucMure 1990 ; BessatGerMtBl 1991 "pot à lait" ; BlanchetProv 1991 ; BoisgontierAquit 1991 ; CampsLanguedOr 1991 « partout » ; RobezMorez 1995 « peu employé » ; GermiChampsaur 1996 ; BouisMars 1999 ; SuireBordeaux 2000 ; Chambon MélHöfler = TraLiPhi
35/36 (1997), 171-172 ; FEW 17, 347b-348a, toppin.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : (1 et 2) Aude, 100 % ; Gard, 90 % ; Lozère, 85 % ; Hérault, Var, 80 % ; Hautes-Alpes, 75 % ;
Vaucluse, 65 % ; Gironde, 60 % ; Landes, 55 % ; Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées,
50 % ; Bouches-du-Rhône, 40 % ; Alpes-Maritimes, 35 % ; Alpes-de-Haute-Provence, 30 % ;
Lot-et-Garonne, 20 % ; Gers, 0 %.
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