touron ou tourron n. m.
〈Surtout Pyrénées-Orientales, Pyrénées-Atlantiques〉 "confiserie aux amandes (ou noisettes, pignons ou cacahuètes), souvent enrichie de
divers ingrédients et agrémentée de fruits secs ou de fruits confits, dont la composition,
la texture et la présentation varient selon les lieux et les types de fabrication".
1. […] les tourons catalans avec du miel et des noisettes (ou des amandes, ou des pignons, ou des fruits
confits) […]. (Pays et gens de France, n° 64, les Pyrénées-Orientales, 13 janvier 1983, 3e de couverture.)
2. Dans toutes les familles, rurales ou citadines, il est d’usage d’offrir des tourons avec les autres desserts pour les repas de Noël, en considérant toutefois que les
tourons sont des confiseries de choix. […] Les tourons sont tellement associés à ces fêtes que tout Catalan exilé ou éloigné momentanément
de son pays natal se fera envoyer un colis de tourons assortis pour Noël. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Languedoc-Roussillon, 1998, 115.)
V. encore s.v. rousquille, ex. 1.
— Emploi non-comptable ou générique. Du touron catalan (G. J. Arnaud, Les Moulins à nuages, 1988, 143).
3. Comment est-il arrivé à Bayonne ? Le sait-il lui-même ? Il vit maintenant dans une
ville qui sent le jambon frit, l’alose et le laurier, le touron, le chocolat mousseux. (J. Cayrol, Les Châtaignes, 1986, 45.)
4. […] notre célèbre touron […], soit le touron aux pignes [= pignons], soit le touron noir, farci aux amandes… (A. Conte, Au village de mon enfance, 1994, 188.)
5. Le touron est produit toute l’année au Pays basque par une dizaine de maisons […]. (L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Aquitaine, 1997, 84.)
V. encore s.v. rifle, ex. 2.
□ En emploi métalinguistique.
6. On ne sait pas si le mot « Touron » vient du latin « torrere » – faire griller – ou du nom de P. Torro, confiseur catalan du 17e siècle, célèbre pour ses recettes de Touron. (Sur un emballage du produit, fabriqué à Perpignan, Pyrénées-Orientales, 1998.)
■ graphie. La graphie tourron (v. Le Monde, 5 juillet 1995, 19) est moins usuelle.
■ encyclopédie. V. L’Inventaire du patrimoine culinaire de la France. Aquitaine, 1997, 84-86 ; id. Languedoc-Roussillon, 1998, 112-116. Recette du « Touron de Limoux » dans A. Bonnaure, La Cuisine rustique. Languedoc, 1971, 205.
◆◆ commentaire. Attesté dep. 1595 (toron, TLF)a. Emprunt à l’esp. turrón, de même sens (dep. 1423, Colon MélGardette 1966, 105, TLF). Pris en compte dans les
dictionnaires généraux avec mention de son origine (GLLF "sorte de pâtisserie originaire d’Espagne" ; TLF "confiserie d’origine espagnole" ; Lar 2000 "d’origine espagnole") ou sans mention de cette origine et sans aucune marque, comme si le terme était
de la dernière banalité dans la langue (Rob 1985 et NPR 1993-2000). En fait, touron n’est d’usage courant que dans une petite aire du Sud-Ouest, la vente du produit
par la grande distribution étant trop récente pour que le terme soit véritablement
diffusé, comme en témoigne sa rareté dans Frantext (deux occurrences, dans des énumérations où le mot a une connotation de xénismeb) et dans les exemples donnés par les dictionnaires contemporains.
a Cette attestation devrait mettre fin à l’incertitude exprimée ici dans l’ex. 6.
b « […] vermicelles bouclés de Gênes, lazagnes ou yeux-de-loup de Naples […], cerises
au marasquin et tutti frutti, touron de Crémone et dragées de Turin » (P. Morand, Londres, 1933) et « […] les enfants se régalaient […] de touron espagnol, de Marzipan allemand, de pudding anglais, de panettone italien » (M. Tournier, Le Vent Paraclet, 1977).
◇◇ bibliographie. 1874 (« Le miel roux qu’on récolte en août et septembre [dans les Pyrénées-Orientales] sert
à la fabrication des nougats ou tourrons » Primes d’honneur, 773) ; « les tourrons sont bien bons », lettre non datée d’un poilu du Sud-Ouest, dans G. Bacconnier et al., La Plume au fusil, 1985, 34) ; LambertBayonne 1928 ; LarGastr 1938 ; CampsRoussillon 1991 ; FEW 13/2, 109a, torrere.
△△ enquêtes. EnqDRF 1994-96. Taux de reconnaissance : Pyrénées-Orientales, 100 %.
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